05-05-2024 10:55 AM Jerusalem Timing

Turquie: le journaliste poursuivi promet de faire "le procès de l’Etat"

Turquie: le journaliste poursuivi promet de faire

Can Dündar avait révélé des livraisons d’armes par Ankara à la milice wahhabite takfiriste Daesh (Etat islamique) en Syrie.

Le célèbre journaliste turc Can Dündar, rédacteur en chef du quotidien d'opposition Cumhuriyet, qui encourt la prison à vie pour "espionnage", a promis mercredi de "faire le procès des crimes de l'Etat" devant le tribunal qui doit le juger à la fin du mois.
   
Farouches adversaires du régime islamo-conservateur turc, Can Dündar et Erdem Gül, son chef de bureau à Ankara, ont été remis vendredi dernier en liberté au terme de 92 jours de détention provisoire, sur la base d'un arrêt de la Cour constitutionnelle.
   
Les deux hommes, qui ont reçu de nombreux soutiens en Turquie et dans le monde, sont accusés d'espionnage, de divulgation de secrets d'Etat et de tentative de coup d'Etat pour avoir diffusé un article et une vidéo faisant état de livraisons d'armes par Ankara à la milice wahhabite takfiriste Daesh (Etat islamique) en Syrie.
   
"Dès la première d'audience de notre procès le 25 mars (à Istanbul), nous allons exposer en pleine lumière les crimes de l'Etat. Nous n'allons pas nous défendre, nous allons faire le procès des crimes de l'Etat", a assuré mercredi Can Dündar au cours d'une conférence de presse à Istanbul.
   
"Si vous êtes journaliste en Turquie, aller en prison fait partie de votre plan de carrière !", a-t-il ironisé.
"Mais nous sommes des journalistes, pas des fonctionnaires au service de l'Etat. Notre devoir, c'est d'informer le public, y compris des actes illégaux du gouvernement", a-t-il ajouté, dénonçant le "climat de peur propagé par le régime (du président Recep Tayyip) Erdogan parmi les journalistes".
   
M. Erdogan, qui a personnellement porté plainte contre les deux journalistes, a publiquement dénoncé la Cour constitutionnelle, qui a jugé la semaine dernière que l'incarcération des deux journalistes violait leurs droits.

"Je ne suis pas en position d'approuver cette décision. Je le dis très clairement: je n'ai pas de respect pour elle", a-t-il déclaré, furieux, suscitant un tollé parmi ses détracteurs.
   
Au pouvoir depuis 2002, le gouvernement islamo-conservateur turc est régulièrement montré du doigt pour ses pressions sur les médias. La Turquie pointe à la 149e place sur 180 au classement mondial de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières (RSF).

 

Avec AFP