Selon Karzaï, les dirigeants des talibans et leurs représentants rencontrent tous les jours les Américains.Une conférence avec le ministre américain de la guerre Chuck Hagel a été annulée.

Les talibans, en menant des attentats suicide en Afghanistan, font le jeu des Etats-Unis, avec qui ils discutent hors du pays dans le dos des autorités afghanes, s'est offensé dimanche le président Hamid Karzaï.
  
"L'Amérique dit que les talibans ne sont pas ses ennemis et qu'elle n'est pas en guerre contre eux. Pourtant, les talibans, sous ce nom, intimident chaque jour notre peuple", a vitupéré le chef de l'Etat afghan dans un discours.
  
Samedi, les insurgés ont lancé deux attentats suicide, l'un à Kaboul et l'autre à Khost, un bastion taliban dans l'est du pays, tuant au total 17 civils - dont 8 enfants - et deux policiers et faisant une quinzaine de blessés.
  
"Nous voulions envoyer le message que nous sommes toujours capables de viser Kaboul, même quand un responsable de haut rang de la Défense américaine est présent", avait justifié un porte-parole taliban en référence à la présence à Kaboul de Chuck Hagel, le secrétaire à la Défense américain.
  
"Les bombes qui ont été activées n'ont pas servi à montrer leur force à l'Amérique, mais à la servir. Cela a servi leur slogan pour 2014, qui nous effraie et dit que s'ils (l'armée américaine) ne restent pas ici, notre peuple sera éliminé", a lancé Hamid Karzaï.
  
"C'est tout simplement incorrect", a réagi un haut responsable militaire américain. "Les Etats-Unis et le gouvernement partagent une vue commune, qui est que les talibans sont l'ennemi", a-t-il ajouté.
  
Un tel discours du président Karzaï n'est pas de nature à plaire aux Etats-Unis alors que le nouveau chef du Pentagone effectue la première visite de son mandat en Afghanistan.
  
Hamid Karzaï a également remarqué que "les dirigeants des talibans, leurs représentants, rencontrent tous les jours les Américains" "en Europe ou dans les pays du Golfe".
  
Kaboul et Washington se querellent de plus en plus régulièrement à moins de deux ans du retrait de l'essentiel des troupes américaines d'Afghanistan.
Tandis que les deux capitales négocient un pacte stratégique qui déterminera la nature de la présence américaine sur le territoire afghan après 2014.
  
Samedi, la cérémonie du transfert complet de la prison militaire de Bagram -- dont une partie est encore contrôlée par l'armée américaine -- aux autorités afghanes ne s'est pas tenue alors qu'elle avait été annoncée par le président Karzaï.

Une conférence de presse annulée

Selon l’AFP, les propos du numéro un afghan ont irrité la délégation américaine présidée par le ministre de la guerre américain Chuck Hagel.

Une conférence de presse prévue dimanche soir entre Karzaï et le responsable américain qui effectue sa première visite en Afghanistan depuis sa prise de fonctions a été annulée.

Les raisons invoquées diffèrent entre celles formulées par les Afghans et celle exprimées par les Américains.
Un responsable du palais présidentiel afghan a estimé que l'annulation de la conférence de presse était liée à des "pressions au niveau du calendrier", rapporte l’AFP.
Alors que des responsables américains sous couvert d'anonymat  ont invoqué «  des raisons de sécurité », refusant de préciser les risques posés pour la sécurité de cette conférence de presse.

Le porte-parole du Pentagone George Little a pris le soin de signaler que l‘annulation de la conférence de presse n’est pas due aux déclarations matinales du président afghan qui ont toutefois irrité la délégation américaine.
      "La conférence de presse n'a pas été annulée à cause des récents propos du président", a-t-il déclaré, ajoutant que M. Hagel se "réjouit" de l'entretien qu'il doit avoir dimanche soir avec Hamid Karzaï.