06-05-2024 03:12 PM Jerusalem Timing

Le Pakistan enquête sur le possible plus grand scandale de viols sur enfants

Les coupables présumés ont essayé d’extorquer de l’argent aux parents de leurs présumées victimes, menaçant, en cas de refus, de vendre localement ces vidéos infamantes.

Le Pakistan enquêtait ce lundi sur ce qui pourrait être le plus grand scandale de viols sur enfants de son histoire, où près de 300 victimes auraient été filmées en plein sévices par des hommes qui extorquaient ensuite de l'argent à leurs parents.

Au moins 280 enfants, pour la plupart âgés de moins de 14 ans, figurent dans des centaines de sordides vidéos réalisées depuis 2007 dans le village de Hussain Khanwala, au sud-ouest de Lahore, la deuxième ville du pays, a indiqué ce weekend Latif Ahmed Sara, un représentant des familles des victimes.

Ces dernières y sont filmées en train de se faire violer par un ou plusieurs hommes, dont 25 seraient impliqués au total, ou contraints à des rapports sexuels entre eux, ont rapporté Sara et des médias locaux.

"Environ 300 vidéos de ces enfants ont été diffusées et un enfant sur deux de ce village est une victime", a précisé Sara.

Signe de l'ampleur prise par le scandale, le Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif, dont Lahore est le fief électoral, a fait part dans un communiqué de sa "colère" et de sa "douleur", promettant "qu'aucun passe-droit" ne serait accordé aux coupables.

Son frère, Shahbaz Sharif, chef du gouvernement provincial du Pendjab, a de son côté annoncé avoir demandé une enquête judiciaire "indépendante" sur cette affaire, qui a suscité la colère des militants des droits des victimes et l'intérêt des médias.

"Les personnes impliquées seront punies et les familles touchées obtiendront justice à tout prix", a-t-il affirmé dans un communiqué.

Partie visible de l'iceberg?
   
Mais lundi, les avocats des victimes ont accusé la police locale de
collusion avec les agresseurs présumés, en ayant imposé un couvre-feu au
village, détenu "illégalement" les victimes, et refusé d'enregistrer leurs
plaintes en justice.

Cette affaire constitue "le plus grand scandale d'abus commis sur des
enfants dans l'histoire du Pakistan", a estimé le chef du Bureau de protection
de l'enfance du Pendjab, Saba Sadiq. Et elle "n'est probablement que la partie
visible de l'iceberg", s'est offusqué dans un éditorial le quotidien Daily
Times.

"Les enfants sont souvent victimes d'abus (sexuels, ndlr) dans les écoles
coraniques, à la maison, ou par ceux qui les emploient pour des salaires de
misère. Ces enfants et leurs familles taisent ces abus sexuels car c'est un
tabou au Pakistan", poursuit le quotidien.

Selon des témoignages, les coupables présumés ont essayé d'extorquer de
l'argent aux parents de leurs présumées victimes, menaçant, en cas de refus, de
vendre localement ces vidéos infamantes au prix modique de 40 roupies (30
centimes d'euro).

"Ils ont fait une vidéo de mon fils en 2011 et nous payons les
maîtres-chanteurs depuis lors", a affirmé à l'AFP, sous couvert d'anonymat, la
mère de l'une des victimes présumées.

Et des enfants du village ont proposé à un journaliste de l'AFP de lui
montrer des extraits de ces vidéos sur leurs téléphones portables.

 Dans un premier rapport, commandé la semaine dernière par le gouvernement
provincial du Pendjab à la police, les autorités locales avaient rejeté les
allégations d'abus et les avaient qualifiées d'"infondées".

"Il s'agit d'un incident très ancien et ceux qui prétendent aujourd'hui
être des victimes profitent de cette histoire pour régler un différend
foncier", a déclaré à l'AFP le chef de la police locale, Shahzad Sultan.

"Nous avons fait passer une annonce par les mosquées lorsque nous sommes
venus enquêter sur l'incident et nous avons arrêté huit personnes. Les
incidents ont alors pris fin", a-t-il ajouté.

Selon lui, un groupe d'hommes filmaient des scènes d'actes sexuels entre
jeunes "consentants" pour s'amuser.