29-04-2024 09:40 AM Jerusalem Timing

Dissolution de l’Etat national: la Turquie après la Syrie et l’Irak?

Dissolution de l’Etat national: la Turquie après la Syrie et l’Irak?

Il n’existe nulle part pas de frontières naturelles, mais des faits accomplis.

Verda Özer est une spécialiste des relations internationales, chercheur à l’Istanbul Policy Center (IPC) et qui collabore avec plusieurs publications dont le journal turc Hürriyet.

Elle a publie un article dans lequel elle veut contredire le vice-président des Etats Unis Joe Biden, et donc la ligne officielle de Washington, selon qui les Etats où son pays intervient pour « maintenir la paix » sont des structures artificielles et qu’il faut se préparer à leur éclatement en entités plus petites mais plus homogènes.

Ce serait par exemple en Syrie, une entité alaouite, une entité kurde et une entité sunnite, ces deux dernières étant réparties sur des portions de territoires de la Syrie et de l’Irak actuels.

Mme Özer a parfaitement compris que cette argumentation s’appliquait aussi à son pays, la Turquie.

C’est pour cette raison qu’elle a souhaité contredire Joe Biden en arguant du fait que nulle part il n’existe de frontières naturelles. Et en effet, contrairement à ce que certains ont pu apprendre à l’école, les Pyrénées ne sont pas une frontière naturelle de la France. Une frontière est uniquement un fait accompli de main d’homme et un fait de droit.

Cette précision de Verda özer peut être assimilée à un coup pour rien mais ce n’est pas le cas. Elle lui permet en réalité de formuler de manière diplomatique deux conseils à un gouvernement qui n’aime pas trop en recevoir.

Le premier est celui de se tenir à l’écart des conflits en cours en Syrie et en Irak, de crainte d’un effet déstabilisateur sur la Turquie elle-même.

Le deuxième est celui de ne pas tracer des frontières (forcément artificielles) à l’intérieur du territoire national. Mme Özer pense évidemment aux Kurdes de Turquie mais pas seulement car il existe en Turquie d’autres minorités qui pourraient trouver un intérêt à la défaisance de l’Etat turc tel qu’il est actuellement établi. Je parle ici de la  minorité syrienne de l’ancien wilayet d’Antioche (Antakya) et des Alévis, une importante minorité confessionnelle.

On verra bien ce que pèsent les avertissements distillés par des spécialistes comme Verda Özer face aux plans des Etats Unis qui consistent à favoriser et accompagner la fragmentation de la région pour peu qu’elle demeure dans un niveau d’instabilité à la fois gérable, non menaçant pour leurs intérêts et favorables à ceux de l’entité sioniste. Une politique étrangement conforme au fameux plan Yinon.

Source : Mounadil