"Les responsables russes ont dit qu’ils ne participeraient pas à un nouveau cycle de négociations sur le contrôle des armes, à moins que les Etats-Unis ne répondent à leurs inquiétudes".
Le Pentagone, qui a annoncé vendredi la restructuration du programme de bouclier antimissile européen, cherche une "alternative" au missile initialement envisagé, a affirmé samedi un responsable américain, ce qui apparaît, selon des observateurs, comme un geste d'apaisement à l'égard de la Russie.
"La phase finale (du bouclier antimissile de l'Otan) est restructurée en raison de coupes budgétaires par le Congrès et de l'évolution de la technologie. Le but est de rechercher une alternative au plan initial", a déclaré à l'AFP ce responsable de l'administration.
Lors d'une annonce au Pentagone vendredi consacrée au renforcement de la défense antimissile américaine face à la Corée du nord, le chef du Pentagone Chuck Hagel avait évoqué une "restructuration" du programme antimissiles de l'Otan pour faire face à une « menace iranienne ».
Concrètement, l'installation en Turquie d'un radar TPY-2 conçu pour détecter les lancements de missiles balistiques et leur trajectoire est toujours prévue, de même que le déploiement d'ici 2018 de 24 missiles intercepteurs SM3-IIA en Roumanie, et autant en Pologne.
A partir de 2022, une nouvelle variante, le SM3-IIB, devait également être installée sur ces sites. "Nous n'envisageons plus de le faire, mais nous continuerons d'avoir le même nombre d'intercepteurs", a indiqué le numéro trois du Pentagone, James Miller.
Le missile SM3 embarque un "véhicule tueur exo-atmosphérique" qui, dans sa version IIA, a une vélocité de 4,5 kilomètres par seconde. Mais dans sa version IIB, en cours de mise au point, la vélocité passerait à 5,5 km/s, le rendant plus efficace contre les missiles intercontinentaux, selon l'Arms Control Association.
Ce dernier point inquiète les autorités russes, qui craignent que le bouclier antimissile européen ne soit en fait dirigé contre la Russie, menaçant sa capacité de dissuasion nucléaire.
"Il n'a jamais été question de la Russie mais de fournir une défense antimissile à nos alliés en Europe contre les menaces venues d'Iran", a prétendu le responsable américain sous couvert d'anonymat.
Or "les responsables russes ont dit qu'ils ne participeraient pas à un nouveau cycle de négociations sur le contrôle des armes, à moins que les Etats-Unis ne répondent à leurs inquiétudes", rappelle dans un article Tom Collina, expert à l'Arms Control Association.
Le président Barack Obama a récemment exprimé son intention de négocier avec Moscou une réduction supplémentaire de l'arsenal nucléaire des pays, après l'adoption du traité de désarmement START fin 2010.
Depuis ce traité, les discussions sur le désarmement nucléaire entre les deux anciens rivaux de la guerre froide sont tombées dans le sommeil.