05-05-2024 12:02 AM Jerusalem Timing

Moscou: le blocage de Sputnik en Turquie viole les droits de l’homme

Moscou: le blocage de Sputnik en Turquie viole les droits de l’homme

"Ankara a violé les droits fondamentaux en bloquant le site de Sputnik en Turquie".

Selon le ministère russe des Affaires étrangères, Ankara a violé les droits fondamentaux en bloquant le site de Sputnik en Turquie.

"Nous qualifions cette décision turque d'action totalement inappropriée et de violation flagrante des droits fondamentaux de l'homme, y compris la liberté d'expression et le droit d'accès à l'information. En fait, les autorités turques poursuivent leur politique d'augmentation de la pression sur les médias et le harcèlement injustifié des journalistes, ce pour quoi Ankara a été à plusieurs reprises critiqué par les influentes organisations internationales et gouvernementales de défense des droits de l'homme", a rapporté le ministère russe des Affaires étrangères.

En outre, un porte-parole de l'OSCE pour la liberté de la presse a condamné la décision des autorités turques, estimant qu'elle était disproportionnée et qu'elle portait un coup à la liberté d'expression et au pluralisme des médias.

Pour sa part, la rédactrice en chef de Sputnik Margarita Simonian estime que la décision d'Ankara de bloquer le site de l'agence relève de la censure et témoigne du manque de liberté d'expression dans ce pays.

"La décision des autorités turques de limiter l'accès au site Sputnik est une énième preuve de censure stricte dans le pays, où la question de la liberté d'expression ne se pose plus. Elle n'existe plus. Cette décision semble surtout absurde étant donné que Sputnik s'est vu décerné il y a quelque jours le prix de l'Union des journalistes de Turquie ", a déclaré Margarita Simonian.

Le site de l'agence Sputnik est bloqué en Turquie depuis jeudi dernier: en cliquant sur la page, on voit s'afficher un message faisant état de l'application de mesures administratives:

"A l'issue d'inspections techniques et d'une évaluation juridique, en conformité avec la loi 5651 et suite à la décision du 14.04.2016 (…) de la Direction des télécommunications, des mesures administratives sont appliquées contre le site (sputniknews.com)".

"Ce matin, le blocage du site de Sputnik-Turquie a été confirmé. Selon un porte-parole de la Direction turque des télécommunications, conformément à la loi, ils ne sont pas obligés de prévenir à l'avance de la fermeture des sites", a déclaré le rédacteur en chef de Sputnik-Turquie, Toural Kerimov.

Selon la Direction turque des télécommunications, le site de Sputnik-Turquie est bloqué temporairement, la décision définitive sera prise par le Tribunal.


L'opposition turque dénonce le blocage de Sputnik dans le pays

Le blocage des sites de l'agence Sputnik en Turquie témoigne une fois de plus de l'application de la censure "infondée et illégale" par les autorités du pays, estime Barış Yarkadaş, député du Parti républicain du peuple (CHP; opposition) et membre d'une commission d'observation chargée de prévenir les pressions sur les médias.

​Selon M.Yarkadaş, les articles publiés par Sputnik donnent "une vision alternative" des problèmes qui font l'objet de divergences entre Ankara et Moscou.

"A la demande des autorités, la Direction des télécommunications a fermé l'accès des utilisateurs à ces articles, aux analyses et aux commentaires des experts exprimant des positions qui diffèrent de celles adoptées par les dirigeants turcs (…). Ces démarches sont totalement inacceptables", a indiqué l'opposant dans une interview accordée à Sputnik.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan cherche à étendre sur Internet le "conflit insensé" avec la Russie qu'il a lui-même intenté, affirme M.Yarkadaş.

"Ces actions sont une pure gaminerie. Les autorités ne parviendront pas à dissimuler la vérité en bloquant les sites. Les journalistes trouveront toujours un moyen de faire passer des informations objectives à la population", a-t-il souligné.

Des journalistes turcs ont dénoncé le blocage de Sputnik en Turquie.

Des journalistes turcs ont dénoncé le blocage de Sputnik en Turquie. "Nous soutenons Sputnik et démentons la décision sur le blocage du site", ont-ils déclaré.

"Le journalisme progouvernemental est allé si loin que des journalistes et des éditorialistes ne cachent pas leur contentement de la décision du blocage du site Sputnik. Ils triomphent, pensant avoir étouffé la voix d'un site d'opposition qui critique ouvertement les actions illégales des dirigeants du pays. Mais leur joie sera de courte durée", a déclaré le président de la société des journalistes indépendants Ahmet Abakay.

Selon lui, il faut mettre fin à la politique antidémocrate, fasciste, dictatoriale du gouvernement. "Pas un seul dictateur n'a pu rester au sommet du pouvoir éternellement. Cette dictature prendra fin un jour, elle aussi, et c'est seulement à ce moment-là que le pays jouira de la liberté de la presse et de la liberté d'expression", a-t-il poursuivi.

"Nous soutenons Sputnik et nous dénonçons la décision sur le blocage du site", a-t-il martelé.

Selon Uğur Güç, chef du syndicat des journalistes, le blocage de Sputnik n'a pas été fait au hasard.

"C'est une violation de la liberté de la presse sans précédent dans les pays démocratiques. Le blocage de Sputnik a montré toute la fausseté des déclarations du Parti de la justice et du développement dont des représentants affirment que "nulle part en Europe, ou dans d'autres pays, la liberté de la presse et la liberté d'expression ne sont aussi respectées qu'en Turquie".

La présidente du Conseil de la presse de Turquie Pınar Türenç estime pour sa part que la position des autorités turques est contraire à toutes les règles et conditions juridiques. "Nous qualifions les actions des autorités ayant amené au blocage du site d'information en 31 langues d'inacceptables", a-t-elle conclu.

Avec Sputnik