05-05-2024 02:57 PM Jerusalem Timing

Istanbul : la police disperse les manifestants autour de la place Taksim

Istanbul : la police disperse les manifestants autour de la place Taksim

Le 1er mai 2014, de violents incidents avaient opposé manifestants et forces de l’ordre autour de Taksim.

La police turque est intervenue vendredi à Istanbul, comme les années précédentes, pour disperser des manifestants qui souhaitaient célébrer le 1er mai sur l'emblématique place Taksim, décrétée pour la circonstance zone interdite par le gouvernement.

En début d'après-midi, les forces de l'ordre ont utilisé des canons à eau et du gaz lacrymogène pour repousser un millier de personnes rassemblées dans le quartier de Besiktas, à quelques kilomètres à peine de Taksim, pour dénoncer cette interdiction.

   Des échauffourées ont ensuite brièvement opposé la police à de petits groupes de militants d'extrême gauche, a constaté un journaliste de l'AFP.

   D'autres incidents isolés ont été signalés autour de la place Taksim, dont tous les accès avaient été méthodiquement fermés par quelque 20.000 policiers.

   Selon un nouveau bilan communiqué à la presse par le chef de la police stambouliote, Selami Altinok, ces incidents se sont soldés par 203 arrestations et 24 blessés, dont six policiers. Altinok a précisé que la plupart des restrictions à la circulation autour de la place Taksim avaient été levées en fin d'après-midi.

   Le représentant de Reporters sans frontières (RSF) en Turquie, Erol Underoglu, a précisé que cinq journalistes avaient été arrêtés et un autre blessé vendredi à Istanbul.

Comme ces deux dernières années, le gouverneur d'Istanbul a interdit toute manifestation syndicale sur la place Taksim, la jugeant "pas adaptée aux célébrations du 1er mai".

   Depuis que cet endroit a été le coeur en juin 2013 d'une vague de manifestations sans précédent ayant visé à dénoncer la dérive islamiste et autoritaire de son régime, le président Recep Tayyip Erdogan y interdit systématiquement les rassemblements de masse.

   "J'estime que cette insistance sur Taksim est une erreur et cache un objectif", a déploré Erdogan dans un discours prononcé à Ankara. "Nous ne tolérerons pas le vandalisme. On ne doit pas s'attaquer à ce qui nous nourrit, cela signifie trahir l'avenir du pays", a-t-il poursuivi.


Les syndicats réclament chaque année de pouvoir accéder à la place Taksim pour honorer la mémoire des victimes du 1er mai 1977. Ce jour-là, des inconnus avaient ouvert le feu sur la place, provoquant la panique dans la foule et la mort de 34 personnes.

   Réunis à l'appel de plusieurs syndicats et partis politiques d'opposition, des centaines de personnes se sont rassemblées vendredi matin dans le quartier de Besiktas pour fustiger les mesures d'interdiction du gouvernement.

   "La place Taksim est la place du 1er mai !", "Coude-à-coude contre le fascisme !" ou "Erdogan, voleur, assassin !", ont-ils scandé pendant plusieurs heures face aux forces de l'ordre.

   "En 1977, il y a eu un massacre. Nous souhaitons tout simplement être là-bas pour marquer cette date, on ne peut pas accepter de la fêter autrement, c'est trop symbolique pour nous", a déclaré jeudi à l'AFP Umar Karatepe, un
dirigeant de la Confédération des syndicats des travailleurs révolutionnaires (Disk).

   "Le président de la République (...) cet homme qui s'arroge tous les droits, ne peut pas nous dire où nous devons fêter le 1er mai, c'est inacceptable", a poursuivi Karatepe.

   Le 1er mai 2014 déjà, de violents incidents avaient opposé manifestants et forces de l'ordre autour de Taksim.

   Jeudi, le Premier ministre, Ahmet Davutoglu, a mis en garde les manifestants contre toute violence, dénonçant "ceux qui veulent plonger ce pays dans le chaos".

   Le Parlement turc a voté le mois dernier une loi de "sécurité intérieure" qui a renforcé les pouvoirs de la police contre les manifestants. L'opposition et de nombreuses ONG de défense des droits de l'Homme l'ont qualifiée de "liberticide".