Mannaa: la Turquie et le Qatar imposent les Frères Musulmans. Les raisons de la démission d’al-Khatib. Tentative d’innocenter As-Sediss qui voulait se réjouir de la mort de cheikh al-Bouti.
Dernière information sur le chef de la milice de l’Armée syrienne libre (ASL), Riad Al-Assaad, grièvement blessé dans l’explosion d’un engin explosif dans la localité al-Mayadine à Deir Ezzor, une vidéo a été diffusée sur You Tube, le montrant alité dans l’hôpital turc où il est hospitalisé, selon des sources turques qui ont assuré qu’il a été amputé de la jambe.
Les images le montrent en train de gémir et de dire qu’il veut mourir.
Selon le responsable médiatique du commandement commun de l’ASL, Fahd al-Masri, Assaad « se trouve dans une situation grave, sa jambe ayant été amputée, et les informations sur son état de santé ne sont pas rassurantes, l’explosion pouvant lui couter la vie ».
Curieusement, Masri a évité d’accuser les autorités syriennes d’être derrière cette tentative d’assassinat, privilégiant la piste de l’Iran ou du Hezbollah, sans en expliquer les raisons.
Tout en étant l’ennemi incontesté du pouvoir en Syrie, le chef de l’ASL est devenu gênant pour les instances politiques de l’insurrection syrienne, notamment celles de la Coalition nationale de l’opposition et de la révolution syrienne et contre lesquelles il a multiplié les critiques.
Lui reprochant ne pas avoir consulté les forces qui œuvrent sur le terrain, il a rejeté l’élection de Ghassan Hitto à la tête du gouvernement provisoire, et affiché son refus de retourner en Syrie à bord d’un char américain. Il a aussi réaffirmé son appui au Front al-Nosra au motif qu’il défend les Sunnites, sachant qu’al-Mayadine se trouve son contrôle.
Le spectre de Turquie
Selon Syria Truth, c’est une voiture bleue immatriculée en Turquie et garée au bord d’une rue qui a explosé au passage de sa voiture. cette version diffère de celle véhiculée et selon laquelle c'est un engin explosif déposé dans sa propre voiture qui est derrière l'attentat.
Rapportant ces informations à un expert ayant requis l’anonymat au Centre des études et des recherches sur le Proche-Orient à Londres, Syria Truth cite que celui-ci a dit: " si elles s’avèrent réelles, cela voudrait dire qu’Assaad a été tué sur une décision prononcée par les plus hauts niveaux du gouvernement turc, pour l’empêcher de divulguer ce qu’il sait sur le rôle turco-américain au nord de la Syrie".
Le site syrien s’est étonné que le coordinateur de l’ASL, Saad Akidi ait annoncé rapidement avec joie la mort du colonel Assaad : « nous vous annonçons la nouvelle du martyre du colonel Riad Al-Assaad le commandant de l’Armée syrienne libre au Conseil militaire », a-t-il ouvert son message sur son site.
Mannaa: la Turquie et le Qatar imposent les Frères Musulmans
Alors que devrait se tenir à Doha le sommet de la Ligue arabe, pour attribuer le siège de la Syrie au gouvernement provisoire de la Coalition nationale de l’insurrection, l’opposant syrien vivant en France, le chef du Comité de coordination nationale des forces de changement démocratique syriennes, Haytham mannaa a accusé « la Turquie et le Qatar d’avoir imposé une majorité islamique des Frères Musulmans qui portent en eux des rancunes du passé et qui voudraient imposer le parti unique et la pensée unique ».
Reprochant à la structure de la Coalition de l’opposition de ne pas refléter la géographie politique syrienne, Mannaa a ajouté dans un entretien pour l’agence Russia Today : « des dizaines de milliards de dollars sont dépensées pour ceux qui sont disposés à se plier, à faire preuve de docilité, à vendre leur dignité et à faire ce que les autres leur dictent de faire ».
La presse de Damas a fustigé lundi cette décision. "La Ligue a accordé le siège volé à la Syrie à des brigands et à des voyous", écrivait le quotidien le As-Saoura. "Les tambours de la trahison résonnent à Doha", renchérissait la télévision officielle Al-Ikhbariya.
Les raisons de la démission d'al-Khatib
Selon l’AFP, cette mesure d’accorder le siege de la Syrie à la coalition est tombée en plein désarroi de l'opposition avec l’annonce faite dimanche par son chef, Ahmad Moaz Al-Khatib, à la surprise générale de démissionner, avant de faire part lundi sur sa page Facebook de son intention de se rendre au sommet et d'y prononcer un discours "au nom du peuple syrien".
La Coalition nationale a annoncé dimanche qu'elle serait représentée au sommet par le "Premier ministre" Ghassan Hitto, qu'elle a chargé le 18 mars de former un gouvernement visant à administrer les territoires sous contrôle rebelle en Syrie.
Mais selon le représentant de la Coalition au Qatar, Nizar Haraki, M. Khatib présidera en fin de compte la délégation syrienne au sommet, qui comptera huit membres dont M. Hitto.
Selon l'AFP, des opposants expliquent que la démission de M. Khatib n'a pas encore été acceptée, et l'un d'eux, Ahmad Ramadan, a fait état "d'intenses pressions" pour qu'il revienne sur sa démission.
Le Premier ministre du Qatar, principal bailleur de fonds de l’insurrection syrienne, Hamad ben Jassem Al-Thani, l'a publiquement appelé à revenir sur sa démission.
En annonçant sa démission, M. Khatib a reproché à la communauté internationale son inaction face au conflit en Syrie, qui a fait des dizaines de milliers de morts, et accusé des pays soutenant l'opposition "de tenter de contrôler la révolte".
Selon un opposant syrien, il reproche notamment au Qatar d'avoir imposé l'élection de M. Hitto, soutenu par les Frères musulmans, face à un autre candidat soutenu par Ryad, Imad Moustapha.
Tentative d’innocenter As-Sediss
Après l’appel lancé par le religieux saoudien Wahhabite, cheikh Abdel Rahmane As-Sediss pour se réjouir de la mort du dignitaire religieux syrien cheikh Mohammad Saïd Ramadane al-Bouti, taxé de « moujahid sur la voie de Satan », des tentatives de le disculper se sont manifestées sur la toile.
Un saoudien se réclamant de la même identité du directeur general des affaires des Mosquées al-Haram à La Mecque et du prophète à La Médine, a revendiqué sur le communiqué, pretendant qu’il n’a rien avoir avec lui. Sachant que la CNN et le site de la télévision syrienne Dounia al-Watan ont tenté de contacter le religieux saoudien, mais en vain.
Terrain
Dans la ville de Homs en proie à de violents accrochages, l'armée régulière est parvenue ce lundi à contrôler totalement le quarteir Baba Amro, investi par des miliciens qui ont pris la fuite du quarteir Khalidiyyé, après sa sécurisation. Les quarteirs Jouret Arayess et rue Brésil sons également sous le contrôle des forces gouvernementales, assure une source militaire, selon le site Syrian Documents. Dimanche, 5 miliciens ont été tués.
A Damas, un syrien a été tué et 7 autres blessés dans le tir d’un obus dans la place des Omeyyades. Il est question d'un pilonnage des positiosn de l'ASL à Harasta.
Démenti sur les postes-frontières avec la Jordanie
S’agissant la situation à Deraa, une source militaire syrienne officielle a démenti les déclarations d’une source jordanienne selon lequel les milices insurgées ont fermé les deux seuls postes-frontaliers syriens avec la Jordanie, situés à Deraa et à Naseeb, (côté syrien de la frontière), après en avoir pris le contrôle". Pour sa part, le ministre jordanien de l’information Samih al-Moayita a assuré que son pays n’a pas pris la décision de fermer les frontières avec la Syrie.
Selon l’AFP, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) avait indiqué dimanche que les rebelles avaient pris le contrôle d'une bande de 25 km allant de la localité de Mouzayrib, à la frontière jordanienne à celle d'Aabdyne, près de la ligne de cessez-le feu avec Israël sur le plateau du Golan.
L'ONU va évacuer de Syrie la moitié de son personnel étranger
Par ailleurs, les Nations unies vont évacuer environ la moitié de leurs 100 employés étrangers travaillant encore en Syrie en raison des risques grandissants, ont déclaré des diplomates lundi.
Le bureau établi à Damas de l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, sera notamment fermé et devrait être déplacé au Caire ou au Liban, ont précisé ces diplomates à l'AFP, avant une annonce officielle de l'ONU sur le sujet.
Les Nations unies ont une importante mission humanitaire en Syrie, dont l'objectif est de nourrir et d'aider plus de deux millions de Syriens pris dans les combats opposant depuis deux ans le régime de Bachar al-Assad aux rebelles réclamant son départ.
Le travail de distribution est désormais dans sa plus grande partie mené par des employés syriens ou par le Croissant-Rouge syrien.