09-05-2024 08:17 PM Jerusalem Timing

Nabil Rajab : le Bahreïn est devenu une dictature

Nabil Rajab : le Bahreïn est devenu une dictature

Il a appelé la communauté internationale à sanctionner son pays. Al-Wefaq a diffusé les chiffres des exactions commises par le régime bahreïni pour le mois de mars.

Le militant bahreïni des droits de l'Homme Nabil Rajab a appelé mercredi, depuis Genève, la communauté internationale à sanctionner son pays, estimant que le Bahreïn était devenu une "dictature".
  

M. Rajab, président du Centre des droits de l'Homme à Bahreïn et secrétaire général adjoint de la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH), a retrouvé la liberté le 24 mai après avoir purgé une peine de prison de deux ans pour participation à des manifestations non autorisées.
   
En deux ans, la situation au Bahreïn "est devenue bien pire", a-t-il déclaré à Genève, lors de sa première conférence de presse depuis sa libération.
"Beaucoup de lois ont été créées, des mesures ont été prises et ont transformé le système en une dictature", a-t-il affirmé, soulignant qu'il y avait dans son pays entre 3.000 et 4.000 prisonniers politiques pour environ 700.000 habitants.
"Je suis venu pour exhorter toutes les nations civilisés à prendre des mesures contre mon pays (...), peu importe les relations commerciales qu'ils ont avec mon pays", a-t-il poursuivi.
   
M. Rajab a estimé que "des pays démocratiques comme le Royaume-Uni, la France et les pays de l'Union européenne (UE) devaient prendre des positions plus fermes" vis-à-vis du Bahreïn.

Il a par ailleurs indiqué qu'il a prévu de se rendre ces prochains jours à Paris, ainsi que dans des pays scandinaves. Par la suite, il souhaite rentrer dans son pays même s'il sait qu'il peut être à nouveau arrêté et emprisonné.
   
Bahreïn, petit pays du Golfe dirigé par la dynastie sunnite des Al-Khalifa depuis près de deux siècles, est secoué depuis février 2011 par un mouvement de contestation, animé par la majorité de la population qui réclame des réformes politiques.

Et la révolution continue


Ce mouvement de contestation persiste en dépit de la répression exercée par le régime qui ne ménage aucun moyen pour l'avorter.


Le mois de mai dernier, 671 mouvements de contestations ont été répertoriés dans différentes localités et villages bahreïnis, dont 169 qui ont été réprimés par les forces de sécurité qui ont utilisé des gaz lacrymogènes et ont tiré des balles de chevrotine sur les manifestants, blessant 52 d’entre eux.
 

Ces chiffres ont été rendus publics dans le cadre d’une étude sur les exactions et la répression exercées par le régime bahreïni, par l’Association al-Wefaq, principale organisation de l’opposition bahreïnie qui réclame des reformes politiques dont l’instauration d’une monarchie constitutionnelle.

Selon le vice-président du bureau des droits de l’Homme de cette organisation, Hussein Sahwane, durant le mois de mai 186 bahreïnis ont été condamnés à des peines de prison, dont 15 à perpétuité et 45 à  15 ans.

Adolescents et jeunes dans le collimateur

Dans le collimateur du régime sont particulièrement visés les adolescents et les jeunes bahreïnis.

Sahwane a cité l’assassinat de Mahmoud Mohsen (14 ans),  abattu le 21 mai dernier d’une balle de chevrotine dans la poitrine et les deux jambes.

Il participait à un rassemblement pour protester contre l’assassinat d’un autre jeune bahreïni, Fayçal Mahdi, (19 ans) abattu dans des circonstances mystérieuses, lorsque les forces de l’ordre du régime ont ouvert le feu contre lui.

Force est de constater que le régime bahreïni excelle dans la fabrication de faux alibis ou raisons pour justifier ou expliquer la mort de ces jeunes.
A cet égard, l’étude rappelle le cas d’un jeune bahreïni de 27 ans,  Abdel Aziz al-Abbar tué depuis le mois d’avril dernier, et dont le cadavre est toujours confisqué par le régime.

 

Mort au bout de 55 jours d’hospitalisation, les autorités bahreïnies ont menti sur les causes de sa mort, arguant qu’il a succombé à une interruption de la circulation sanguine !!

 

Un enfant de 9 ans condamné

 

Mais le comble s’est illustré par les accusations attribués à  l’enfant de 11 ans Jihad Samie, séquestré pendant 7 jours, renouvelés 7 jours de plus : agression contre le corps d'un policier, endommagement de deux véhicules du ministère de l’intérieur, participation à des manifestations et émeutes, et acquisition de produits inflammables (cocktail Molotov).

 

Selon l’avocate de l’enfant Samie, « ces accusations ne peuvent être admises, compte tenu du bas âge de son client et de sa petite stature ».  

 

 

Samie faisait partie des 9 enfants qui ont été arrêtés durant ce mois de mars, et qui s’ajoutent aux 129 autres arrestations, dont une femme. 73 d’entre eux ayant été perpétrés durant les perquisitions dont le nombre s’est élevé à 271, un pic depuis l’éclatement du mouvement de contestation.

Sont également répertoriés dans l’étude 169 cas de punitions collectives qui s’ajoutent aux 11 cas de tortures et de maltraitance et aux 25 cas de destructions de biens privés.   

 

Avec AFP + Communiqué d’al-Wefaq