C’est l’avis du directeur américain du département du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord du « International Crisis Group » Robert Malley.
« La dialectique de la paix et la démocratie au Moyen Orient » est le titre de l’intervention présentée par le directeur américain du département du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord du « International Crisis Group » (ICG) Robert Malley, qui a expliqué l’éclatement des révolutions arabes par « la personnification du pouvoir par les dirigeants arabes ».
Lors d’un séminaire organisé mardi dans le centre culturel Issam Farès à Beyrouth, Malley a estimé que les révolutions arabes n’étaient pas prévisibles et ne devraient pas aboutir aux mêmes résultats dans chaque pays où elles ont eu lieu.
À cet égard, il constate que la communauté internationale change de comportement d’un pays à l’autre.
« Lors de la chute de Zine ElAbidine et de Hosni Moubarak, il est apparu que le camp pro-occidentale en prenait un coup, en faveur de l'Iran. Mais il est vite apparu que le mouvement de protestation s'est déplacé vers l’autre axe également », poursuit ce chercheur américain selon lequel « chaque dirigeant arabe devrait tirer les leçons de ce qui se passe ».
Interrogé sur le cas syrien, Malley estime qu’il est trop tôt pour confirmer les résultats des protestations soulevées dans ce pays. D’après lui Damas suit une politique étrangère qui répond aux aspirations de son peuple. « Mais ceci n’accorde pas l’immunité suffisante au régime, face à la contestation populaire et aux revendications de démocraties, surtout que les conditions de la population sont similaires à celles des autres peuples», nuance-t-il.
Aussi bien en Tunisie, en Egypte et dans les autres pays, la plus grosse erreur, enchaîne Malley réside dans le fait « d’avoir ignoré l'opinion publique»
Il s’attend aussi à ce que ces révolutions exercent un certain impact sur le processus de paix et la
relation avec Israël : «les deux régimes égyptien et jordanien ne pourront désormais plus exercer leurs pressions sur l'Autorité palestinienne, à l’insu de la volonté de l'opinion publique. L’Égypte ne peut plus répéter le comportement qu’elle avait adoptée avec la bande de Gaza », estime-t-il.
Interrogé sur le comportement états-unien dans la région, lequel prône en temps d’accalmie comme en temps de révolution le principe «celui qui n’est pas avec nous est contre nous», Malley a répondu : « ce qui se passe aujourd'hui met à l’épreuve la politique de l'administration américaine qui devrait donc se pencher sur les causes de l'échec du processus de paix, au lieu de prendre des mesures délibérées ».
Le chercheur américain reconnait que « la crédibilité de la politique étrangère américaine a été gravement endommagée au cours des dernières années et a besoin de temps, de cohérence et de continuité pour être réhabilitée ».
Source AsSafir
Parmi les épreuves qui inquiètent le plus cet analyste semble être celle qui va confronter les États-Unis aux forces islamiques. Il a mis en garde contre « la gravité de refuser aux forces islamiques de jouer un rôle important dans leurs sociétés», rappelant à cet égard la façon dont Washington s’était comportée face à la victoire du Hamas en 2006.
Il cite deux problématiques attachées au comportement américain face aux révolutions arabes :
Celle de maintenir la compatibilité entre les intérêts des États-Unis menacées par l'effondrement du système régional et les refus d'Obama de se tenir sur l'autre bord opposé à la volonté des peuples arabes. La seconde étant une réponse à la question de savoir pourquoi l’intervention occidentale a eu lieu exclusivement en Libye, se réfère à l'incapacité des États-Unis de traiter à la base d’une norme unique avec les diverses révolutions arabes.
Selon lui, le pétrole libyen n’est pas la seule raison qui explique l'intervention internationale.
Concernant le Liban, il a exclu le renouvellement de l'aide militaire américaine en disant: «déjà cette aide avait été consenti avec difficulté par le Congrès, lorsque les démocrates le contrôlaient et Saad Hariri était à la tête du gouvernement. Aujourd'hui la situation est plus compliquée avec le retour des républicains et le gouvernement contrôlé par les forces du 8 Mars et dirigé par Najib Mikati ».
Le séminaire avait été inauguré par une intervention du conseiller du centre Farès, Raguid Solh qui a refusé l'approche selon laquelle le développement de la démocratie dans le monde arabe consolidera les chances de paix avec Israël : « car elle supprime la notion de droits des Palestiniens et ne peut justifier les agressions répétées d'Israël contre le Liban, l'Etat arabe démocratique», a conclu Solh.