02-05-2024 07:17 PM Jerusalem Timing

L’acte d’accusation du TSL: histoire de fuites et de politisation

L’acte d’accusation du TSL: histoire de fuites et de politisation

Depuis 2005, les fuites parues dans la presse occidentale et arabe montraient que le tribunal international est politisé depuis sa création

 Quelques jours après la fin de la guerre israélienne contre le Liban en 2006, plus précisément le 18 aout, le journaliste français George Malbrunot a publié un article dans le quotidien Le Figaro sous le titre : « L’ombre du Hezbollah sur l’assassinat de Hariri ». Dans cet article, l’un des proches de Saad Hariri a assuré que l’enquête internationale, dirigée par Serge Brammertz, va incriminer le Hezbollah dans le meurtre de Rafic Hariri.

Soudainement donc, et après un an d’accusations et de pressions internationales contre la Syrie, l’enjoignant à respecter les résolutions de la communauté internationale et à collaborer pour dévoiler les auteurs de l’attentat, un article de presse souligne un changement de cap dans l'enquête du  tribunal spécial pour le Liban.

En effet, le chef des enquêteurs de l’ONU Detlev Melhis avait publié en octobre 2005 un rapport dans lequel il a précisé que l’assassinat de Rafic Hariri était « impossible sans l’approbation de hauts responsables sécuritaires syriens, et sans l'aide de leurs collègues dans les services de sécurité libanais ».

Dans le cadre de ce changement, l’ancien Premier ministre libanais Saad Hariri a présenté des excuses aux Syriens, reconnaissant  qu’il s’agissait d’accusations purement politiques !

Commentant les raisons de ce changement de positions, le professeur en sociologie à l’université libanaise Tallal Atrissi s’est dit s’attendre  à ce que Saad Hariri accuse ouvertement cette fois la Syrie et le Hezbollah. Selon lui, « la première accusation de la Syrie n’était pas fondée sur des preuves solides, et qu’elle visait à casser la chaine entre le Liban et la Palestine d’une part, et le Liban et l’Iran de l’autre ».
 
 
Après trois ans à la publication de l’article dans Le Figaro, et quelques jours avant les élections parlementaires libanaises le 7 juin 2008, la revue allemande Der Spiegel a publié un deuxième rapport sur l’implication du Hezbollah dans l’assassinat de Rafic Hariri.
Dans ce rapport, le journaliste Eric Folath a repris les données mentionnées par son homologue Malbrunot, tout en citant les noms des plus hauts responsables sécuritaires et militaires du Hezbollah, comme le dirigeant Imad Moghniyé.

Le journaliste allemand a déduit que le Président Bachar elAssad est définitivement exempté de toute responsabilité dans l’assassinat.
« Il était impossible que la Syrie se retire du Liban sans cette accusation d’implication dans l’assassinat de Hariri. Quant à Saad Hariri et la coalition du 14 mars, ils avaient pour objectif d’affaiblir le rôle de la Syrie. Mais après la guerre de juillet 2006, les relations syro-saoudiennes et syro-occidentales se sont nettement améliorées, pour cette raison, on a commencé à pointer de doigt le Hezbollah », indique le professeur Atrissi.


Ensuite la CBC canadienne a repris les accusations contre le Hezbollah, prétendant le 21 novembre que l’officier dans les forces de sécurité Wissam Eid a découvert un réseau d’appels téléphoniques libanais qui incrimine le Hezbollah. De plus, plusieurs articles arabes et occidentaux ont été publiés en ce sens, se basant sur des fuites d’informations du tribunal international pour le Liban.


« Si l’enquête internationale émanait d’un tribunal neutre, ce dernier n’aurait permis aucune fuite. Ce tribunal avait pour obligation de recueillir les preuves et ensuite de déclarer l’acte d’accusation. L’objectif de ces fuites était de tester la réaction. La publication de l’acte d’accusation était prévue conjointement avec la formation du gouvernement. Et lorsque la formation du cabinet ministériel a tardé, l’acte d’accusation a été reporté. Donc, l’acte d’accusation dépend fortement des développements politiques ».


 A chaque fois, les enquêteurs du tribunal se contentaient de refuser tout commentaire des informations citées, et insistaient sur la nécessité de respecter le caractère secret des enquêtes, qui changeaient leurs données selon le jeu politique international et la volonté des grandes puissances de faire pression sur une quelconque partie!