30-04-2024 08:35 AM Jerusalem Timing

L’Argentine reste sous la menace d’une faillite face aux fonds "vautours"

L’Argentine reste sous la menace d’une faillite face aux fonds

Elle risque le pire: la saisine de ses comptes à la banque de New York

L'Argentine reste sous la menace d'un nouveau défaut sur sa dette à l'approche du jugement de la justice américaine, saisie par deux fonds "vautours", et en dépit d'une ultime proposition de compromis présentée par Buenos Aires, selon des analystes.
  
Depuis plusieurs années, les fonds spéculatifs NML Capital et Aurelius réclament au pays le remboursement de 1,3 milliard de dollars de titres de dette qu'ils détiennent et sur lesquels l'Argentine a fait défaut en 2001.
  
Condamnée en première instance et en appel fin 2012 par la justice new-yorkaise, Buenos Aires a obtenu un sursis et proposé la semaine dernière un ultime compromis: offrir à ces deux fonds un remboursement partiel, aux conditions similaires à celles acceptées en 2005 et 2010 par 93% des créanciers du pays, au prix d'une forte décote.
  
Dans l'attente d'une réponse des fonds vautours, qui doit venir d'ici au 22 avril, plusieurs experts prédisent une sombre issue pour le pays qui risque gros en cas de jugement défavorable.
"Pour nous, la grande question reste de savoir si (le tribunal) va contraindre à faire faillite ou non", explique à l'AFP Gabriel Torres, analyste en chef à l'agence de notation financière Moody's.
  
En cas de condamnation, l'Argentine pourrait en effet être contrainte de payer les fonds vautours en même temps que les créanciers ayant accepté la restructuration et aurait ainsi bien du mal à faire face à cette double obligation.
  
La justice pourrait même décider de saisir les comptes de l'Argentine à la Banque de New York, qui ont jusque-là servi à payer les créanciers plus accommodants et qui pourraient alors être utilisés pour rembourser les fonds vautours.
  

Ce serait "le pire scénario pour l'Argentine", estime M. Torres.
  
Selon l'économiste Arturo Porzecanski de l'Université de Washington, il ne fait aucun doute que la Banque de New York sera intégrée à plus ou moyen terme au règlement du contentieux. "L'Argentine gagne du temps mais elle ne résout pas ses problèmes", dit-il à l'AFP.
  
Pessimisme
  
Un rapport du cabinet Shearman & Sterling, qui a suivi le dossier de très près, partage le même pessimisme, jugeant que l'offre argentine pourrait difficilement être considérée comme un "élément suffisant" pour que les juges reviennent sur leur décision.
 "Le tribunal a déjà dit assez clairement qu'il ne contraindrait pas les requérants à accepter une restructuration", indiqué ce rapport.
  
Directeur exécutif de la banque JPMorgan Chase, Vladimir Werning pense lui aussi que les juges d'appel n'accepteront pas une "simple copie conforme" de l'offre faite aux créanciers de l'Argentine en 2010.
 "Nous ne pensons pas que les juges vont accepter la restructuration forcée que propose l'Argentine", soutient-il.
   M. Torres, de Standard and Poor's, esquisse un scénario intermédiaire d'une décision défavorable au gouvernement de Cristina Kirchner, qui ne mènerait toutefois pas à une banqueroute du pays.
   "L'Argentine pourrait être contrainte à payer sans que la Banque de New York ne soit mise à contribution (...) Cela serait positif à court terme parce que cela éviterait une faillite", souligne-t-il.
  
En cas de condamnation, les autorités argentines auraient également la possibilité de saisir la Cour suprême des Etats-Unis, sans aucune certitude toutefois qu'elle accepte de se saisir du dossier ou que ce recours suspende l'exécution du jugement.