19-05-2024 02:13 AM Jerusalem Timing

Elections égyptiennes:Morsi,un FM qui veut séduire au-delà des islamistes...

Elections égyptiennes:Morsi,un FM qui veut séduire au-delà des islamistes...

...contre Chafiq,un général pur produit du système politico-militaire. Portraits des deux hommes.

 

Mohammed Morsi, un Frère musulman qui veut séduire au-delà des islamistes
   
  Le candidat des Frères musulmans pour la présidence égyptienne, Mohammed Morsi, cherche à gommer une image d'apparatchik islamiste pour se poser en champion du changement face à son rival Ahmad Chafiq, issu de l'ère Moubarak.
   Promesses de préserver les acquis de la "révolution", de ne pas forcer les femmes à porter le voile ou de garantir les droits de la minorité chrétienne: M. Morsi a multiplié les assurances pour tenter de séduire au-delà de l'électorat islamiste lors du second tour qui se tient samedi et dimanche.
   Il a qualifié de "farce" le procès de Hosni Moubarak, qui a abouti à une condamnation à la perpétuité pour l'ancien président mais à l'acquittement de plusieurs hauts responsables de la police mis en cause dans la répression de la révolte de l'an dernier.
  
Mohammed Morsi, un ingénieur de 60 ans diplômé d'une université américaine, a été surnommé la "roue de secours" car il a remplacé au pied levé le premier choix de la confrérie, Khaïrat al-Chater, dont la candidature a été invalidée en raison d'une condamnation du temps du président Moubarak.
  
Peu charismatique, il pose en costume bleu avec un regard timide sur ses affiches qui le montrent au côté d'Egyptiens, dont une femme en niqab ou un pope copte.
   Semblant sur la défensive lors de ses premières apparitions publiques, il n'avait, aux yeux de nombreux experts, pas le profil d'un favori. Mais au fil de la campagne, il a pris de l'assurance et du mordant, bénéficiant en outre de l'immense réseau militant des Frères musulmans.
   Au premier tour, il a obtenu 24,7% des voix, juste devant M. Chafiq (23,6%).
   Depuis des décennies, les Frères musulmans sont très actifs au plan social et caritatif, ainsi que dans les syndicats professionnels. Et la chute du régime Moubarak leur a permis de sortir de la semi-clandestinité politique.
   
  

Législatif et exécutif

 "Nous avons contré (la campagne négative) des médias en rencontrant personnellement les gens", a expliqué à l'AFP Essam al-Eriane, vice-président de la vitrine politique des Frères, le Parti de la liberté et de la justice (PLJ).
   Le PLJ, dirigé par M. Morsi, a raflé près de la moitié des sièges de députés lors des législatives de cet hiver. Le scrutin a toutefois été invalidé jeudi par la Cour constitutionnelle au motif d'irrégularités dans la loi électorale.
   M. Morsi se présente comme le "seul candidat avec un programme islamiste", partisan d'un "projet de renaissance" fondé sur les principes de l'islam. Il souhaite des relations "plus équilibrées" avec Washington et menace de revoir le traité de paix avec Israël si les Etats-Unis bloquent leur aide à l'Egypte.
  
Né dans le gouvernorat de Charqiya, dans le delta du Nil, M. Morsi est diplômé d'ingénierie de l'Université du Caire en 1975 et il a obtenu en 1982 un doctorat de l'Université de Caroline du Sud, aux Etats-Unis.
   Militant du Comité de résistance au sionisme, un groupe anti-israélien, il a consacré le plus clair de son activité aux Frères musulmans.
   Il a été élu député en 2000 puis réélu en 2005, avant d'être emprisonné pendant sept mois pour avoir participé à une manifestation de soutien à des magistrats réformistes. En 2010, il est devenu porte-parole de la confrérie et membre de son bureau politique.
   Il a été à nouveau brièvement emprisonné le 28 janvier 2011, trois jours après le début de la révolte populaire qui a provoqué la chute de M. Moubarak.

  

Ahmad Chafiq, pur produit du système politico-militaire  
   
   Dernier Premier ministre de Hosni Moubarak, le candidat présidentiel Ahmad Chafiq est un pur produit du système militaire égyptien qui se targue d'une longue expérience politique et se veut un rempart contre le "danger islamiste".
   Abhorré par les mouvements "révolutionnaires" pour qui il symbolise le retour en force du régime déchu de M. Moubarak, l'ancien chef d'état-major de l'armée de l'air et ex-ministre de l'Aviation civile, toujours tiré à quatre épingles, a axé sa campagne sur la sécurité et la lutte contre le crime.
  

Récemment, il a lancé une attaque en règle contre les Frères musulmans dont il affronte le candidat Mohammed Morsi au second tour, accusant la confrérie d'avoir organisé les violences lors du soulèvement contre le régime début 2011 et d'être à l'origine de l'attaque contre son QG de campagne fin mai au Caire.
 Un islamiste au pouvoir ramènerait le pays "vers le Moyen-Age" et "l'obscurantisme", a-t-il lancé après le premier tour, où il a obtenu 23,6% des voix, contre 24,7% à M. Morsi.
  

Dans un entretien à l'AFP, il a mis en garde contre une victoire islamiste à la présidentielle, qui provoquerait selon lui d'"énormes problèmes".
   M. Chafiq avait pourtant déclaré être prêt à nommer un vice-président islamiste, Frère musulman ou salafiste, s'il était élu.
   Il a dans le même temps tenté de faire patte de velours vis-à-vis des libéraux et des mouvements de jeunes pro-démocratie qui le qualifient de "fouloul", un terme péjoratif désignant les "reliques" de l'époque Moubarak.
   M. Chafiq, pour qui de nombreux chrétiens ont dit vouloir voter par peur des islamistes, a promis qu'il ne "reviendrait pas en arrière" et salué la "révolution" qui lui avait pourtant coûté son poste de chef du gouvernement près de trois semaines après la chute de M. Moubarak.
   Il s'est aussi engagé à rétablir la sécurité et un climat économique favorable, des promesses auxquelles une large partie de la population est sensible après seize mois d'une transition mouvementée.
   M. Chafiq, 70 ans, vante sa "longue expérience" et assure accepter la critique, mais il a pu se montrer autoritaire dans certaines interviews télévisées.
  

Ce général à la retraite a failli être disqualifié après l'adoption d'une loi interdisant aux plus hauts responsables de l'ère Moubarak de se présenter à la présidentielle, avant d'être rétabli in extremis dans la course. Cette loi a finalement été invalidée par la Haute cour constitutionnelle.
  

Ancien pilote, comme M. Moubarak, M. Chafiq est diplômé de l'Académie de l'aviation militaire. Son équipe de campagne a mis en avant qu'il avait abattu deux avions israéliens lors de l'une des guerres contre Israël.
   Il se prévaut d'avoir modernisé la compagnie nationale Egyptair et l'aéroport international du Caire pendant ses années passées à la tête du ministère de l'Aviation civile.
   Dans un pays où tous les présidents sont venus de l'armée depuis la chute de la monarchie en 1952, il se dit "fier et honoré" d'être "un fils des forces armées", et estime que son passé militaire, en permettant une relation "fluide" avec l'armée, sera un atout.
   Père de trois filles, M. Chafiq est devenu veuf en avril et selon les analystes, ce drame personnel lui a valu de la sympathie, en particulier auprès des électrices.