Le Président Alassane Ouattara a appelé dans un discours à la nation, à la réconciliation. Laurent Gbagbo reste assiégé dans sa résidence présidentielle.
Après les crimes et les violences vient la voix de la raison. Alassane Ouattara, président reconnu de Côte d'Ivoire, a appelé jeudi soir à la réconciliation de tous les Ivoiriens, alors que ses combattants sont accusés d’avoir commis des massacres à grande échelle au cours de leur progression rapide depuis le nord du pays.
La ville de Duekoué, à l’ouest du pays, en a subi les plus grandes pertes. Selon diverses agences humanitaires, plusieurs centaines de personnes ont été tuées le 29 mars.
"La lumière sera faite sur tous les massacres et les crimes", a promis jeudi soir Alassane Ouattara dans une allocution solennelle à la nation. "Les auteurs des crimes seront sanctionnés", a-t-il insisté, demandant à ses troupes "d'être exemplaires dans leur comportement, de s'abstenir de tout crime, de toutes violences contre les populations ou de tout acte de pillage".
"J'invite tous mes compatriotes à s'abstenir de tout acte de vengeance", a-t-il aussi déclaré. "La Côte d'Ivoire est une et indivisible", a-t-il assuré, en s'engageant à être le président "de tous les Ivoiriens", qu'ils soient musulmans comme lui, chrétiens comme Laurent Gbagbo, ou d'une autre confession.
Evoquant la situation du conflit sur le terrain, il a annoncé qu'"un blocus a été établi autour du périmètre" de la résidence présidentielle où Laurent Gbagbo "s'est retranché avec des armes lourdes et des mercenaires". L'objectif est "de sécuriser les habitants de ce quartier" d'Abidjan, a-t-il précisé dans ce discours télévisé.
Tout en appelant ses forces "à prendre toutes les dispositions pour assurer le maintien de l'ordre et la sécurité des biens", ainsi que la liberté de mouvement dans le pays, il a annoncé que « le couvre-feu sera allégé à partir de vendredi 8 avril en vue de permettre un retour progressif à la normale".
Lors de son allocution, Alassane Ouattara s'est aussi prononcé pour le redémarrage rapide de l'économie du premier exportateur mondial de cacao. "J'ai demandé que les sanctions de l'Union européenne sur le port d'Abidjan et San Pedro et sur certaines entités publiques du fait du régime illégitime de Laurent Gbagbo soient levées", a-t-il dit.
A Washington, la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, s'est associée au secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon pour dénoncer "les attaques inacceptables contre des casques bleus de l'ONU" en Côte d'Ivoire. Les deux responsables ont « passé en revue les efforts internationaux pour soutenir le peuple ivoirien et obliger Laurent Gbagbo à se retirer immédiatement", a indiqué le département d'Etat dans un communiqué.