23-11-2024 07:13 AM Jerusalem Timing

A Durban, les Brics veulent créer une banque pour défier l’hégémonie occidentale

A Durban, les Brics veulent créer une banque pour défier l’hégémonie occidentale

Monnaies locales plutôt que dollars.

A Durban, les Brics veulent créer une banque pour défier l'hégémonie occidentaleLes dirigeants des pays émergents des Brics se réunissent mardi et mercredi à Durban, en Afrique du Sud, pour leur cinquième sommet annuel, avec l'ambition de créer leurs propres institutions, dont une banque, pour contrecarrer l'hégémonie des Occidentaux.

Présentant les objectifs du sommet, le président sud-africain Jacob Zuma a expliqué lundi: "Au niveau mondial, nous voulons obtenir plus de soutien pour une réforme des institutions internationales, pour la relance du processus de développement de Doha (cycle de négociations entre les Membres de l'Organisation mondiale du commerce, au point mort depuis 2001, ndlr), et pour une réforme (...) du Conseil de sécurité des Nations unies".

Le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud, qui rassemblent 43% de la population et produisent le quart du produit intérieur brut (PIB) de la planète, veulent notamment créer une banque de développement commune, chargée de financer des infrastructures sans avoir à demander l'avis de la Banque mondiale.

De nombreuses questions pratiques resteront cependant à régler avant que commence vraiment à fonctionner cette institution, qui devrait être dotée d'un capital de 50 milliards de dollars. Notamment la question de l'emplacement de son siège, que Pretoria revendique.

L'Afrique du Sud, qui ne cache pas sa fierté d'avoir été invitée à rejoindre ce qui était encore les Bric en 2010 - ils sont depuis devenus Brics avec un "s" final pour "South Africa" -, attend beaucoup de cette manne pour financer son ambitieux programme d'infrastructures, et plus généralement les projets de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC), qui veut investir 500 milliards de dollars en quinze ans.

"La Banque va aider les Brics à supporter les risques financiers et soutenir le développement des pays africains", lui a déjà répondu Ma Zhaoxu, du ministère chinois des Affaires étrangères.

Mais de nombreux observateurs craignent en Afrique du Sud que ce "développement des pays africains" ne se traduise, dans les faits, par un renforcement de la présence chinoise sur le continent.

Les Brics pourraient aussi mettre en réserve une partie de leurs fabuleuses réserves de change - 4.400 milliards de dollars, selon Pretoria -, sans doute 240 milliards, pour s'entraider en cas de coup dur. Et se passer du Fonds monétaire international (FMI), dont c'est le rôle.

Les cinq pays ont aussi dans leurs cartons une agence de notation, un conseil d'entrepreneurs, une classification maison des universités... On évoque également un câble sous marin permettant de transmettre des données à haut débit du Brésil à la Russie via l'Afrique du Sud, l'Inde et la Chine, un projet à 1,2 milliard de dollars.

Monnaies locales plutôt que dollars

Des entretiens bilatéraux sont au programme. Le Brésil espère par exemple signer avec la Chine un accord pour que leurs échanges se règlent en monnaies locales et non plus en dollars.

Gueorgui Toloraïa, directeur du comité national russe pour les études sur les Brics, voit clairement dans ces initiatives un moyen de contourner l'hégémonie des Occidentaux, non seulement au sein des institutions monétaires, mais également au Conseil de sécurité de l'ONU (qui compte la Chine et la Russie comme membres permanents), dont la réforme fait figure de serpent de mer depuis des années.

Pour lui, les Brics sont "une démarche civilisée pour parvenir à ce que devrait être un nouvel ordre mondial". L'analyste note que les cinq pays partagent notamment une culture de non-intervention dans les affaires intérieures des Etats.

A ce propos, les cinq dirigeants entendront un appel du leader syrien Bachar al-Assad, qui leur demande, via le président sud-africain Jacob Zuma, d'"arrêter la violence dans son pays et d'encourager l'ouverture d'un dialogue".

L'hôte du sommet, Jacob Zuma doit aussi recevoir en particulier son homologue chinois Xi Jinping mardi matin à Pretoria- dans le cadre d'une visite d'Etat - puis le Russe Vladimir Poutine quelques heures plus tard à Durban, avant que la présidente brésilienne Dilma Rousseff et le Premier ministre indien Manmohan Singh ne les rejoignent pour un dîner de gala.