13-05-2024 03:47 PM Jerusalem Timing

Qatargate: le Qatar accusé d’avoir acheté le mondial 2022

Qatargate: le Qatar accusé d’avoir acheté le mondial 2022

Aprés avoir acheté la bourse de France le cac 40, aprés avoir acheter les hôtels, sans compter son financement des guerres au Mali et en Syrie, le Qatar veut maintenant acheter le sport.

Et si le Mondial 2022 était réattribué ? C'est la question que pose le bi-hebdo France Football dans son édition de mardi. Le magazine a enquêté et met en doute la validité du choix du Qatar comme pays organisateur. En décembre 2010, ce petit état du Golfe avait devancé les Etats-Unis au 4e tour de scrutin (14 voix sur 22), devenant la première nation du secteur à hériter de l'organisation de la prestigieuse compétition sans posséder ni infrastructure ni poids sur la scène mondiale footballistique (112e au classement FIFA, 106e en 2013). Une "surprise générale" qui avait immédiatement fait débat et suscité des interrogations qui perdurent plus de deux ans après.

Une rencontre entre Platini, Sarkozy et le prince du Qatar

Dans son enquête d'une quinzaine de pages, France Football a mis en évidence des liens douteux entre le Qatar et d'autres nations et/ou dirigeants, des soupçons de corruption, collusions et compromissions qui ont permis au pays de tisser des liens économiques forts afin d'assurer sa victoire. De la distribution d'enveloppes de $40 000 aux délégués de l'Union caribéenne de football au sponsoring de l'organisation du congrès de la Confédération africaine qui leur a permis un accès à tous les délégués du continent, en passant par "des aides au financement" de projets locaux, le Qatar ne recule devant rien.

Si les "ambassadeurs" du pays comme Zinedine Zidane, Gabriel Batitusta ou Pep Guardiola ne sont pas épargnés, moyennant de grosses sommes d'argent perçus, le nom de Sandro Rosell, actuel président du FC Barcelone, apparaît également. Il avait, via sa société Bonus Sport Marketing, aidé à finaliser le projet "Football Dreams" du Qatar avant de prendre ses fonctions. Résultat, Qatar Airways va devenir la saison prochaine le tout premier sponsor commercial du maillot du Barça après avoir fait dans "l'éthique" avec l'Unicef et… la Fondation du Qatar.

Des matches amicaux ont été organisés ou déplacés au Qatar moyennant finance. Selon le bi-hebdo, une réunion secrète aurait eu lieu à l'Elysée entre Michel Platini, les autorités du Qatar et le président Nicolas Sarkozy avant même le rachat du PSG par QSI. Le but était que Platini ne donne pas sa voix aux USA comme envisagé alors que le Qatar promettait des milliards d'euros d'investissements dans le pays via la création d'une chaîne sport, l'achat du PSG, de  l'immobilier et des parts dans des sociétés du CAC 40.

Un ancien procureur de New York chargé de l'enquête

La désignation du Qatar serait donc "suspectée d'avoir été entachée d'actes de collusion et de corruption". "Derrière ce qui n'aurait dû être qu'une simple annonce réjouissante, c'est tout un système de type mafieux qui fut validé", explique FF. A la FIFA, des soupçons de tricherie ou de corruption ont été soulevés par le comité exécutif. Désireux de poursuivre "de véritables investigations", il a nommé en juillet dernier, un ancien procureur fédéral de New York, Michael Garcia, à la tête de la commission d'éthique.

Enquêteur indépendant, il a eu toute liberté d'agir sur "un faisceau d'indices concernant le Qatar", avec l'aide d'anciens pontes du FBI et de la CIA. Le journal annonce que cette commission a ainsi mis en évidence "l'architecture mondiale de toutes les faveurs d'après-scrutin". La FIFA a, dans un communiqué publié jeudi, fait part de preuves apportant "une crédibilité à toute allégation de mauvaise conduite individuelle". Entendez, des pots-de-vin reçus. Interrogé par les journalistes de France Football, Guido Tognoni, membre de la FIFA pendant 13 ans, parle lui "d'organisation de voix grâce à des accords et des échanges de bons procédés" dans une instance qui pratique "la culture du sport pourri".

Et si c'était USA 2022 ?

Du côté du Qatar, on reste serein face aux soupçons de corruption. Interrogé par mail, le porte-parole du comité d'organisation explique que le Qatar a respecté "les plus hauts standards d'éthique et de morale tels qu'ils étaient définis dans les règlements et le cahier des charges." Les autorités se disent "prêtes à coopérer à toute enquête qui se justifierait." Les Qatari sont même "à 100% confiants et optimistes" quant au maintien de l'organisation dans leur pays.

Reste un problème de taille à gérer : avec 50°C en plein été, les matches vont se jouer dans des enceintes fermées et climatisée pour qu'il ne fasse pas plus de 22°C sur la pelouse. L'hypothèse d'une organisation en hiver a également été avancée, mais elle se heurte à des fins de non-recevoir des grands championnats et notamment de la Premier League qui y voit une impossibilité fonctionnelle du calendrier. Mais si les faits de corruption étaient avérés, la FIFA n'aurait peut-être pas d'autres solutions que de réattribuer l'organisation. Et là, les Etats-Unis, qui n'ont toujours pas digérer le vote de 2010, se poseraient en grands favoris. Sans même avoir besoin de sortir le chéquier.