L’opposition demande aux Américains un bouclier anti-missiles. Washington et l’Otan refusent. Le site de la Ligue arabe piraté par l’"Armée électronique syrienne".
La presse officielle syrienne a qualifié mardi de "vol" la décision de la Ligue arabe d'octroyer le siège de la Syrie à l'opposition.
"Ce vol commis par l'émirat du Qatar et d'autres collaborateurs, ainsi que par d'autres régimes arabes traîtres, en accordant à la coalition sponsorisée par Doha le siège de la Syrie à la Ligue arabe, est un crime du point de vue légal, politique et moral", assure le quotidien Techrine.
"L'Etat syrien sous la direction de Bachar al-Assad existe toujours pleinement à travers son peuple, son armée, ses institutions, ses services, ses autorités législative, exécutive et judiciaire", ajoute le quotidien.
"Honte à vous, frères arabes, réunis dans la Ligue des loups", renchérit Techrine.
Un autre journal proche du pouvoir, Al Watan, assure que cette décision "pose un danger très grave pour les relations diplomatiques et internationales" ajoutant que les grands perdants seront "le clan Thani (du Qatar) et le clan saoudien".
A l'initiative du Qatar, la Ligue arabe a décidé d'accorder le siège de la Syrie, vacant depuis la suspension de ce pays à la demande des Etats-Unis et des pays du Golfe en novembre 2011, à l'opposition et son chef démissionnaire Ahmad Moaz al-Khatib a pris la parole devant les chefs d'Etat arabes réunis à Doha.
L'opposition demandé aux Américains un bouclier anti-missiles
Dans un discours devant le sommet arabe réuni à Doha, Al-Khatib a demandé aux Etats-Unis le déploiement d'un bouclier anti-missiles dans le nord de la Syrie sous prétexte de protéger la population.
M. Khatib a indiqué que Washington avait alloué une aide « humanitaire » de 350 millions de dollars à l’opposition syrienne, mais estimé que "le rôle des Etats-Unis doit être plus important que cela".
"J'ai demandé lors de mon entretien avec le secrétaire d'Etat américain John Kerry l'extension du déploiement du bouclier anti-missiles Patriot pour qu'il couvre le nord de la Syrie", a ajouté M. Khatib. "Il a promis d'étudier notre requête", a-t-il dit.
"Nous attendons toujours de l'OTAN une décision à ce sujet", a-t-il ajouté.
L'Otan et Washington ne prévoient pas d'intervenir en Syrie
Or, la réponse de l'Otan ne s'est pas fait attendre. L'OTAN a annoncé mardi ne pas avoir l'intention de s'impliquer dans le conflit syrien, en réponse à la demande du chef de l'opposition syrienne de pouvoir bénéficier du "parapluie" des missiles Patriot déployés en Turquie. "L'Otan n'a pas l'intention d'intervenir militairement en Syrie", a souligné un responsable de l'Alliance atlantique.
La Maison Blanche a pour sa part indiqué mardi que l'Otan ne fournirait pas de batteries de missiles Patriot pour protéger les bastions rebelles en Syrie.
"Nous sommes au courant de cette demande", a répondu le porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney. "Pour l'instant, l'Otan n'a pas l'intention d'intervenir militairement en Syrie".
Le porte-parole de la Maison Blanche a toutefois souligné que Washington ajustait en permanence sa position vis-à-vis du conflit en Syrie. Les Etats-Unis prétendent avoir dépensé des centaines de millions de dollars en « aide humanitaire », et refuser à fournir une aide militaire létale.
Fin janvier, l'Otan a déployé des batteries de missiles Patriot en Turquie sous-prétexte de protéger la frontière de ce pays avec la Syrie contre d'éventuelles attaques.
La Ligue arabe a consacré son inféodation au mini-Etat du Qatar
Entre-temps, le site internet de la Ligue arabe a été piraté mardi par des partisans du régime syrien, en réponse à la décision des chefs d'Etats arabes d'accorder le siège de la Syrie à l'opposition.
Les "hackers" ont posté sur la page de présentation du site un message dans lequel ils accusent la Ligue arabe "d'avoir consacré (son) inféodation au mini-Etat du Qatar, allié d'Israël, en livrant le siège de le République arabe syrienne (...) à cette créature illégale appelée Coalition nationale syrienne".
Le message est signé par "un citoyen syrien dont Bachar Al-Assad est le seul chef et l'armée arabe syrienne le seul représentant".
Notons que c'est le Qatar qui a fait pression sur les membres de la Ligue pour le donner à l'opposition malgré les réserves d'Alger et de Bagdad.