16-05-2024 07:54 AM Jerusalem Timing

Le référendum sur la sortie de l’UE, un outil de chantage politique

Le référendum sur la sortie de l’UE, un outil de chantage politique

Le référendum sur l’avenir du Royaume-Uni au sein de l’UE risque de marquer l’histoire

Depuis l'adhésion du Royaume Uni à l'Union européenne, tout le pays se demande s'il faut en sortir ou non.

Le premier ministre britannique David Cameron, récemment reconduit dans ses fonctions, a dû promettre aux électeurs d'organiser d'ici 2017 un référendum sur la sortie de la Grande-Bretagne de l'UE, craignant la montée en puissance du Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni qui soutient l'idée, ainsi que pour satisfaire les eurosceptiques au sein du Parti conservateur. Cameron prône le maintien du pays dans l'UE, mais insiste sur sa réforme.

Les conservateurs ont remporté les législatives de mai avec suffisamment de voix pour former le gouvernement: aucun expert n'avait prédit une telle issue et les résultats ont probablement surpris Cameron lui-même. Rapidement après les élections, les leaders du Parti travailliste d'opposition, qui s'opposaient jusque là au référendum sur la sortie de l'UE, ont annoncé qu'ils soutiendraient l'initiative du premier ministre. Après tout, les travaillistes ont perdu non seulement à cause d'une faible plateforme économique et de la figure impopulaire de l'ex-leader du parti, Ed Miliband, mais aussi en raison de leur position concernant ce scrutin.

Le référendum sur la sortie du Royaume-Uni de l'UE était d'abord prévu fin 2017 mais selon The Independent la date sera certainement avancée à juin 2016, ce que le premier ministre devrait annoncer à la conférence du Parti conservateur en octobre. La crise grecque donne également à Cameron une plus grande marge de manœuvre dans les négociations avec les dirigeants de l'UE. Profitant de l'occasion, le premier ministre espère obtenir rapidement des réformes bénéfiques pour la Grande-Bretagne, et avancer la date du référendum d'un an lui permettra de faire pression sur la décision des partenaires européens.


Ainsi, les Britanniques, qui viennent de vivre le référendum fatidique sur l'indépendance de l'Écosse en 2014, devront bientôt répondre à la question de savoir s'il faut rester dans la famille européenne au sens institutionnel. Les nationalistes écossais ont déjà annoncé que si le référendum avait lieu et les Britanniques décidaient de quitter l'UE, ils exigeraient l'organisation d'un nouveau vote sur le statut de l'Écosse. La sortie du Royaume-Uni de l'UE garantirait presque à coup sûr la victoire pour les partisans de l'indépendance écossaise. L'Écosse pourrait alors devenir un nouveau membre de l'UE à part entière.

Seuls les citoyens de la Grande-Bretagne et des pays du Commonwealth qui vivent sur le territoire du royaume pourront voter lors du référendum sur l'avenir du pays. Ainsi, 2,34 millions de citoyens de l'UE résidant en Grande-Bretagne restent sur la touche bien que la plupart d'entre eux travaillent et paient leurs taxes au Trésor britannique. Par exemple, un citoyen français qui travaille en Grande-Bretagne depuis plus de 20 ans n'aura pas le droit de voter au référendum, mais un citoyen du Sri Lanka arrivé sur l'île depuis quelques mois pourra influencer le sort de l'UE.

La question de l'immigration demeure la principale pierre d'achoppement dans les relations entre le Royaume-Uni et l'UE. Les médias ne cessent de marteler que l'île "n'est pas extensible", que "les migrants prennent le travail des Britanniques et cherchent également à profiter des prestations sociales généreuses". Cependant, selon le département du Travail et des pensions, en 2014 92,6% des bénéficiaires de prestations sociales étaient Britanniques, et seulement 2,5% des ressortissants de l'UE.

Le référendum sur l'avenir du Royaume-Uni au sein de l'UE risque de marquer l'histoire. Selon les derniers sondages, les Britanniques veulent rester dans l'UE mais depuis le début de la crise migratoire à Calais les eurosceptiques deviennent de plus en plus nombreux.