Selon le journal turc Hurriyet, Erdogan aurait déclaré que "l’accord conclu vendredi dernier oblige l’entité sioniste à coopérer avec la Turquie dans le dossier palestinien".
Il y a deux jours, l’entité sioniste et la Turquie se sont engagés dans des pourparlers (qui s’annoncent compliquées) pour régler la question de l'indemnisation des victimes de la flotte humanitaire Marmara : une des conditions imposées par le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan pour résoudre le différend avec le gouvernement israélien.
A ce titre, le ministre des affaires étrangères turques Ahmet Davutoglu et le ministre israélien de la Justice Tzipi Livni se sont entendus pour former un organe conjoint sur la question des compensations. Cependant, les Israéliens n’ont pas hésité à exprimer leur colère à l’égard du Premier ministre turc pour son exploitation médiatique et exagérée des excuses israéliennes, faisant croire à l’opinion turque qu’il a réalisé un exploit.
Des sources israéliennes ont indiqué qu'un accord préliminaire avait été atteint il y a un an entre les parties israéliennes et turques sur la question de l'indemnisation, consistant à déposer les indemnités dans un fonds de charité privé crée par le gouvernement turc et ce, pour éviter toute négociation directe sur cette question entre l’entité sioniste et les familles des victimes.
Selon le quotidien Haaretz, citant des responsables turcs, "l'indemnisation des victimes Turcs par l’entité sioniste ne devrait pas être moins qu’une dizaine de millions de dollars. Sachant que c’est la Turquie qui déterminera le montant de la somme des indemnités". Ces mêmes sources ont précisé que "durant toute la période des négociations, la question de l'indemnisation ne posait pas problème. Or, aujourd’hui ce n’est plus le cas car l’entité sioniste a lié ce volet avec la condition d’annuler les plaintes présentées par les familles des victimes contre les officiers israéliens".
Toujours selon ces sources, "le gouvernement turc pourrait s'engager à ne pas porter plainte contre les Israéliens, mais il ne peut pas annuler les actions en justice des familles des victimes car elles sont individuelles et donc indépendantes de l’état turc".
Par conséquent, toute la question qui se pose pour le gouvernement d’Erdogan c’est de savoir comment il compte convaincre les familles des victimes turques à retirer leur plainte.
De son côté, le quotidien Israël alyawm, proche du gouvernement de Benjamin Netanyahu, a rapporté que « les Turcs demandent un million de dollars d’indemnité pour les familles de chaque victime de "Marmara" , sans compter une indemnisation pour les blessés et pour les autres dommages ».
Selon le journal, « Israël a exprimé sa volonté de payer seulement cent mille dollars d’indemnité pour chacune des familles des victimes ».
Cela dit, les journaux turcs ont publié les propos de M. Erdogan exprimés devant les membres de son parti et dans lesquels il a souligné que "les excuses faites par M. Netanyahu au cours d’un entretien téléphonique ont été enregistrés dans leur intégralité".
Erdogan a souligné que « cet appel téléphonique -datant d’une semaine- a eu lieu sous la supervision du président américain Barack Obama ».
Et de souligner « qu'il en a discuté avec Obama et qu’ils ont vérifié le texte puis ont décidé d’entamer la procédure alors qu’Obama était témoin ».
Toujours selon les mêmes sources, « le président américain a souligné que les trois parties impliquées dans l'accord: la Turquie, les Etats-Unis et Israël se sont entendus à l’avance sur le contenu des déclarations afin de garantir le processus ».
Selon le journal turc Hurriyet, Erdogan aurait déclaré que "l'accord conclu vendredi dernier oblige l’entité sioniste à coopérer avec la Turquie dans le dossier palestinien".
Hurriyet souligne que « le premier ministre turc a affirmé devant les membres de son parti que lors de ces pourparlers avec l’entité sioniste, ils ont insisté sur un rôle renforcé de la Turquie pour résoudre la question palestinienne, ce qui en soi permet de créer une nouvelle équation ».
« Erdogan a même souligné qu'il suivra personnellement la mise en œuvre de l'accord, y compris lors de sa visite le mois prochain en Cisjordanie et dans la bande de Gaza » écrit le quotidien turc.
"Erdogan aurait ajouté qu’il compte se réunir avec le chef du bureau politique du Hamas, Khaled Mechaal lors de sa visite à Gaza" poursuit le quotidien.
Toutefois, selon le quotidien israélien Haaretz, citant une source diplomatique de haut niveau, l'administration américaine tente d’exercer une pression sur Erdogan pour le dissuader de se rendre dans la bande de Gaza alors que les relations israélo-turques viennent tout juste de reprendre.
La source a souligné que « la Turquie envisage d'envoyer une délégation de haut niveau en Israël, probablement dirigée par le ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu avant la visite de M. Erdogan en Cisjordanie et à Gaza. Voire il y a une possibilité que la Turquie invite un haut responsable israélien pour visiter Ankara au cas où les négociations sur la question des indemnités réalisent succès ».
Toujours selon Haaretz, « Erdogan avait annoncé que son gouvernement a rejeté plusieurs propositions de réconciliation avancées par Israël dans le passé, mais elles ne répondaient pas aux trois conditions de base en particulier l'utilisation du terme excuses. Alors qu’Israël insistait sur le terme regret » .
Et de poursuivre : « Les deux autres conditions consistaient à lever le blocus de la bande de Gaza et à indemniser les familles des victimes de Marmara ».
Or, Israël a toujours affirmé sa volonté d’indemniser les familles des victimes mais a persisté à refuser les deux autres conditions en disant :" N’est-il pas suffisant que l’on vous verse des indemnités"? Et nous de répondre : Non ».
Toujours selon Haaretz, mais citant des sources turques , « le sujet central entre les deux pays est la Palestine et non la Syrie. Or, le désaccord entre la Turquie et Israël sur la question syrienne est sérieux. Ainsi, si l’arrivée au pouvoir d'une force islamique ne nuit pas à la Turquie, elle est très gênante pour Israël. Et la Turquie, qui a entamée une réconciliation avec les Kurdes, pense que cela affectera ses relations avec la minorité kurde en Syrie. Pour la Turquie, Israël n’est pas une solution à la crise en Syrie, la seule chose bénéfique pour elle c’est une coopération entre Ankara et Tel Aviv dans le domaine des renseignements, mais certes pas dans une gestion conjointe de la bataille en Syrie ».