Il est question d’un plan visant à expulser les Alaouites de Tripoli

Selon des sources sécuritaires et politiques concordantes, une forte tension règne à Tripoli où de nombreux incidents ont lieu ces dernières heures dans le but évident de provoquer un embrasement de la situation entre les quartiers sunnite de Bab tebbané et alaouite de Jabal Mohsen. Des remblais ont été érigés entre ces deux secteurs et jeudi soir, une grenade Energa a explosé dans la zone faisant deux blessés.

Des jeunes gens de Bab el-Tebbané ont aussi incendié mercredi soir  trois camions citernes qui revenaient de Syrie, après avoir battu et séquestré pendant plusieurs heures leurs conducteurs. Ils ont inscrit avec des bombes de peinture noire sur les poids-lourds le nom du Front al-Nosra, le groupe extrémiste proche d’Al-Qaïda qui combat l’armée régulière syrienne. Les jeunes gens s’en sont par ailleurs pris à quatre autres camions dont ils ont démonté et volé les roues et plusieurs autres pièces mécaniques.

Ces provocations interviennent quelques heures après des déclarations alarmistes du responsable politique du Parti arabe démocratique, Rifaat Eid, qui a fait état d’un plan visant à expulser les alaouites de Tripoli, «comme ils l’ont fait avec les chrétiens», en allusion aux groupes extrémistes salafistes très influents dans le chef-lieu du Liban-Nord.

Le ministre de la Défense, Fayez Ghosn, a partagé cette inquiétude, faisant état de tentatives de semer la fitna intercommunautaire au Liban. «La situation n’est guère rassurante, l’ombre de la discorde pointe à l’horizon», a-t-il dit dans des déclarations reprises par l’Agence nationale d’information (Ani, officielle). Selon lui, la situation est tellement grave qu’«elle nécessite un effort exceptionnel de chacun pour protéger le pays de cette menace». M. Ghosn a indiqué que «la sécurité est la responsabilité de tous les Libanais», exhortant toutes les parties à cesser d’exploiter le communautarisme et le confessionnalisme».

Le ministre de la Défense a indiqué que «l’armée, dont la mission consiste à préserver la stabilité, n’hésitera pas à accomplir son devoir». «Les événements de 1976 ne se reproduiront pas», a-t-il assuré, en allusion à la décision de l’armée de ne pas sévir contre les protagonistes au début de la guerre civile.

Pour sa part, le commandant en chef de l’Armée, le général Jean Kahwaji, avait tenu des propos similaires lors d’une réunion avec les chefs des différentes unités militaires déployées dans le pays. Il les a appelés à rester vigilants pour défendre le pays contre les agressions israéliennes et la menace terroriste, et a menacé de frapper d’une main de fer ceux qui provoquent la discorde.

Médiarama