23-11-2024 06:35 PM Jerusalem Timing

Egypte: 2 morts dans des affrontements à Tahrir autour du rôle de l’armée

Egypte: 2 morts dans des affrontements à Tahrir autour du rôle de l’armée

Les manifestations de vendredi exigeaient l’épuration de certains appareils de l’état, dont l’armée. Son commandant actuel, le général Hussein Tantaoui semble aussi ne pas plaire aux révolutionnaires !


Deux personnes ont été tuées dans la nuit de vendredi à samedi au Caire lorsque la police militaire a tenté de disperser des manifestants exigeant le départ du chef de l'armée, deux mois après la chute de Hosni Moubarak qui lui a confié les rênes du pays, selon des sources médicales.
  
Un responsable militaire a indiqué à l'AFP ne pas pouvoir confirmer ou infirmer les décès, ajoutant qu'une enquête avait été ouverte. S'ils étaient confirmés, il s'agirait des premiers depuis la chute du président Moubarak le 11 février.
  
Au moins 18 personnes ont en outre été blessées dans ces violences sur l'emblématique place Tahrir, dans le centre du Caire, ont indiqué les sources médicales à l'AFP sans être en mesure de préciser si les blessures avaient été causées par balles.
  
"Nous n'avons pas utilisé de balles réelles", a pour sa part affirmé le responsable de l'armée sous le couvert de l'anonymat.
  
Quelque 200 manifestants occupaient toujours la place en milieu de journée.
  
A l'aube, la police militaire a tiré en l'air des rafales d'armes automatiques, ont indiqué des témoins tandis que l'agence officielle Mena faisait état d'une intervention des forces du ministère de l'Intérieur.
  
Un bus militaire et un camion civil ont été incendiés à Tahrir alors qu'un camion de l'armée partiellement calciné était visible à proximité. La police militaire a déployé des barbelés et le sol était jonché de pierres.
  
Ces violences témoignent d'une récente montée des tensions autour du rôle de l'armée, en charge du pays depuis le départ de M. Moubarak après une période de large consensus sur son action.
  
Des manifestants ont affirmé vouloir rester à Tahrir tant que le maréchal Hussein Tantaoui, qui dirige le Conseil suprême des forces armées (CSFA) serait en place.
  
Le CSFA, un collège d'une vingtaine de généraux, est dépositaire du pouvoir depuis la chute de M. Moubarak, et le maréchal Tantaoui, 75 ans, qui le dirige, a été pendant 20 ans ministre de la Défense du président déchu.
  
"Je suis venu à Tahrir parce que nous assistons à une contre-révolution", affirmait un des manifestants, Malik Asam, un étudiant. "J'attendais de voir l'autre visage de l'armée. Si elle continue comme cela, elle va voir l'autre visage du peuple", déclarait un autre étudiant, Anas Mohamed.

  
L'armée a affirmé que "les forces de sécurité et des citoyens sont intervenus contre les actes d'émeutiers à Tahrir".
  
Les affrontements ont eu lieu dans la foulée d'une vaste manifestation vendredi à Tahrir de dizaines de milliers de personnes réclamant que M. Moubarak et d'autres hauts responsables de son régime soient jugés.
  
Cette manifestation avait déjà donné lieu à des critiques ouvertes contre l'institution militaire.
  
Malgré une interdiction formelle de leur hiérarchie, sept officiers en uniforme avaient pris la parole à la tribune pour soutenir les manifestants et réclamer une épuration de l'armée.
  
La retenue dont elle a fait preuve face à la foule au cours des événements qui ont provoqué la chute de M. Moubarak vaut à l'armée d'être populaire parmi la population.
  
Mais son image a été ternie par des accusations de violence et de torture, et par les incertitudes et les désaccords qui persistent sur les modalités de retour à un pouvoir civil.
 
 L'armée a promis de rendre le pouvoir aux civils vers la fin de l'année, après des élections législatives et présidentielle.
 Nombre d'Egyptiens redoutent toutefois de voir les réseaux de l'ancien régime se reformer pour contrôler le pouvoir.
  
Plusieurs responsables politiques et hommes d'affaires proches de M. Moubarak font actuellement l'objet de poursuites ou d'enquêtes, mais les manifestants demandent une action plus ferme vis-à-vis de nombreux autres qui ne sont pas inquiétés, ou restent même dans les allées du pouvoir.
   L'ancien président est assigné à résidence. Une commission a été instituée pour enquêter sur sa fortune et celle de sa famille proche.