29-04-2024 01:02 AM Jerusalem Timing

Les dirigeants afghans à Washington à la veille de la "saison des combats"

Les dirigeants afghans à Washington à la veille de la

Cette visite est considérée comme cruciale pour relancer des relations américano-afghanes qui s’étaient largement détériorées sous le prédécesseur de M. Ghani, Hamid Karzaï

Le président afghan Ashraf Ghani et son chef de l'exécutif Abdullah Abdullah se rendent ce weekend à Washington où ils aborderont notamment la question de la réconciliation avec les talibans, à la veille de la "saison des combats".
   
Au moment où plusieurs provinces afghanes vivent les prémices de la première saison des combats sans les forces de l'Otan, les efforts diplomatiques pour créer les conditions nécessaires à des pourparlers de paix avec les talibans se multiplient.
   
MM. Ghani et Abdullah partent samedi de Kaboul pour un voyage officiel de quatre jours à Washington, où M. Ghani doit s'exprimer devant les deux chambres du Congrès réunies, puis à Camp David et New York.
   
Avant ce déplacement, M. Ghani s'est rendu en Arabie saoudite cette semaine, tandis que M. Abdullah se trouvait en Inde pour tenter d'obtenir un "consensus régional", selon des responsables afghans, sur le projet de réconciliation afghane.
   
Dans ce contexte, les dirigeants afghans vont chercher à Washington un soutien renouvelé, affirme une source proche du gouvernement de Kaboul. "Le président Ghani pourrait vouloir agir maintenant pour faire autant de progrès que possible avant le début de la saison des combats", estime une source diplomatique occidentale.
   
La visite comprend également un volet économique. "L'aide financière à l'Afghanistan est prévue et sécurisée jusqu'à 2017, mais elle doit encore être prévue pour les cinq années suivantes, et ce soutien est crucial pour l'avenir de notre économie", a expliqué à l'AFP un haut responsable afghan.
   
Cette visite est considérée comme cruciale pour relancer des relations américano-afghanes qui s'étaient largement détériorées sous le prédécesseur de M. Ghani, Hamid Karzaï. Ce rapprochement sera le "premier objectif", a expliqué à l'AFP Javid Faisal, un porte-parole de M. Abdullah.
 
 

'Etablir un processus de paix'
 

Depuis son arrivée au pouvoir en septembre, M. Ghani a mis l'accent sur l'amélioration des relations avec le Pakistan voisin, un partenaire clé dans le processus de paix, ce que son prédécesseur s'était refusé à faire.
   
Ces dernières années, le Pakistan a souvent été accusé d'instrumentaliser les talibans afghans, dont il est historiquement proche, pour contrer l'influence de son rival indien en Afghanistan.
   
Kaboul estime avoir donné récemment au Pakistan des gages de sa volonté de travailler avec lui en menant à sa demande des opérations contre les rebelles talibans pakistanais, ennemis d'Islamabad, réfugiés sur son sol.
"En échange, nous attendons d'Islamabad qu'il pousse les talibans afghans à négocier la paix avec notre gouvernement", a expliqué à l'AFP un haut responsable afghan.
"Nous sommes plus optimistes sur ce point aujourd'hui car le Pakistan montre un plus grand intérêt pour la paix. Mais nous attendons toujours que cela se traduise par des avancées concrètes", a-t-il ajouté.
   
Selon un responsable pakistanais requérant l'anonymat, des contacts ont eu lieu récemment au Pakistan entre le gouvernement afghan et les talibans afghans. Les deux parties ont accepté de "former des commissions qui doivent se rencontrer pour discuter de la marche à suivre".
   
Mais aucune négociation n'a commencé, a reconnu le ministre afghan des Affaires étrangères Salahuddin Rabbani. Le ministre a assuré à ce sujet que le gouvernement afghan ne ferait "pas de compromis sur les avancées enregistrées ces 13 dernières années", et en particulier en matière de droits des femmes.
   
Outre la relance des relations avec le Pakistan, "le président Ghani reconnaît" que la paix dans son pays passera par "des liens plus proches avec la Chine, l'Arabie saoudite, et les Emirats", selon une source diplomatique occidentale.
   
Et le rôle croissant de Pékin, influent géant régional, dans ce dossier suscite des espoirs à Kaboul. "Nous saluons le soutien de la Chine", a dit à l'AFP M. Faisal, sans confirmer des contacts entre Pékin et les talibans évoqués dans la presse.
   
De leur côté, les talibans afghans continuent de poser leurs propres conditions à la paix, avec pour préalable le retrait total des plus de 12.500 soldats étrangers, en grande majorité américains, toujours présents sur le sol afghan.
   
Le calendrier de retrait des troupes américaines en Afghanistan sera d'ailleurs évoqué ce week-end à Washington.
   
En privé, nombre de responsables afghans plaident pour un maintien des soldats américains après 2016, date prévue à ce jour pour le retrait total des troupes étrangères. Déjà, les Etats-Unis ont annoncé cette semaine qu'ils allaient ralentir cette année le rythme de leur retrait d'Afghanistan.