27-04-2024 03:45 PM Jerusalem Timing

Moscou sur ses gardes quand à l’attitude des USA à l’égard du Front al-Nosra

Moscou sur ses gardes quand à l’attitude des USA à l’égard du Front al-Nosra

Selon des analystes, la séparation entre les rebelles pro occidentaux et les takfiristes d’al-Qaïda est une perte pour les deux.

Sans vouloir l’afficher ouvertement, le chef de la diplomatie russe semble rester sur ses gardes quant aux réelles intentions de Washington vis-à-vis de la branche d’Al-Qaïda en Syrie, le front al-Nosra, rebaptisé en front Fateh al-Sham, au prétexte d’avoir rompu avec elle.

"Il (John Kerry, le secrétaire d'Etat américain, ndlr) nie catégoriquement que les Etats-Unis "couvrent" le Front Fatah al-Sham en détournant ses propres avions et l’aviation de la coalition internationale", a déclaré Sergueï Lavrov, rapporte l'agence russe Sputnik.

"Je n'ai aucune raison de ne pas lui confiance, de ne pas faire confiance à sa sincérité lorsqu'il dit que +Nosra+ reste sur la liste (américaine, ndlr) des organisations terroristes", a déclaré M. Lavrov lors d'une conférence de presse avec le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn!

 Toutefois, selon M. Lavrov, l’attitude réelle de Washington envers ce groupe terroriste est contraire à ses dires et doit être discutée très sérieusement.

"Elle (l'attitude américaine envers les terroristes, ndlr) fait l'objet d'une discussion très sérieuse avec nos partenaires américains, parce que… nous voyons ce qui se passe sur le terrain, et comment la coalition internationale bombarde avec réticence les positions du Front Fatah al-Sham", a fait savoir M. Lavrov.

Autre raison pour cette suspicion : toujours selon le ministre russe des AE, les Etats-Unis n'ont toujours rien fait pour distinguer l'opposition syrienne des terroristes. Condition incontournable pour que l’accord conclu le 10 septembre puisse perdurer.

Ce n’est plus un secret pour personne que tous les groupes rebelles soutenus par les occidentaux combattent aux côtés du front al-Nosra.

L’entrée en action de cette dernière en Syrie à la fin de 2011 avait d’ailleurs été facilitée par l’Armée syrienne libre et saluée par le Conseil national de l’opposition syrienne (CNS) qui siégeait entre autre à Paris.
   
Interrogée si l'opposition armée prendra ces distances avec ces jihadistes, Mme Bassam Kodmani , la porte-parole de l’instance qui a succédé au CNS, le Haut-comité des négociations,  ne cherche même plus à cacher ces liens. Elle tente même de les justifier en les liant à la nécessité de combattre les forces gouvernementales.

"Nos groupes ont respecté (le cessez-le-feu) et les extrémistes ont été marginalisés", a-t-elle rappelé concernant la première trêve de Février, mais que depuis rebelles et jihadistes "s'étaient retrouvés tous les deux assiégés" par le régime, a-t-elle enchainé .

Selon elle, "les forces rebelles sont obligées de s'allier avec les groupes radicaux",  supposant «  qu'en cas de cessez-le-feu, ces groupes se retrouveraient "marginalisés ».
   
"La question clé est de mettre fin à la stratégie d'Assad d'encerclement de régions entières", a précisé l'opposante, connue pour ses liens proches des milieux sionistes en France et dans le monde.

"Les groupes modérés se réorganiseront et prendront leur distance des groupes radicaux.    

Cette position est toutefois contestée par les analystes selon lesquels la séparation serait une perte pour tous les deux.

Interrogé par l’AFP, le chercheur Charles Lister a assuré qu’il sera très difficile pour les rebelles de se distancier de leurs compagnons d'armes au sein de Fateh al-Sham, un groupe bien organisé et armé qui reste un pilier militaire dans n'importe quelle bataille contre les troupes du régime, comme le décrit l'agence française.

Pour les insurgés, se détacher de Fateh al-Sham "signifie de facto qu'ils vont céder du terrain face au régime (...) il sera très difficile de leur faire changer d'avis", a-t-il noté.