29-03-2024 04:45 PM Jerusalem Timing

L’immunothérapie continue à faire reculer le mélanome

L’immunothérapie continue à faire reculer le mélanome

Un cancer agressif de la peau

Encore désarmés il y a quelques années contre le mélanome, cancer très agressif de la peau, les cancérologues continuent à marquer des points contre cette maladie grâce à l'immunothérapie, selon les résultats de trois nouveaux essais cliniques publiés lundi.
   
Le premier indique une réduction de 25% du risque de récurrence d'un mélanome avancé avec le traitement Yervoy (Ipilimumab) comparativement à un placebo. Cet anticorps du laboratoire Bristol-Myers Squibb agit en stimulant le système immunitaire pour attaquer les cellules cancéreuses.
   "Il s'agit d'une thérapie prometteuse car nous avons observé moins de réapparition du cancer parmi les patients qui ont un risque élevé de rechute" après un traitement chirurgical, a souligné le professeur Alexander Eggermont, directeur général du centre du cancer Gustave Roussy à Paris qui a dirigé cette étude présentée à la conférence annuelle de l'American Society of Clinical Oncology (ASCO) réunie à Chicago.
   
"Cet essai clinique avec l'Ipilimumab, est le premier à montrer que nous pouvons peut-être donner ces nouveaux agents d'immuno-thérapie plus tôt dans le cours de la maladie quand ils peuvent être plus efficaces et potentiellement guérir plus de malades", a-t-il expliqué.
   
L'Ipilimumab a été autorisé par la Food and Drug Administration (FDA), l'agence américaine des médicaments, pour traiter des malades atteints d'un mélanome métastatique inopérable.
   
Et cet essai clinique de phase 3 est le premier à montrer que ce traitement d'immunothérapie est également efficace à des stades moins avancés du cancer, soulignent les chercheurs.
   
Dans cette étude, la moitié des 951 participants a été traitée avec l'Ipilimumab et l'autre partie avec un placebo. Un grand nombre de ces patients avaient un risque élevé de récurrence de leur mélanome qui s'était propagé dans leurs ganglions lymphatiques, note ce chercheur.
   
Trois ans après le début du traitement, le taux de survie sans résurgence du cancer était de 46,5% dans le groupe traité avec l'Ipilimumab contre 34,8% dans la cohorte du placebo, soit une réduction du risque de 25%.
   
  

Effets secondaires "considérables"
   
   
 Mais soulignent les chercheurs, les effets secondaires ont été "considérables", provoquant cinq décès pendant l'étude et forcé 52 participants à arrêter le traitement.
 Les participants ayant terminé l'étude continueront à être suivis pour évaluer leur survie globale.

Un second essai clinique de phase 1 avec 411 malades souffrant d'un mélanome invasif montre qu'une très grande partie a eu un taux de réponse durable à l'anticorps MK-3475 (Lambrolizumab) du laboratoire américain Merck qui stimule le système immunitaire de façon différente que le Yervoy.
   
Dans ce groupe, le taux de survie globale après un an était de 69% et le cancer a répondu au traitement chez 34% des participants.
"Ce sont des données très préliminaires mais elles nous indiquent déjà qu'il s'agit d'une réponse très importante", a commenté le Dr Antoni Ribas, professeur de médecine à l'Université de Californie à Los Angeles, qui a conduit cet essai clinique.

Il a toutefois indiqué que 8% des participants avaient eu des effets secondaires sévères mais que seulement 4% ont arrêté le traitement.
L'agent d'immunothérapie MK-3475 a été désigné comme une percée thérapeutique en mai par la FDA pour traiter le mélanome métastatique dans le cadre d'un programme d'approbation accélérée de ce type de médicament.
   
Les résultats d'un troisième essai clinique avec 94 malades souffrant d'un mélanome inopérable a montré qu'une combinaison de deux anticorps du laboratoire américain Bristol-Myers Squibb --le Yervoy et le Nivolumab-- a permis une survie sans précédent pour de tels malades de trois ans et demi, soit un doublement comparativement aux précédentes études menées avec chacun de ces médicaments.
"Il y a encore peu, la durée médiane de survie des malades diagnostiqués d'un mélanome avancé était à peine d'une année ou moins et seulement de 20 à 25% survivaient deux ans", souligne le Dr Mario Sznol, un cancérologue à la faculté de médecine de l'Université Yale qui a mené cette étude clinique de phase 1.
 "C'est vraiment remarquable de voir que dans cet essai clinique les patients survivent plus de trois ans", souligne-t-il.
   
Le cancérologue note aussi que la durée médiane de survie est actuellement de 16 à 18 mois avec tous les nouveaux anticorps pris seuls.
"Bien que nous soyons encouragés par les résultats des deux anticorps combinés, il s'agit d'une petite étude et un essai clinique plus étendu de phase 3 est nécessaire pour valider ces résultats", juge le Dr Sznol.