01-05-2024 11:56 PM Jerusalem Timing

Que révèle la nouvelle loi chinoise sur la lutte contre l’espionnage ?

Que révèle la nouvelle loi chinoise sur la lutte contre l’espionnage ?

Le système chinois de contre-espionnage comprend plusieurs structures qui sont formellement indépendantes les unes des autres..



 Le nouveau projet de loi chinois sur la lutte contre l’espionnage constitue une version améliorée de la loi sur la sécurité publique. Toutefois, cette nouvelle loi reflète des changements au sein du système étatique chinois et de l'approche chinoise sur les questions de sécurité nationale, souligne l’expert du Centre d’analyse des stratégies et des technologies Vassili Kachine.

La modification du nom de la loi est liée de toute évidence à la remise en question du concept de sécurité nationale et à la création d’une nouvelle structure d’Etat – le Conseil de la sécurité nationale, qui ressemble par ses fonctions aux structures d’autres pays. Cependant cette loi contient aussi d’autres dispositions importantes. Elle met notamment un accent particulier sur la coordination étroite et la participation de toutes les structures de l’Etat et de la société au travail de contre-espionnage.

Du point de vue des actes règlementaires, cela devrait se concrétiser par l'émergence de toute une série de nouvelles règles et de règlements relatifs aux questions de coopération entre les différentes autorités chargées de contre-espionnage. Dans la Chine actuelle, la structure d’interaction entre ces structures est beaucoup plus compliquée que dans la Russie actuelle ou dans d’autres pays de l’ex-URSS.

Le système chinois de contre-espionnage comprend plusieurs structures qui sont formellement indépendantes les unes des autres, notamment un certain nombre de sous-divisions du ministère de la Sécurité Publique (PSB), du ministère de la Sécurité Nationale, la direction principale du contrôle politique de l'Armée populaire de libération (APL) et d'autres ministères. En même temps un certain nombre de fonctions entre les différents organes politiques ont été conservées. Il est évident que l’un des objectifs clés de l’adoption de la nouvelle loi, c’est la cohérence entres les structures de contre-espionnage.

En prenant en compte l’importance croissante du rôle de l'intelligence technique et du rôle d'Internet dans la collecte de données secrètes ou sensibles, le projet de loi mentionne expressément la nécessité d'une interaction entre la sécurité du gouvernement avec d'autres organismes en ce qui concerne l'élaboration des normes pour les différents types d’équipement spécial. De toute évidence, le PSB et le ministère de la Sécurité Nationale vont renforcer leur rôle dans la normalisation et l'homologation de l’équipement de télécommunications et du matériel informatique.

Enfin, de nombreux droits et pouvoirs dont étaient dotés les organes de contre-espionnage dans le domaine de lutte contre l’espionnage (détention, perquisitions, gel de fonds, etc.), et dont l’utilisation était réglementée par divers règlements, sont désormais inscrits dans la nouvelle loi. Les organismes de la sécurité nationale possèdent désormais des bases légales pour la mise en œuvre de leurs activités, et leur statut est affirmé.

Récemment, les autorités chinoises attachent une importance croissante aux problèmes de lutte contre l’espionnage. La RPC, qui devient la seconde puissance mondiale et un grand rival géopolitique des États-Unis, se transforme de plus en plus en objet d'attention des services de renseignement étrangers. Et peu à peu, l’échelle de la « guerre secrète » est en train de s’agrandir. Le rôle de l'espionnage cybernétique, ainsi que des problèmes de contrôle, liés à la diffusion d'informations sensibles sur Internet, deviennent un problème aigu.

Le « thème d'espionnage » pourrait donc devenir un facteur de tension dans les relations entre la RPC et l’Occident à la manière des relations américano-soviétiques. Les accusations envers la Chine concernant le cyber-espionnage américain sont déjà exprimées au plus haut niveau par les Américains. Pour l’instant, la Chine n’a pas encore fait de revendications claires sur ce problème, mais cela risque de ne pas tarder.

 

La voix de la Russie