Les infections pulmonaires constituent une "cause importante" de décès chez les seniors fragilisés, confirme le Pr Dautzenberg.
Les risques liés à une infection pulmonaire aiguë nécessitant une hospitalisation sont très importants pour quelqu'un comme l'ex-président sud-africain Nelson Mandela, en raison de son âge et de ses antécédents de tuberculose contractée en prison, selon des spécialistes du poumon.
La dangerosité d'une infection pulmonaire est "colossale" chez une personne âgée comme Nelson Mandela, 94 ans, estimait jeudi pour l'AFP le pneumologue Bertrand Dautzenberg de l'hôpital public parisien Pitié-Salpétrière.
Un jeune homme utilise 20% de sa capacité pulmonaire et dispose d'une réserve de 80%. A 90 ans, la capacité en réserve tombe à 50%, "si le poumon est normal".
"Si en plus une partie du poumon a été détruite par la tuberculose, chose fréquente dans les tuberculoses mal soignées, on n'a plus de réserve. Une infection vient encore amputer les capacités pulmonaires alors que le sujet n'a déjà plus de +réserve+", selon le Pr Dautzenberg.
Nelson Mandela, qui a passé 27 ans en prison, a souffert de tuberculose et a été traité à plusieurs reprises à l'hôpital pour des problèmes pulmonaires.
Pour une personne âgée, l'une des principales difficultés est de réussir à se débarrasser des sécrétions accumulées dans les bronches, indique de son côté le spécialiste britannique Stephen Spiro, ex-professeur d'University College London. "C'est pour cette raison qu'on s'inquiète beaucoup plus d'une infection respiratoire", a-t-il expliqué à l'AFP.
Les infections pulmonaires constituent une "cause importante" de décès chez les seniors fragilisés, confirme de son côté le Pr Dautzenberg.
A un âge avancé, une infection respiratoire provoque une fatigue supplémentaire et une mauvaise oxygénation des organes. D'où l'intérêt d'une hospitalisation, non pas tant pour combattre l'infection que pour donner de l'oxygène, mettre sous perfusion et aider à faire ressortir les sécrétions par kinésithérapie.
"Quand quelqu'un de 94 ans arrive à l'hôpital, la question pour les médecins est souvent: quel était l'état malade avant son infection et quel est le rôle de l'infection respiratoire sur sa dégradation", souligne le Pr Dautzenberg.
"Si l'infection est très importante et est cause principale de la dégradation, alors on traite comme si c'était un jeune homme. Si au contraire l'état était déjà précaire avant et l'infection respiratoire n'est qu'un petit facteur en plus, on traite de manière beaucoup plus douce", explique-t-il.