La majorité s’organise après la convocation du collège électoral par Sleiman et Mikati.
L’intervention directe de l’ambassadeur des Etats-Unis dans le débat sur les élections législatives au Liban a suscité une vive réprobation de la part de milieux politiques et diplomatiques à Beyrouth.
Mme Maura Connelly a (re)commandé la tenue du scrutin à la date prévue, même si les protagonistes libanais ne s’entendent pas sur une loi consensuelle.
L’intervention de Mme Connelly a coïncidé, rappelons-le, avec la signature par le président de la République et le Premier ministre du décret de convocation du collège électoral pour le 9 juin.
Cela ne signifie pas pour autant que les élections auront lieu à cette date, car le 8-Mars et le Courant patriotique libre (CPL) sont déterminés à «enterrer» la loi de 1960 qu’ils qualifient d’«injuste», et qui est d’ailleurs rejetée par les deux principaux partis chrétiens du 14-Mars, les Forces libanaises et les Kataëb.
Ces deux formations se sont murées dans un silence gêné, alors que le général Michel Aoun a assuré qu’«il n’y aura pas d’élections sur la base de la loi de 1960, que tout le monde l’entende».
Le leader du CPL a en outre critiqué les déclarations selon lesquelles le projet orthodoxe serait contraire à l’entente et à l’esprit du pacte national.
Il a aussi laissé entendre qu’il pourrait y avoir un autre scénario que la prorogation du mandat du Parlement, si les élections n’ont pas lieu à la date prévue, sans donner plus de précisions.
Evoquant les propos de l’ambassadeur Connelly, le général Aoun a affirmé qu’il est lui aussi favorable à la tenue des élections dans les délais et qu’il n’attend pas les conseils des Etats-Unis ou de la France à ce sujet. Rappelant que le projet orthodoxe a été adopté en commissions conjointes, il ne lui reste plus donc qu’à être voté par l’Assemblée plénière.
Il s’est demandé comment on pouvait qualifier au préalable une séance parlementaire de contraire à l’esprit du pacte, en faisant allusion aux critiques lancées contre une éventuelle convocation par Berry d’une séance plénière pour soumettre au vote le projet orthodoxe.
Le général Aoun a rejeté les arguments selon lesquels le projet orthodoxe viole le pacte nationale, accusant le camp adverse de s’être lui-même rendu coupable de nombreuses violations de ce pacte: le refus de Fouad Siniora, à l’époque où il était Premier ministre, de désigner des ministres chiites en remplacement de ceux qui avaient démissionné, laissant son gouvernement amputé des représentants d’une grande communauté, la division du Mont-Liban en deux circonscriptions pour servir les intérêts de Walid Joumblatt alors que les mohafazats étaient adoptés comme circonscriptions électorales, la dissolution du Conseil constitutionnel en 2005, les agressions répétées contre l’armée, la fermeture des routes, les négociations avec les des repris de justice, le trafic d’armes vers la Syrie, le transport de personnes recherchées par la justice dans les voitures des responsables (en allusion à l’extrémiste Chadi Malaoui, transporté dans la voiture de Najib Mikati) et le discours takfiriste incitant à la discorde confessionnelle…
Le président du Parlement, Nabih Berry, a également déclaré qu’«il n’y a pas moyen d’organiser les élections sur la base de la loi de 1960».
Fait inhabituel, l’ambassadeur de Russie, Alexander Zasypkin, a réagi aux déclarations de Mme Connelly en affirmant que la tenue des élections doit répondre à un consensus interlibanais et non pas à des «directives étrangères».