En proie à leur exploitation sexuelle, les femmes syriennes craignent pourtant le pire: un sort similaire aux réfugiés palestiniens: ne plus retourner à la patrie
Alors que leurs hommes font la guerre en Syrie, des femmes syriennes réfugiées risquent l’esclavage.
Ces constats désolants sont délivrés aussi bien par le journal An-Nahar en Egypte, que par la quatrième chaine britannique qui enquêtait sur le fameux camp Zaatari en Jordanie.
Malgré les dénis des instances de l'insurrection armée syrienne, qui s'obstinent à sous-estimer le phénomène de l'exploitation sexuelle des femmes syriennes réfugiées, celui-ci prend de l'ampleur dans le monde arabe, sous une couverture qui peut sembler légitime.
« C’est un nouvel esclavage à l’ère du calife Mohammad Morsi », a décrié le quotidien égyptien dans un article qui rapporte qu’en Égypte, les femmes syriennes font l’objet d’un appel au mariage, pour des dotes très minables.
« Tout frère voulant épouser une femme syrienne doit venir immédiatement. La dote ne dépasse pas les quelques livres. La mariée est vierge», appelle-t-on dans les mosquées égyptiennes, selon le journal égyptien an-Nahar.
« Ce scandale », selon les termes du journal, a été archivé par le Conseil National de la Femme (CNF) et une lettre a été dépêchée aux ministres de l’intérieur et de la justice leur demandant de faire cesser ce phénomène de mariage des réfugiées syriennes qui profite de leurs conditions de vie difficiles.
Selon Mirvate Talaoui, la directrice du CNF, le nombre de ce genre de mariage a atteint en un an les 12.000 cas en Égypte, qui accueille vers les 200 mille réfugiés syriens, selon un récent sondage de l’ONU.
Zaatari, le camp de la honte
Mais c’est surtout dans le camp Zaatari en Jordanie, baptisé le camp de la honte, que la situation des femmes syriennes est la plus désastreuse. En plus des conditions météorologiques difficiles qu’elles doivent affronter, elles sont abandonnées à leur sort, faute de mesures sécuritaires suffisantes.
Cette négligence des autorités jordaniennes a été violemment critiquée au parlement jordanien, le 28 mars dernier, par le député Mohammad Chdeifat, qui a déploré que « le camp Zaatari soit en dehors de tout contrôle sécuritaire », révélant qu’il est désormais sous l’emprise « des bandes de criminels et du marché noir ».
De 7 ans à 77 ans, les femmes syrienne risquent tous les sévices.
Plusieurs medias ont rendus compte de kidnappings, viols, mariages forcées, et répudiations à répétition. La semaine passée, la quatrième chaine de la télévision britannique s’est penchée sur ce phénomène pas tout à fait nouveau.
Elle rapporte entre autre que la tente d’une femme syrienne, mère de trois enfants, a été brûlée pour avoir refusé les propositions qui lui ont été faites. Doutant de la véracité des explications données de l’incendie par le coordinateur général des réfugiés syriens qui avait alors argué un bousillage de lignes électriques.
L’incident s’est répété une nouvelle fois, le mois dernier, lorsqu’une tente a été incendiée causant la mort d’une fillette de 7 ans, et blessant son père et ses deux frères.
Femmes et fillette n’osent plus se rendre aux toilettes, sans escorte ou protection, de craintes d’être soit kidnappées, soit violées. Ce sont les plus jeunes qui sont les plus menacées.
L’Unicef a constaté qu’un nombre de jeunes élèves qui ne venaient plus en classe avaient été violées.
Dans le reportage d’un quart d’heure, il est question d’une syrienne, Oum Majed, qui arrange des mariages pour 1.000 dollars la dote, mais selon la présentatrice, cette femme s’adonne au trafic d’esclaves blanches.
De plus, les mariages contractés sont des mariages temporaires ou de plaisir, en échange d’une somme allant de 50 à 100 dollars. La plupart des prétendants étant surtout des Arabes du Golfe. Dans l’un des cas, un vieux jordanien de 60 ans est venu pour demander en mariage une fillette de 12 ans.
Sachant que les cas de mariages de plaisir ont été confirmés dans le parlement jordanien par la député Mayçar Sardiyye qui s’est interrogée sur les parties qui gèrent « cette prostitution » dans ce camp.
Réfugiées non esclaves
L'an dernier, une campagne a été organisée sur Facebook par des activistes syriens pour dénoncer ces pratiques à l’encontre « des femmes syriennes libres » qui refusent .
«Quelle virilité donc est celle des hommes arabes qui n’ont trouvé autre pour aider les réfugiées syriennes que de les épouser », a dénoncé l’une de ces activistes de l’opposition syrienne, Leila Chéhab.
Les sites de l’insurrection s'étaient alors mis de concert pour sous-estimer le phénomène, au prétexte que ses cas sont limités.
Comme pour les Palestiniens
Par dessus cette exploitation, les réfugiés syriennes appréhendent le pire.
Dans le reportage de la télévision britannique, une vieille femme se regrette profondément avoir quitté son pays et dit qu'elle souhaite y retourner quelque soient les conditions.
Ce qu'ellle craint le plus c'est un sort similaire à celui des réfugiés palestiniens, qui sont sortis de leur patrie et ne sont plus jamais retournés.