29-11-2024 09:42 PM Jerusalem Timing

Iran : le traité sur le commerce des armes comporte des lacunes graves

Iran : le traité sur le commerce des armes  comporte des lacunes graves

La Russie a justifié son abstention l’absence de contrôle spécifique des livraisons d’armes aux armées rebelles comme en Tchétchénie ou en Syrie. L’Inde a qualifié de déséquilibré ce traité qui privilégie les exportateurs


Le représentant adjoint de l'Iran à l'Onu Gholam Hossein Dehghani a critiqué le traité sur le commerce des armes qui vient d'être adopté pour " les lacunes qu'il comporte" et l'a accusé "de favoriser les  pays fabriquants".

" La république islamique d'Iran a activement pris part aux débats . Elle a souhaité un traité qui provoquerait un consensus aussi large que possible mais les pressions exercées par les puissances internationales ont précipité l'adoption  de ce traité , truffé de contraditions et de lacunes", a dit Gholam Hossein Dehghani.


Et de poursuivre:  " c'est un traité qui ne  prend  en compte que les intérêts des pays exportateurs d'armes et qui ignorent les intérêts et les droits des pays acheteurs. C'est un texte politique et sujet à des abus" .

Le haut-diplmate iranien a souligné que " l'un des objectifs de l'Onu consiste à  bloquer la voie à toute agression mais en dépit de l'exigence légitime de beaucoup de pays en ce sens, le traité en question n'interdit guère le transfert et la vente des armes conventionnelles aux agresseurs et aux occupants sans compter les miliciens qui sévissent dans la région du Moyen Orient"!

Et de regretter:  " Une des lacunes de ce traîté concerne  le transfert d'armements et de munitions entre les pays alliés militairement . Or, cette faille bénéficie aux Etats Unis et à leur allié israélien"

 Dehghani a conclu  que " beaucoup de flou  entoure des notions incluses dans le traité . C'est la première fois qu'un traité d'une si vaste portée est adopté avec hâte et sans que soient au prélabale discutées ses multiples clauses"!


Rappelons qu'un premier traité sur le commerce des armes «classiques» a été adopté par  l’Assemblée générale de l'ONU Mardi.  L’abstention des grands pays émergents réduit toutefois la portée de l’accord survenu.

Avec 154 voix pour, trois contre et 23 abstentions, l’Assemblée générale de l’ONU a adopté, hier, mardi 2 avril le premier traité sur le commerce des armes dites « classiques ». Pour les organisations non gouvernementales qui militent depuis quinze ans pour un meilleur contrôle du trafic d’armes dans le monde, c’était «  un jour historique ». La société civile réclamait en effet à cor et à cri la régulation de ce marché sensible dont le montant global s’élève à 700 milliards de dollars par an et qui représente un risque grave pour les civils victimes de transferts irresponsables d’armes, en particulier dans les zones de conflit.

L’objectif de ce traité est d’obliger chaque pays à évaluer, avant toute transaction, si les armes vendues risquent d’être utilisées pour contourner un embargo international, pour commettre un génocide et d’autres exactions contre la population civile, ou être détournées au profit des terroristes ou des criminels. Les armements couverts vont du pistolet aux avions et navires de guerre en passant par les missiles.

Une majorité de deux tiers

C’est suite à une campagne active des ONG que les Nations unies ont organisé en juillet 2012 une première conférence visant à réguler le commerce des armes, sans que pour autant celle-ci débouche sur un accord global. De nouvelles négociations se sont depuis ouvertes sous l’égide des Nations unies au mois de mars, mais les 193 membres de l’organisation interétatique ont dû se séparer sur un constat d’échec au bout de dix jours de tractations, à New York. Notamment trois pays, la Corée du Nord, l’Iran et la Syrie, opposés au traité, ont fait capoter le projet d’accord.

Pour contourner le blocage, une centaine de pays dont les Occidentaux, soutenus par des pays africains et latino-américains, ont soumis le texte au vote de l’Assemblée générale où seule une majorité des deux tiers suffit pour que l’accord soit adopté. Il a recueilli sans problème le nombre de voix requis, voire plus, mais doit être maintenant ratifié par les Parlements d’au moins 50 pays avant d’entrer en vigueur. Selon toute vraisemblance, cette procédure sera achevée en l’espace de deux ans.

Portée réduite

Politiquement, l’adoption d’un texte par l’Assemblée générale des Nations unies est moins forte qu’un vote par consensus des Etats membres. Plus inquiétant encore, outre les trois pays contestataires, plusieurs des acteurs importants du marché des armes se sont abstenus. Parmi les vingt-trois abstentionnistes au vote figurent quelques-uns des principaux exportateurs d’armes, notamment la Russie et la Chine, mais aussi des acheteurs majeurs tels que l’Inde, l’Indonésie ou l’Egypte. Le désistement de ces grands pays atténue considérablement la portée de l’accord que la société civile occidentale présente comme une grande avancée « historique ».

La Russie a justifié son abstention en pointant du doigt un certain nombre de lacunes dans le texte du traité, dont l’absence de contrôle spécifique des livraisons d’armes aux armées rebelles comme en Tchétchénie ou en Syrie. Moscou rejoint ainsi les critiques formulées par son allié syrien qui a déploré que le texte ne fasse pas référence explicitement aux « acteurs non étatiques ».

Quant à l’Inde qui s’est hissée au rang des principaux importateurs d’armes dans le monde, elle a qualifié de « déséquilibré » ce traité qui privilégie les exportateurs au détriment des importateurs et permet aux premiers d’annuler unilatéralement des contrats de livraison d’armes sur la base de soupçons souvent invérifiables. Par ailleurs, New Delhi qui a été victime d’attaques terroristes déplore, tout comme Moscou et Damas, que la recommandation de ne pas livrer des armes aux acteurs non-étatiques ne figure pas dans le corps du traité mais dans le préambule dont les stipulations n’engagent aucunement les signataires.

 

La Chine a justifié son abstention par l'absence de consensus au sein de l'Assemblée générale, malgré la majorité écrasante en faveur du texte.
  
"La Chine est toujours en faveur de la négociation par le consensus pour parvenir à un traité acceptable par tous", a expliqué le porte-parole de la diplomatie chinoise, Hong Lei.

Enfin, les Etats-Unis qui ont obtenu que les munitions bénéficient de contrôles moins complets, ont, certes, voté en faveur de la résolution ouvrant le traité à la signature. Mais ce vote ne préjuge en rien la position du Congrès américain, lorsque son tour viendra, de ratifier l’accord international.

Dans ces conditions, il est sans doute raisonnable de penser que pour « historique » qu’elle soit, l’adoption du traité sur le commerce des armes par l’Assemblée générale de l’ONU n’est que la première étape d’un long processus de moralisation de la vente d’armes dans le monde.