Position américaine confuse: menaces d’une part, rencontres avec Kadhafi de l’autre.Des rebelles s’interrogent: pourquoi l’Otan bombarde à l’est alors que les forces de Kadhafi sont à l’ouest?
Les Nations unies ont appelé mercredi soir à une cessation des hostilités autour de la ville libyenne de Misrata pour que de l'aide puisse parvenir aux blessés et que la populationpuisse fuir les combats entre les rebelles et les forces du colonel Kadhafi.
"La situation sur le terrain est critique pour un grand nombre de personnes qui ont un besoin immédiat de nourriture, d'eau potable et d'aide médicale d'urgence", a déclaré la secrétaire générale adjointe de l'ONU pour les affaires humanitaires, Valerie Amos, en lançant cet appel.
Selon l'ONU, les morts et les blessés se comptent par centaines dans cette ville en proie à des combats continus depuis plus de 40 jours.
Dans la journée, l'Otan, mise en cause par les insurgés, a promis de protéger les habitants de cette ville de 300.000 habitants située dans l'ouest libyen. Le chef militaire de la rébellion, le général Abdel Fattah Younés, avait accusé l'alliance atlantique de "laisser mourir les habitants de Misrata".
Pourquoi l'Otan bombarde à l'est alors que les forces de Kadhafi sont à l'ouest?
Deux rebelles ont été tués et une dizaine blessés par un raid aérien de l'Otan, ce jeudi, à l'est du port pétrolier de Brega, a-t-on appris de sources hospitalières et auprès des insurgés.
"Il y a eu deux morts et au moins dix blessés dont deux grièvement atteints", a indiqué à l'AFP le docteur Cherif Hassi à l'hôpital d'Ajdabiya où ont été transportées les victimes.
"Il s'agissait d'avions de l'Otan. Ils ont ouvert le feu deux fois en direction d'un char et l'ont fait exploser", a indiqué à l'AFP un rebelle, Ali Sahli.
"Pourquoi l'Otan bombarde à l'est alors que les forces de Kadhafi sont à l'ouest?", demande un jeune rebelle Omar Mohamed, arrivé à l'hôpital avec le convoi d'ambulances suivi par des véhicules militaires des rebelles.
D'intenses combats opposent depuis une semaine les rebelles aux forces loyales au dirigeant Mouammar Kadhafi autour de Brega.
Vendredi dernier, dans cette même région à l'est de Brega, un raid aérien de l'Otan avait tué « par erreur » neuf rebelles libyens et quatre civils qui circulaient en convoi.
Position américaine confuse: menaces d'une part, rencontres avec Kadhafi de l'autre
Sur un plan diplomatique, la Maison Blanche a lancé mercredi une nouvelle mise en garde au colonel Kadhafi, confirmant que ce dernier avait envoyé un message au président Barack Obama mais sans révéler la teneur de la missive.
Le porte-parole du président Barack Obama, Jay Carney a rappelé que le président Obama répétait depuis des semaines qu'un cessez-le-feu en Libye dépendrait "d'actes et non de mots (et) d'une fin des violences".
En réponse au message de Kadhafi, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a appelé le dirigeant libyen à imposer un cessez-le-feu, à retirer ses forces et à partir en exil.
Or, à Tripoli, un ancien parlementaire américain a annoncé se trouver mercredi en Libye, à l'invitation de l'entourage de Kadhafi.
"Notre objectif est de rencontrer le colonel Kadhafi aujourd'hui et de le persuader de quitter le pouvoir", écrit le républicain Curt Weldon dans le New York Times.
Weldon, qui a été représentant (député) de 1987 à 2007, explique conduire "une petite délégation privée, à l'invitation du directeur de cabinet du colonel Kadhafi". Il précise que ce déplacement est connu de l'administration Obama et de membres du Congrès de la majorité et de l'opposition.
"L'Amérique doit jouer un rôle décisif pour aider les Libyens à bâtir un nouveau gouvernement", rapporte Curt Weldon, et convaincre Kadhafi de quitter le pouvoir est la première étape.
"Je l'ai rencontré suffisamment de fois pour savoir qu'il ne suffira pas de le bombarder pour qu'il se soumette", poursuit-il, évoquant la nécessité d'un cessez-le-feu.
Parlant d'identifier de possibles futurs dirigeants libyens, Weldon préconise des rencontres entre le camp Kadhafi et la rébellion, et suggère la création d'une commission chargée de réfléchir à l'avenir institutionnel du pays.
D'après l'ex-parlementaire, l'un des fils de Mouammar Kadhafi, Seïf al-Islam, "pourrait jouer un rôle constructif" dans cette commission.
Or, le Conseil national de transition (CNT), qui représente les rebelles, avait rejeté lundi l'idée d'une transition menée par Seïf al-Islam.
Cependant, Mark Toner, un porte-parole du département d'Etat a prétendu que Weldon "n'est pas porteur d'un message" de l'administration. "Je ne sais pas si cela peut aider ou pas", s’est il contenté de dire.
Toner a en outre expliqué que le diplomate Chris Stevens est arrivé mardi à Benghazi pour servir d'émissaire auprès de la rébellion et tenter de mieux connaître ses objectifs.