13-05-2024 09:19 PM Jerusalem Timing

Climat: les négociations tirent en longueur à la conférence climat à Doha

Climat: les négociations tirent en longueur à la conférence climat à Doha

Les méthodes de travail de l’hôte qatari étaient critiquées par nombre de délégués, notamment européens.

   
   La nuit s'annonçait longue à Doha pour les délégations et ministres du monde entier qui tentaient toujours vendredi soir de surmonter de profonds désaccords sur des dossiers comme l'aide financière aux pays du Sud, bloquant un nouvel accord sur la lutte contre le réchauffement.
  
La pièce maîtresse de cet accord doit être la seconde période du protocole de Kyoto, seul outil engageant les pays industrialisés à réduire leurs gaz à effet de serre (GES), mais dont la portée sera essentiellement symbolique.
  
Les consultations en petits groupes se multipliaient dans les diverses salles de l'immense centre de conférence de Doha au dernier jour de la conférence de l'ONU, qui s'est ouverte le 26 novembre, rassemblant plus de 190 pays.
  
Peu avant minuit, le vice-Premier ministre du Qatar Abdallah al-Attiya, qui dirige les débats en séance plénière, a ouvert la séance avec une "chanson de la société civile", dont le clip a été diffusé aux délégués et qui appelait à "se réveiller" sur l'air de Bella Ciao.
  
"Vous avez vu? Ils attendent tous de vous une résolution rapide, alors nous avons besoin d'une solution", a déclaré M. al-Attiya, dont les méthodes de travail étaient critiquées par nombre de délégués, notamment européens.
  
Ils reprochent le manque d'implication de la présidence du Qatar, pays hôte qui a la particularité d'être le plus grand émetteur de CO2 au monde par habitant, pour faire avancer ces discussions.
  
Face à la perspective de négociations qui menaçaient de s'éterniser, le déconcertant président de la Conférence avait lancé un peu plus tôt aux délégués, semi-ironique: "Je ne suis pas pressé. Ma maison est seulement à 10 minutes en voiture!".
  
L'un des grands dossiers toujours en souffrance était celui de l'aide que les pays du sud attendent des pays développés pour faire face au changement climatique, assurant une transition entre l'aide d'urgence de 30 milliards de dollars pour 2010-2012, et la promesse des 100 milliards par an d'ici 2020.
  
Les pays en développement, l'Alliance des petits Etats insulaires (Aosis) en tête, veulent être rassurés sur le fait que l'argent sera un jour versé, et ont posé la somme de 60 milliards de dollars d'ici 2015 sur la table.
   "L'UE ne peut pas accepter un texte qui contiendrait un engagement à 60 milliards d'argent public en 2015 compte tenu des contraintes budgétaires dans lesquelles nous sommes", a déclaré le ministre français du Développement, Pascal Canfin, indiquant que les négociateurs tentaient de trouver une "formule" qui "dessinerait un chemin pour arriver aux 100 milliards".
  
Mais les Etats-Unis s'opposaient en fin de soirée à toute mention d'une "trajectoire" les contraignant sur ce sujet, selon un négociateur.
  
Plus tôt, le chef de la délégation des pays les moins développés, le gambien Pa Ousman Jarju, avait assuré: "Nous ne partirons d'ici sans une assurance que le financement se poursuivra".
  
Un des autres grands dossiers, l'acte II de Kyoto devant débuter le 1er janvier 2013, était toujours en discussion.
  
Sa portée sera essentiellement symbolique car il ne concernera que l'UE et l'Australie après le désistement du Japon, de la Russie et du Canada, soit uniquement 15% des GES globaux. Mais les pays du Sud y tiennent, au nom de la "responsabilité historique" du Nord dans le dérèglement climatique.
  
Ces dernières semaines, rapports et études ont sonné l'alarme sur la réalité du changement climatique et le fait que les efforts réalisés étaient bien loin du compte.
  
Depuis 1995, la communauté internationale se retrouve chaque année, sous l'égide de l'ONU, pour tenter de monter en puissance et répartir équitablement les réductions de GES entre les différentes nations.
  
Mais les efforts engagés dans le cadre de ces laborieuses et complexes négociations mettent le monde sur une très inquiétante trajectoire de +3°C à +5°C et non +2°C, seuil au-delà duquel le système climatique risque de s'emballer.
  

Le prochain grand rendez-vous est celui de 2015 à Paris pour conclure un accord "universel" sur les réductions de GES, impliquant tous les pays dont les deux grands pollueurs que sont la Chine et les Etats-Unis, et devant entrer en vigueur en 2020.