Jihadistes saoudiens et jihadistes tunisiennes en Syrie:appels de références religieuses pour endiguer les fatwas
Phénomène singulier à la guerre en Syrie: des décrets religieux (Fatwas) fusent de partout, avec pour principal objectif d'inciter les jeunes musulmans du monde entier, les femmes compris, à s'y rendre pour combattre les forces régulières.
Dernièrement, certaines instances officielles arabes leur ont opposé leur rejet, au moins en public .
Pour la première fois, un éminent religieux saoudien a qualifié la crise en Syrie de guerre civile, qui n'a rien à voir avec le jihad, alors que le ministre tunisien des affaires religieuses s'est lancé contre le jihad de mariage qui a fait disparaitre de nombreuses adolescentes tunisiennes.
Mardi, le membre de la Commission des Grands Ulémas en Arabie saoudite Dr. Abdallah Manie a condamné la participation de jihadistes saoudiens aux combats en Syrie, refusant de lui octroyer le statut de jihad.
Dans un entretien avec le journal saoudien Ar-Riad, il a indiqué que « le jihad n’a rien à voir avec la guerre civile ».
« Ce qui se passe en Syrie et dans les pays des révolutions ne sont que des guerres civiles, sans aucun lien avec le Jihad. Dans les guerres civiles, il est difficile de distinguer les ennemis des amis, surtout dans un Etats musulman », a-t-il expliqué. S’offusquant contre les fatwas (décrets religieux) promulgués à la légère sous l’appellation de jihad et qui exhortent les jeunes saoudiens à combattre en Syrie, cheikh Manie a signalé que ces appels devraient obtenir l’aval des érudits religieux (Wali-Amr) ainsi que de l’Etat.
« Il n’est pas permis d'intervenir dans les guerres civiles, en raison des séquelles et des discordes qui en découlent. La législation (islamique) tente de calmer les zizanies », a-t-il assuré.
L'Arabie saoudite dont la position officielle consiste en un soutien inconditionnel à l'insurrection syrienne a sans cesse affiché des positions récusant l'envoi de Saoudiens. Sachant que 80 d'entre eux ont jusqu'à présent été tués. Et il est question que certains d'entre eux sont capturés. D'aucuns soupçonnent le royaume d'entretenir un double langage aux visées louches.
Jihad de mariage: quelques heures avec les miliciens syriens
En Tunisie, c’est un autre jihad qui soulevé la colère de l’institution religieuse : celui du mariage. Surtout qu’il est question de plusieurs adolescentes, entre 13 et 20, qui se sont rendues en Syrie pour faire part à l’insurrection, « en subvenant aux besoins sexuels des miliciens qui combattent les forces régulières syriennes».
Le rejet de ce genre de fatwas a été prononcé par le ministre des affaires religieuses, cheikh Noureddine al-Khademi. « Ces choses-là sont bannies. Ce sont de nouvelles terminologies. Que veut dire le jihad du mariage ?» s’est-il interrogé dans un entretien avec la radio tunisienne Chams FM, selon le quotidien arabophone londonien Al-Quds Al-Arabi. Estimant selon lui que les fatwas devraient être attribuées aux références.
Depuis février 2012, le ministère de la femme et de la famille a rendu compte de nombreux cas de disparition d’adolescents des deux sexes, « dans le but de les mobiliser idéologiquement et doctrinalement ».
Le ministère a appelé les Tunisiens à « doubler de protection pour leurs enfants, et à les sensibiliser au danger d’être entrainés derrière ces appels qui exploitent l'absence de l’esprit critique et de la culture religieuse pour leur inséminer les pensées fanatiques et de haine et les envoyer vers des pays ou sévissent des conflits intestins sous l’appellation du jihad ».
L’affaire qui avait le plus choqué l’opinion publique tunisienne a été celle de la jeune Rahmé Atiyyé agée de 16 ans. Ayant disparu le mois de février denier, ses proches, sa mère et son oncle se sont empressés de lancer un cri de détresse via les medias et les sites sociaux, soupçonnant qu’elle ait été enrôlée dans les rangs des jihadistes du mariage. Elle a été retrouvée trois jours plus tard. Quelques jours aprèd, ses parents ont confirmé la version de son intention de se rendre en Syrie.
Selon le journaliste tunisien Hadi Yahmed, expert dans la mouvance jihadistes, la question du jihad de mariage a été soulevée pour la première fois par un cheikh saoudien, mais semble s’adresser aux filles syriennes et non tunisiennes et qui voudraient aider les miliciens syriens en les épousant pour quelques heures.
Ce religieux soupçonné d'avoir d6crété cettte fatwa est le prédicateur saoudien cheikh Mohammad Al-Arifi, qui interrogé, a nié toute implication.