12-05-2024 04:51 PM Jerusalem Timing

Le Qatar accusé de museler la liberté d’expression

Le Qatar accusé de museler la liberté d’expression

L’Article 53 interdit de publier ou de diffuser des informations susceptibles de "semer la confusion dans les relations entre l’État et les pays arabes et amis" ou de constituer "une insulte pour le régime


Le Qatar fait l'objet de sévères critiques de la part d'organisations des droits de l'homme qui l'accusent d'entraver les libertés civiques, alors que paradoxalement Doha s'affiche comme étant le représentant  de la défense des libertés dans d'autres pays arabes comme la Tunisie, l'Egypte et la Syrie.

Selon le magazine World Tibune, des organisations occidentales des droits de l'homme ont dénoncé  les autorités qataries de procéder à des arrestations sans procès:  dernière en date étant celle du poète  Mohammed Al-Ajami, qui a été condamné à  perpétuité  sans lui permettre de se défendre ou de recourir à son avocat pour le défendre.

Il a été inculpé d'avoir porté atteint à l'émir du Qatar et d'avoir "inciter à renverser le gouvernement".

Le magazine s'étonne que " le Qatar ait ouvert  au début de l'année 2008 le Centre de Doha pour la liberté des médias et de soutenir les révolutions dans de nombreux pays, alors qu'il n'hésite pas à imposer des restrictions sévères à la liberté d'expression, au point de forcer les médias qataris à  l'autocensure".


Ainsi, Human Rights Watch  dénonce l'article 53 qui interdit de publier ou de diffuser des informations susceptibles de "semer la confusion dans les relations entre l'État et les pays arabes et amis" ou de constituer "une insulte pour le régime ou une offense pour la famille royale ou la source de graves dommages pour les intérêts nationaux ou les intérêts supérieurs de l'État".

 Les contrevenants seraient passibles de lourdes sanctions financières pouvant atteindre un million de riyals qataris (275.000 dollars).

L'article 53 complète et renforce l'article 134 du code pénal du Qatar, qui rend toute critique de l'émir passible d'une peine de prison de cinq ans. Le code pénal, ainsi que le projet de loi sur la presse, sont contraires aux normes internationales en matière de liberté d'expression, qui garantissent le droit de critiquer les autorités et les politiques des gouvernements.

Joe Stork, directeur adjoint de la division Moyen-Orient à Human Rights Watch a déclaré dans un communiqué que

"L'attachement du Qatar à la liberté d'expression ne peut se mesurer qu'à travers ses lois, qui en l'occurrence ne sont pas conformes aux normes internationales auxquelles ce pays affirme adhérer."

 "Au lieu de consacrer la liberté de la presse, ce projet de loi sur les médias constitue une adhésion au principe de la censure", a-t-il ajouté.

 L’organisation affirme que le projet de loi, approuvé par le conseil de la Choura (organe consultatif) en juin 2012, "est incohérent avec la prétention du Qatar d'être un centre pour la liberté des médias dans la région".

 "Si le Qatar compte sérieusement montrer la voie au Moyen-Orient en matière de liberté de la presse, il devrait retirer toutes les dispositions contestables contenues dans son projet de loi sur les médias et abandonner toutes les poursuites contre Mouhammad Ibn Al-Dheeb Al-Ajami qui n’ont été engagées que suite à l'exercice de sa liberté d'expression ", a conclu Joe Stork.