"L’occasion de Pâques est particulièrement significative car cette grande fête (...) représente aussi bien le lien que la séparation entre nos religions".

Le grand rabbin de Rome a regretté que les prières du rite du Vendredi Saint soient encore "marquées par le poids d'une histoire d'incompréhension" entre juifs et catholiques, en présentant ses voeux au pape François pour Pâques.
  
Le pape avait adressé ses voeux au rabbin à l'occasion de la Pâque juive.
  
"Précisément en ces jours où les prières du rite (du Vendredi Saint) sont marquées par le poids d'une histoire d'incompréhension", le grand rabbin Riccardo Di Segni souhaite que Dieu rende juifs et catholiques capables "de comprendre de façon réciproque le sens de la différence et la valeur de la fraternité".
  
Tout en saluant les progrès dans les relations entre les deux religions, le rabbin italien ajoute: "L'occasion de Pâques est particulièrement significative car cette grande fête (...) représente aussi bien le lien que la séparation entre nos religions".
  

Cette séparation, "au fil de l'histoire, s'exprimait, précisément en ces jours, par des manifestations d'intolérance anti-juive", a rappelé le rabbin.
  
Pour les juifs, c'est la prière lors du rite du Vendredi Saint qui est particulièrement en cause, depuis que Benoît XVI a décidé en 2007 de
ré-autoriser une forme extraordinaire du rite, ou messe tridentine en latin. Dans ce missel -utilisé par les traditionalistes - figuraient des appels controversés à "soustraire ce peuple de ses ténèbres" et de "l'aveuglement".
  
Suite aux vives inquiétudes exprimées par la communauté juive, Benoît XVI avait retiré ces passages en 2008, maintenant toutefois la prière pour leur conversion à Jésus.
  
La forme ordinaire, celle du missel de Paul VI, communément utilisé, contient une prière pour le peuple juif auquel "Dieu a parlé en premier", afin
qu'ils "progressent dans l'amour de son Nom et la fidélité à son alliance".
  
L'ancienne formule du missel de saint Pie V, qui évoquait "la perfidie des juifs", avait déjà été réformée par Jean XXIII, qui avait fait retirer l'adjectif "perfide".
  
Le rabbin Di Segni a offert sa prière "dans un esprit de respect et d'amitié fraternelle".
  
Lors de la célébration de la Passion, ce vendredi, dans la basilique Saint-Pierre, en présence du pape François, la prière a été dite "pour les juifs à qui Dieu a parlé en premier", en reprenant la formule du missel de Paul VI.