Paris livrerait des armes à l’opposition syrienne depuis janvier, selon le Nouvel Observateur. La majorité des citoyens français, britanniques et américains contre l’envoi d’armes à l’opposition syrienne (Sondage).
Les pays européens n'ont pas réussi à se mettre d'accord vendredi sur l'envoi d'armes aux rebelles syriens, une initiative franco-britannique jugée trop risquée par la plupart des autres capitales de l'UE.
Le débat sur cette question aux multiples implications va donc se poursuivre "au cours des prochaines semaines", avec le 31 mai comme date butoir.
Réunis à Dublin, les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne ont eu "des discussions utiles mais les différences de point de vue demeurent profondes", a indiqué une source proche de la présidence irlandaise semestrielle de l'UE.
Le Britannique William Hague a pourtant jugé que l'aggravation du conflit en Syrie plaidait "fortement pour une levée de l'embargo à la fin mai, ou, à minima, pour de sérieux amendements".
Son homologue français Laurent Fabius a prétendu que la fourniture d'armes n'avait pas pour objectif de militariser davantage le conflit mais "à permettre de débloquer la situation politique, d'aider les résistants (extrémistes) pour qu'ils ne reçoivent plus de bombes des avions de Bachar al-Assad".
Pour tenter de dégager un compromis avec les autres Européens, plusieurs pistes techniques et juridiques sont étudiées par Londres et Paris. Elles viseraient à maintenir l'apparence d'unité des 27 tout en autorisant les pays qui le souhaitent à soutenir plus ouvertement l'Armée syrienne libre (ASL).
L'une de ces pistes vise à établir une distinction entre la livraison d'armements létaux à caractère offensif, qui resterait interdite, et celle d'armes à usage défensif, qui serait autorisée.
Cette différence reste cependant difficile à formaliser. "Un missile sol-air est-il une arme offensive ou défensive? Ca dépend de son utilisation et du contexte", fait remarquer un expert militaire.
Berlin, Vienne, Dublin opposés
Le chef de la diplomatie allemande Guido Westerwelle a indiqué qu'il restait "très réticent". C'est "une question vraiment complexe" à régler car "d'un côté, il faut aider la population et, de l'autre, s'assurer que les armes offensives ne tombent pas entre de mauvaises mains", selon lui.
Plus remonté, l'Autrichien Michael Spindelegger a affirmé que "l'UE n'avait pas été créée pour livrer des armes" et qu'il ne pouvait "y avoir d'amendements à ce principe".
Il a menacé de retirer les quelque 400 Casques bleus autrichiens stationnés sur le Plateau du Golan si l'embargo était levé.
"Une militarisation accrue de la situation n'aidera certainement pas" à la recherche d'une solution politique, que tous les Européens recherchent, a également prévenu l'Irlandais Eamon Gilmore.
Paris prétend avoir une bonne connaissance des groupes combattants et pouvoir déterminer quels sont ceux à qui les Européens peuvent faire confiance, selon un responsable diplomatique.
Si aucun consensus ne se dégage d'ici au 31 mai, Londres et Paris ont d'ores et déjà prévenu qu'ils pourraient agir unilatéralement.
Paris livrerait des armes à l'opposition syrienne depuis janvier
Depuis plusieurs semaines, la France livrerait des armes aux rebelles syriens, malgré l'embargo imposé par l'Union européenne, qui interdit de telles livraisons, selon Vincent Jauvert, du Nouvel Observateur:
«Selon une source fiable au sein de l'appareil d'Etat français, François Hollande a décidé mi-décembre de livrer des armes à l'Armée syrienne libre à des groupes sélectionnés par les services de renseignement. Cette décision a été prise en concertation avec la Grande Bretagne et les Etats-Unis, qui, selon cette source, ont fait le même choix. Elle fait suite à la visite à l'Elysée le 17 novembre du président de la Coalition nationale syrienne, Ahmed Moaz al-Khatib, que les autorités françaises ont, trois jours auparavant et à la surprise générale, reconnu comme "le seul représentant du peuple syrien".»
Les premiers envois auraient eu lieu début janvier selon le site de l'hebdomadaire.
Sondage: les Français, Britanniques et Américains contre l'envoi d'armes
Entre-temps, plusieurs sondages ont révélé que la majorité des citoyens Français, Britanniques et Américains sont contre l'envoi d'armes à la rébellion syrienne.
Soixante et un pour cent des Français s'opposent à la livraison d'armes aux rebelles syriens qui pourraient selon eux tomber entre les mains de groupes radicaux, selon un sondage Ifop pour Atlantico publié jeudi. Ils ne sont que 26% à se dire favorables à l'envoi d'armes à la rébellion.
Un autre sondage publié vendredi par le quotidien britannique The Guardian a révélé que 57 % des Britanniques sont opposés à la livraison d’armes aux rebelles syriens contre 16%.
Alors que 45 % des Américains se sont dits contre ce processus et 16 % l’ont approuvé.