Face à la perte à grande vitesse de profession et de vocation de foi au sein de l’Église et une image de plus en plus ternie du Vatican, l’heure est-elle au changement ?
Il y a quelques jours de cela, les évêques du monde entier élisaient le nouveau Pape, François d'Assise. Après le renoncement retentissant de son prédécesseur Benoît XVI, beaucoup de fidèles, de spécialistes du monde entier y ont vu la nécessité de faire un bilan sur l’Être actuel de l’Église et son devenir.
En effet, pour nombre d'entre eux, cet événement dépasse les affaires strictement internes de l’Église et même de la Chrétienté dans le monde.
La perte à grande vitesse de la notoriété du Vatican et les scandales à répétition qui l’entachent amènent indubitablement à une prise de conscience.
La démission de Joseph Ratzinger à la papauté est-elle en lien, surtout que celui-ci appelait lors de son discours à « une réorientation de l’Église » pour « ne pas la laisser couler »?
Depuis Paris, Père Michel Lelong, homme d’Église, écrivain et cofondateur du groupe d'amitié islamo chrétienne nous parle du rôle de la papauté au niveau international.
Tenant à rappeler le rôle d'un pape au sein de l'Eglise, il a insisté sur le fait que celui-ci, bien qu'il soit reconnu par les catholiques et les orthodoxes, ne jouit pas de pouvoir politique. L'autorité spirituelle est quant à elle partagée avec l'ensemble des évêques.
Selon Père Lelong, le rôle du Vatican se limite à un message spirituel dans un contexte politique.
Philippe Prevost, historien et auteur de plusieurs ouvrages sur l’Église catholique précise que bien que très malade (problème cardiaque), un Pape se doit d'aller jusqu'au bout de sa mission, en soit, « on est Pape jusqu'à la mort ».
Et d'insister ainsi sur le caractère extraordinaire de ce renoncement dont le dernier en date a eu lieu il y a 600 ans de cela.
Nos deux spécialistes aux points de vue différents concernant le rôle du Pape et du Vatican en général se sont pourtant entendus sur un événement décisif pour l'Eglise et l'ensemble des fidèles : Le Concil 2 signé fin 19eme, début 20eme siècle.
Monsieur Prevost, explique que lors de la signature de ce Traité, deux positions se sont opposées. Celle des évêques qui souhaitaient que tout soit centré autour de Dieu et celle qui préconisait l'importance centrale de l'Homme.
Pour l'historien, il s'agit là d'une fausse unanimité où deux positions totalement contradictoires cohabitent.
C'est en quelque sorte, « une loi destinée à être violée », une loi qui a enclenché la fin de l’Église catholique. Mais, toujours selon celui-ci, celle-ci renaîtra de ses cendres pour revenir enfin, aux valeurs fondamentales de la religion où les fidèles se réorienteront vers Dieu.
Père Lelong, préfère parler d' « alliance entre le message du Christ en prenant compte des réalités du monde moderne ».Cependant, il n'a pas nié que se sont « des hommes qui ont signé le texte et que des erreurs importantes ont pu s'y immiscer ».
Et de critiquer avec véhémence certaines presses du monde actuel qui sont aussi responsables de l'image négative de la religion véhiculée aujourd'hui dans la masse.
L’Église mais aussi l'Islam sont pour de nombreux médias présentés de façon « inacceptable, superficielle et sans fondement ».
Pour lui, « lorsque l'homme se permet à lui seul de décider du bien ou du mauvais des valeurs fondamentales, il ne peut qu'aboutir à une civilisation où les fondamentaux sont rejetés, comme ce que l'on peut déplorer en Occident. »
Quant à savoir leurs pronostics sur le nouveau Pape, tous deux prévoyaient une personnalité jeune avec un retour aux sources chrétiennes.
Avaient-ils vu juste ?
Selon bon nombre de presses spécialistes dans le domaine du catholicisme, le nouveau Pape s'est démarqué de ses prédécesseurs.
Tout d'abord son élection au Saint-Siège est une première pour l'Eglise catholique, qui n'a jamais été dirigée par un représentant Jésuite, ni même par un cardinal d'Amérique du Sud.
L'ancien évêque Jorge Mario Bergoglio s'est également fait connaître par son mode de vie proche des favelas et loin de toute ostentation. Ce n'est d'ailleurs pas anodin si l'homme d’Église que l'on a surnommé le Pape des pauvres a refusé de porter certaines parties de l'habit papal comme l’énorme croix pectorale.
Toujours selon les spécialistes, Pape François serait un fervent gardien d’un catholicisme traditionnel et très attaché à la doctrine de l’Évangile sur la famille, le mariage et l’avortement.
Une réorientation de l’Église est-elle en vue ? Face à une "despiritualisation" flagrante de la société, le nouveau Pape saura-t-il ramener les fidèles à la foi et faire du Vatican un centre de décision pour la politique internationale ?
Eline Briant