Le mufti de la république a accusé les hommes politiques sunnites et chiites d’être responsables de l’incident.
Les appels au calme du mufti de la République, Mohammad Rachid Kabbani, de dignitaires religieux chiites, du Hezbollah et du Mouvement Amal, ainsi que la totale coopération de ces deux partis avec l’Armée libanaise, a permis d’éviter la discorde sectaire dimanche.
La forte tension provoquée par l’agression contre des cheikhs sunnites, et, quelques heures plus tôt, par des tirs dirigés contre le quartier à majorité chiite de Haret Saïda par un partisan du cheikh Ahmad al-Assir, a pu être désamorcée de justesse.
Les cheikhs Mazen Hariri et Ahmad Fakhran, membres de Dar al-Fatwa, ont été attaqués dimanche soir dans le quartier de Khandaq al-Ghamiq, alors qu'ils se rendaient à la mosquée Mohammad al-Amine. Les deux dignitaires ont été conduits à l'hôpital Makassed pour y être soignés.
Un troisième cheikh aurait été agressé dans la région de Chiyah.
A l'annonce de ces agressions, des manifestants se sont rassemblés dans les rues près de l'hôpital Makassed, brûlant des pneus et réclamant l'arrestation des agresseurs.
Réalisant très vite la gravité de la situation, Amal et le Hezbollah ont publié un communiqué commun, condamnant sévèrement cette «tentative de semer la fitna» et demandant à l’armée d’arrêter les agresseurs et à la justice de les punir sévèrement. Selon des informations sûres, des responsables des deux partis sont descendus sur le terrain pour éviter les frictions et pour aider l’armée à identifier, localiser et appréhender les suspects.
Ceux-ci seraient, selon diverses sources, des «voyous récidivistes qui s’adonnent à la drogue et qui sont connus pour susciter des disputes.» L’armée a renforcé sa présence et ses patrouilles et tard en soirée, elle a publié un communiqué annonçant l’arrestation des suspects.
«Après les attaques contre des hommes de religion à Khandaq al-Ghamiq et Chiyah, l'armée s'est rendue aux domiciles des suspects et en a arrêté cinq», précise le texte qui ajoute que l'armée poursuit son enquête.
Réagissant à partir de Rome, où il doit assister à l’intronisation du pape François 1er, le Premier ministre Najib Mikati a dit sur son compte Twitter: «Que Dieu protège le Liban des dissensions confessionnelles. Les coupables devront rendre des comptes quel que soit le parti auquel ils appartiennent».
Le ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, a affirmé lundi qu’une enquête a été ouverte pour identifier les instigateurs des agressions contre les dignitaires religieux. «J’ai rencontré les cheikhs qui ont appelé au calme, la justice enquête sur ces agressions», a déclaré M. Charbel.
Le mufti de la République, cheikh Mohammad Rachid Kabbani, s’est rendu lundi au chevet des deux cheikhs hospitalisés à Makassed pour s’enquérir de leur état de santé et s’informer des circonstances de l’affaire.
A l’issue de la visite, il a accusé les hommes politiques sunnites et chiites d’être responsables de l’incident.
«C’est le résultat de votre guerre politique et de vos discours provocateurs», a dit le mufti.
«Je n’accuse personne, mais il faut mettre un terme à ce genre d’incidents parce que la situation est devenue très grave. Si le feu se propage au Liban, ce sera la faute du 14 et du 8 Mars», a-t-il conclu.
source: mediarama