Le Qatar appelle le chef de l’opposition syrienne à revenir sur sa démission.
Un Sommet arabe se tient, à partir de mardi, dans la capitale qatarie, Doha. L'opposition est invitée à cette rencontre. Par qui? La Ligue arabe ou le Qatar qui abrite le sommet?
Une invitation a été adressée à l'opposition, pour venir «siéger», à la place du pouvoir syrien, au Sommet de la Ligue arabe, qui a lieu, dans la capitale qatarie, Doha.
La question qui se pose est, qui a pris l'initiative d'inviter une «opposition» syrienne, qui ne représente qu'elle-même, qui se déchire, alors même qu'elle est encore loin d'avoir mis à genoux le régime en place.
Coup sur coup, au moment où l'annonce de cette invitation, à Doha, est faite, le chef de la «coalition» de l'opposition syrienne, Ahmed Moaz al-Khatib avisait, à grand fracas, de sa démission, en tant que chef de cette coalition hétéroclite, au moment où «l'Armée syrienne libre» (ASL, formée de déserteurs et de mercenaires)) enfonçait le clou, en indiquant ne pas reconnaître le «Premier ministre» du gouvernement provisoire de l'opposition, Ghassan Hitto.
Et ce sont ces gens, qui ne s'entendent sur rien, si ce n'est le départ du Président Assad, qui sont invités à siéger, auprès des souverains et chefs d'Etat du Monde arabe? C'est sérieux, la parodie, qui est en train d'être donnée par un sommet, qui se devait d'être sourcilleux, sur la qualité de ses membres?
Et puis, comment peut-on inviter une opposition au régime d'un Etat souverain à venir prendre part, en lieu et place de l'autorité légale de cet Etat - jusqu'à preuve du contraire, la seule autorité habilitée à parler, au nom de la Syrie, et à prendre des décisions, en son nom, c'est bien le président syrien et son gouvernement - à une réunion, qui décidera des affaires du Monde arabe?
C'est quoi cette tchekchouka? On savait la Ligue arabe inexistante - un simple sigle peu représentatif, qui ne veut rien dire, dans le monde d'aujourd'hui - mais de là à se soumettre au diktat du pays hôte, voilà qui est, pour le moins, mal venu. Cela, d'autant plus, qu'au moment même où était faite l'annonce de cette information à l'opposition syrienne, les chefs de la diplomatie arabes se réunissaient, à Doha, pour, justement, décider de l'opportunité ou non d'inviter les opposants syriens à assister au Sommet de la Ligue arabe.
Ce qui veut dire que le Qatar a court-circuité le fonctionnement normal du secrétariat de la Ligue arabe, en prenant sur lui d'inviter l'opposition syrienne.
En fait, le Premier ministre et chef de la diplomatie du Qatar, Cheikh Hamad ben Jassem Al-e Thani, s'est prononcé, dès l'ouverture de la réunion des ministres des Affaires étrangères arabes, pour que l'opposition représente la Syrie au sommet. «Nous nous attendons à sa participation au Sommet arabe», a, ainsi, déclaré Cheikh Hamad, dont le pays soutient et finance l'opposition.
Donc, la venue, si elle se confirme, de l'opposition syrienne, au Sommet de Doha, cela sera dû à la seule volonté du Qatar de la voir prendre la place du pouvoir légal, en Syrie.
De fait, Nizar Al-Haraki, «ambassadeur» de la Coalition, au Qatar, lequel a confirmé, en affirmant à l'AFP que son mouvement à reçu une telle invitation, indiquant: «La Coalition nationale syrienne a reçu une invitation officielle, pour participer au sommet arabe, et son chef, Moaz al-Khatib, décidera qui siègera à la place de la Syrie», a-t-il, ainsi, précisé.
Selon la même source, ce sont les chefs de la «Coalition», Ahmed Moaz al-Khatib, et le «Premier ministre» Ghassan Hitto, qui prendront part, aux côtés des chefs d'Etat et souverains arabes, au dit Sommet arabe de Doha.
Or, le premier nommé, Ahmed Moaz al-Khatib a surpris son monde, dimanche, en annonçant, ce même jour, sa démission de la chefferie de la «Coalition» de l'opposition syrienne, la justifiant par «l'inaction», selon lui, de la communauté internationale, indiquant sur sa page Facebook: «J'annonce ma démission de la Coalition nationale, afin de pouvoir oeuvrer, avec une liberté que je ne peux pas avoir, au sein d'une organisation officielle».
Le Qatar appelle le chef de l'opposition syrienne à revenir sur sa démission
Le Qatar a appelé dimanche le chef de l'opposition syrienne, Ahmed Moaz Al-Khatib, à revenir sur sa démission, déplorant qu'elle soit intervenue alors que l'opposition devait représenter la Syrie au sommet arabe.
Dans une déclaration diffusée par l'agence officielle QNA, le Premier ministre et chef de la diplomatie du Qatar, cheikh Hamad ben Jassem Al Thani, a exprimé "l'espoir que M. Khatib reconsidèrera sa décision de démissionner, car elle est intervenue à un moment critique et important".
"Il est important de reconsidérer cette démission, surtout que les préparatifs sont en cours pour accueillir les Syriens (et leur accorder) le siège de la Syrie au sommet arabe", a ajouté cheikh Hamad, en faisant état de contacts pour convaincre M. Khatib de revenir sur sa démission.
Dans un communiqué publié sur sa page Facebook, M. Khatib a accusé les pays soutenant l'opposition, sans les nommer, "de tenter de contrôler la révolte syrienne".
Un opposant syrien qui a requis l'anonymat a affirmé à l'AFP que M. Khatib reprochait "à certains pays, notamment le Qatar, de vouloir contrôler l'opposition" et d'avoir imposé l'élection de Ghassan Hitto, soutenu par les Frères musulmans, comme "Premier ministre" intérimaire.
La coalition n’a pas choisi Hitto
Alors que la surprise de la démission d'Al-Khatib n'était pas encore assimilée, la dite «Armée libre de Syrie» (ASL, formée de déserteurs de l'armée syrienne et de mercenaires étrangers), annonce, à son tour, ne pas reconnaître le «Premier ministre» Ghassan Hitto, celui-là, censé représenter l'opposition, à Doha.
Ainsi, un haut responsable de cette organisation, Louaï Mouqdad, coordinateur politique et des médias, au sein de l'ASL, a affirmé à l'AFP : «Nous, l'ASL, ne reconnaissons pas Ghassan Hitto, comme Premier ministre, car la Coalition nationale ne l'a pas choisi, par consensus».
En effet, Ghassan Hitto, le «Premier ministre» rebelle syrien a été choisi, le 19 mars, après des discussions houleuses, à Istanbul, selon des sources concordantes, proches de l'opposition. En fait, des membres importants de la Coalition, dont son Porte-parole, Walid al-Bounni, avaient décidé de geler leur appartenance, pour ne pas participer à cette élection, qu'ils jugeaient illégitime.
C'est cette opposition désunie et sans objectif que le Qatar veut imposer aux chefs d'Etat et souverains arabes, lors de leur sommet, prévu, demain et mercredi, à Doha.
L'Algérie et l'Irak avaient exprimé leurs réserves sur le fait d'accorder à l'opposition le siège de la Syrie.