Le ministre de l’interieur refuse de présenter ses excuses pour l’usage de gaz lacrymogènes contre des familles accompagnées d’enfants.
Gouvernement et opposition se sont rejeté lundi la responsabilité des débordements de la manifestation de dimanche à Paris contre le mariage homosexuel, poursuivant la bataille de chiffres sur l'ampleur de la mobilisation contre le projet.
Criant victoire, les organisateurs de la "Manif pour tous" ont revendiqué 1,4 million de manifestants, la police n'en dénombrant que 300.000, sans faire fléchir François Hollande, déterminé à aller jusqu'au bout.
"On respecte une mobilisation importante, de gens venus de toute la France", mais "on ira jusqu'au bout", a-t-on assuré dans l'entourage du chef de l'Etat, soulignant que "le processus parlementaire est déjà bien engagé".
Après avoir été adopté en première lecture à l'Assemblée nationale, le texte sur le mariage pour tous sera examiné à partir du 4 avril au Sénat. Les opposants promettent de poursuivre la mobilisation, même si la loi passe.
L'Elysée a également exclu de recevoir pour le moment les chefs de la file des opposants au projet de loi ouvrant la voie au mariage et à l'adoption pour les couples de même sexe, comme ils le réclament.
Des figures de l'opposition réclament la démission du préfet de police de Paris ou du ministre de l'Intérieur Manuel Valls, qu'ils accusent d'avoir mal géré le rassemblement et autorisé l'usage de gaz lacrymogènes contre des familles accompagnées d'enfants.
Mais Manuel Valls a précisé que les policiers avaient utilisé des aérosols, beaucoup moins puissants, pour repousser des petits groupes de manifestants qui tentaient de se rendre sur les Champs-Elysées, dont l'accès avait été interdit.
"Il y avait une volonté de certains groupes d'en découdre", a-t-il dit sur RTL, mettant en cause "des militants d'extrême droite qui ont lancé des boulons sur les forces de l'ordre".
Le ministre s'est refusé à présenter des excuses, jugeant que le comportement des forces de l'ordre avait été "particulièrement maîtrisé et professionnel".
Il a indiqué que 98 personnes avaient été interpellées et six d'entre elles placées en garde à vue, notamment pour des violences sur des agents.
Après Christine Boutin, présidente du Parti chrétien-démocrate et farouche opposante au projet de loi, et les députés UMP Henri Guaino et Hervé Mariton, Eric Ciotti, le "monsieur sécurité" du parti, a accusé le gouvernement de "provocation".
Selon lui, le fait d'avoir interdit l'accès aux Champs-Elysées à "une foule immense" afin de "minorer" par avance l'ampleur du rassemblement était "déjà une faute".
"Je conteste cette idée de débordement. Hier, ce qu'il y a eu, c'est une très mauvaise gestion de cette manifestation par le gouvernement et cette gestion relève de la provocation", a-t-il dit sur Europe 1.
Il a jugé comme nombre d'élus de droite que la réaction des forces de l'ordre confrontées à "quelques petits incidents" était "disproportionnée".
"J'ai vu personnellement des familles qui ont été l'objet de gaz lacrymogène, avec des enfants, avec des poussettes", a-t-il ajouté, en insistant sur le caractère pacifique des manifestants.
Pour Hervé Mariton, la démission de Manuel Valls devrait "aller de soi". "Quand on méprise à ce point un mouvement, quand on est à ce point incapable de comprendre ce que veulent les Français, il faut en tirer des conséquences", a-t-il dit sur RTL.
Rejetant ces accusations, Harlem Désir, le Premier secrétaire du Parti socialiste, a dénoncé au contraire "une radicalisation" des opposants et une "récupération politique" de la part du parti de Jean-François Copé.
"Tous les responsables de l'UMP étaient là en tête de cortège, avec d'ailleurs plusieurs responsables de l'extrême droite", les députés Gilbert Collard et Marion Maréchal-Le Pen.
"Il y a eu un certain nombre de groupes extrémistes comme le Gud (syndicat étudiant) qui avaient appelé à des affrontements et qui les ont déclenchés", a-t-il dit sur BFM-TV.
Pour le dirigeant PS, le débat démocratique doit se mener au Parlement. "Nous devons opposer à cette radicalisation et à cette récupération politique la force tranquille du débat au Parlement", a-t-il dit.