Le montant de l’aide est très inférieur aux centaines de milliards déboursés pour la Grèce et aux dizaines de milliards versés au Portugal, à l’Irlande et pour renflouer le secteur bancaire espagnol.
La zone euro et le FMI ont trouvé samedi matin un accord sur un plan de sauvetage d'un maximum de 10 milliards d'euros pour Chypre, en échange d'une taxe exceptionnelle sur les dépôts bancaires qui rapportera près de 6 milliards.
Nicosie devient ainsi le cinquième pays de la zone euro à bénéficier d'un programme d'aide internationale.
Le montant de l'aide est très inférieur aux centaines de milliards déboursés pour la Grèce et aux dizaines de milliards versés au Portugal, à l'Irlande et pour renflouer le secteur bancaire espagnol.
Mais, chose nouvelle, pour réduire leur participation, les bailleurs de fonds ont demandé à Nicosie d'instaurer une taxe exceptionnelle de 6,75% sur les dépôts bancaires en-deçà de 100.000 euros et de 9,9% au-delà de ce seuil, ainsi qu'une retenue à la source sur les intérêts de ces dépôts.
Ces prélèvements devraient rapporter au total 5,8 milliards d'euros, a indiqué samedi le chef de file de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem.
A ces taxes, s'ajoutent des privatisations et une hausse de l'impôt sur les sociétés qui passera de 10 à 12,5%.
Les bailleurs de fonds de Chypre ont renoncé à un effacement de dette, qui aurait fait subir de lourdes pertes aux créanciers privés et qui était fermement rejetée par Nicosie, mais tous les épargnants seront touchés par ces nouvelles taxes, qu'ils soient chypriotes ou étrangers, en particulier russes.
Les autorités ont déjà pris des mesures pour geler les sommes sur les comptes et une loi devrait être adoptée au cours du weekend pour permettre cette opération et empêcher une fuite massive des capitaux.
"On ne pénalise pas Chypre", a estimé M. Dijsselbloem. "Nous sommes aux côtés du gouvernement chypriote, c'est ce paquet qui permettra une restructuration du secteur bancaire et rendra la dette durable", a-t-il expliqué.
"La solution présentée est durable, pérenne et dans l'intérêt de l'économie chypriote", a renchéri la directrice du FMI, Christine Lagarde, dont l'institution devrait participer au plan d'aide chypriote même si aucun ordre de grandeur n'a été évoqué publiquement. Selon une source diplomatique européenne, la contribution du FMI pourrait avoisiner un milliard d'euros.
Les taxes sur le capital et les intérêts des dépôts seront entièrement compensées par la distribution d'actions, a indiqué le ministre chypriote des Finances, Michalis Sarris, soulignant que les mesures prises ont permis d'éviter "des coupes dans les salaires et les pensions".
Chypre avait demandé en juin une aide financière à l'UE et au FMI pour l'aider notamment à renflouer ses deux principales banques, plombées par la crise grecque.
Mais ses bailleurs de fonds n'étaient pas prêts à lui accorder 17,5 milliards d'euros, soit l'équivalent de son PIB: ils craignaient que le pays ne puisse rembourser une somme trop importante et que la dette explose à des niveaux insoutenables, une fois l'aide versée. Au final, la dette chypriote sera ramenée à 100% du PIB en 2020.
"Je ne peux imaginer que nous laissions passer le week-end sans avoir résolu le problème chypriote", avait estimé jeudi le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker, qui fut le patron des ministres des Finances de la zone euro pendant huit ans.
L'Allemagne, qui s'était montrée prudente sur les possibilités d'un accord ces derniers jours, avait elle fait pression pour que Chypre lutte activement contre le blanchiment d'argent. Après avoir traîné les pieds, Nicosie a accepté de se soumettre à un audit dont les premières conclusions sont attendues à la fin du mois.
Nicosie devrait également se tourner vers la Russie, dont elle est proche économiquement et culturellement, mais la contribution de Moscou devrait être limitée. "Le pays est prêt à prolonger le remboursement d'un prêt" de 2,5 milliards d'euros venant à échéance 2016 "et à réduire les taux d'intérêt, mais il n'entend pas aller au-delà", a prévenu le commissaire européen en charge des Affaires économiques, Olli Rehn.