Contrairement au matraquage médiatique qui soupçonne le pouvoir syrien, ce sont les insurgés qui l’ont de nouevau utilisé.
Nouveau rebondissement dramatique de la crise syrienne : à peine 24 heures après la désignation d’un chef "d’un gouvernement d’intérim" de l'insurrection à Istanbul, une évolution dramatique sur le terrain est survenue dans le gouvernorat d’Alep, lequel devrait faire partie de la zone d’influence de cette instance.
Selon l’agence Sana, des miliciens de l’insurrection syrienne ont pilonné aux armements chimiques une localité provinciale aleppine loyaliste, Khan el-Assal, située à l’ouest d’Alep.
« Un missile avec une tête chimique s'est abattu dans la province d'Alep (nord) faisant 15 morts », décrit-elle dans une première information.
Depuis le début du mois de mars, les insurgés ont mené une bataille acharnée pour occuper l’Académie de police située à Khan el-Assal. Selon l’AFP, près de 200 soldats et rebelles y ont péri. Citant l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), instance de l’insurrection siégeant à Londres et alimentant les agences internationales sur les nouvelles syriennes, l’agence signale que la semaine passée, l'armée régulière avait lancé une contre-offensive et avait repris une grande partie du village.
Concernant le bilan encore provisoire, l’agence syrienne a fait état dans un premier temps de 15 tués. Les dernières informations rendent compte de 26 tués, dont 16 militaires, et de 86 blessés, dont la plupart étant dans un état critique.
« Aussi bien des militaires que des civils syriens », a expliqué une source syrienne à la télévision al-Mayadine
Les images de la région publiées sur la télévision al-Mayadine montrent des colonnes de fumée émanant de plusieurs endroits.
Un médecin d’un hôpital aleppin a révélé pour la télévision al-Mayadine que des dizaines de personnes atteintes d’asphyxies et de problèmes respiratoires ont été hospitalisés. Evoquant des cas de coma, il a attribué ces symptômes à l'inhalation de produits chimiques phosphoriques.
Le ministre de l'Information syrien Omrane al-Zohbi a qualifié d'"escalade dangereuse, le tir par des terroristes d'un missile contenant des produits chimiques à partir de Kfar Daël dans la région de Naïrab (est d'Alep) vers la région de Khan al-Assal (ouest de la métropole)".
Intervenant à la télévision, il s’en est pris à la Ligue arabe (...) la communauté internationale et aux Etats qui arment, financent et hébergent les terroristes ainsi que le gouvernement (turc) d'Erdogan et le Qatar" après "ce crime perpétré par les terroristes qui ont utilisé une arme prohibée par la loi internationale.
Réponse de l’ASL : le gouvernement veut tuer son armée !!!
Comme de coutume, les sources de l’insurrection ont rejeté l’accusation sur les forces gouvernementales.
"Nous comprenons que l'armée a visé Khan al-Assal en utilisant un missile de longue-portée et nos informations initiales indiquent qu'il peut avoir contenu des armes chimiques. Il y a beaucoup de victimes et de nombreux blessés ont des problèmes de respiration", a déclaré à l'AFP un porte-parole de l'ASL, Louaï Moqdad, qui participe à la réunion de l'opposition à Istanbul.
"Nous n'avons ni missile de longue portée, ni arme chimique", a-t-il prétendu.
Alors que l'OSDH s’est contenté de confirmer le lancement d’un missile sol-sol contre une position de l'armée à Khan al-Assal, soulevant le doute sur sa nature chimique, au motif qu’elle n’est pas en mesure de dire si l'ogive contenait des armes chimiques. Elle a fait état de 16 soldats et de 10 civils tués.
Ce n’est pas une première
Ce recours à l'arme chimique n'est certes pas une première. Le mois de décembre dernier, 7 soldats de l’armée régulière syrienne avaient trouvé la mort dans la localité de Daraya, près de Damas, après que des hommes armés ont utilisé des matières gazeuses dans des boites en plastique.
Selon la télévision russe « Russia Today », citant une source militaire à la garde présidentielle syrienne, « les boites en question contiennent un bouton jaune qui, une fois pressé, laisse dégager un gaz de couleur jaune. Ce gaz provoque le disfonctionnement des muscles de l’homme et ensuite sa mort, juste une heure après son inhalation », explique-t-on de la même source.
Et des images à l'appui: le silence de l'ONU
Durant ce même mois, une vidéo sur la toile, ( reprise sur notre site dans un article intitulé " des produits chimiques chez les miliciens: pour des Alaouites comme des lapins") a filmé des hommes encagoulés se présentant comme étant des membres du Bataillon du «Vent destructeur » et se vantant d’avoir entre les mains une production de gaz neurotoxique. Ils étaient en train d’exécuter deux lapins en cage.
L’un d’entre eux a juré qu’il allait infliger aux Alaouites le même sort que celui des lapins.
Le ministère syrien des affaires étrangères avait alors adressé un message à l’ONU dans laquelle il a révélé que les miliciens du front al-Nosra d’Al-Qaïda se sont emparés d’une usine privée fabriquant du chlore toxique, en l’occurrence la syro-saoudienne SYSACCO qui fabrique de la soude caustique et du gaz chlorhydrique, à l'est d'Alep (nord).
Ayant mis en garde « contre l'utilisation par les groupes terroristes d'armes chimiques contre le peuple syrien », il n’a reçu aucune réponse de l’organisation onusienne.
Préparer le terrain pour le gouvernement d'Istanbul
Selon un observateur des évènements syriens ayant requis l’anonymat, cette attaque est prévue, surtout qu’elle intervient au lendemain de la désignation de Ghassan Hitto à la tête d’une nouvelle instance de l’insurrection baptisée « le gouvernement d’intérim » et qui devrait prendre le contrôle des régions confisquées par les miliciens armés. En l’occurrence « les territoires du nord et de l’est », selon les membres de la Coalition, rapportés par l’AFP.
« Seule une partie de ces régions a été confisquée par les miliciens de l’insurrection syrienne. Donc la bataille devrait s’enflammer pour s’emparer des autres régions. Il faut préparer le terrain pour ce gouvernement d'Istanbul. Nous allons être témoin d’un embrasement de grande envergure», a prédit cet observateur pour notre site. Et selon lequel la bataille n'est certes pas gagnée d'avance pour les insurgés.