C’est l’attaque la plus violente en 16 mois
Au moins 44 Afghans ont été tués mercredi au cœur d'un tribunal de la ville de Farah, dans l'ouest de l'Afghanistan, dans l'attaque des talibans la plus meurtrière depuis seize mois.
Quelque 34 civils et 10 membres des forces de sécurité afghanes (6 militaires et 4 policiers) ont été tués et 91 personnes blessées, pour la plupart des civils, selon Najib Danish, l'adjoint au porte-parole du ministère de l'Intérieur.
Neuf talibans ont en outre péri dans l'assaut, selon M. Danish, ce qui porte le bilan à 53 tués.
Celte action, qui a duré au moins 7 heures, est la plus violente survenue en Afghanistan depuis le 6 décembre 2011, quand des kamikazes s'étaient fait exploser lors de la fête chiite de l'Achoura à Kaboul et Mazar-i-Sharif (nord), tuant plus de 80 civils.
D'après le gouverneur de la province de Farah, Mohammad Akram Khpalwak, ce sont même 12 membres des forces de sécurité afghanes qui ont trouvé la mort, en plus des 34 civils, ce qui porte le total des victimes à 46 tués et "plus de 100 blessés", de même source.
Interrogé par l'AFP, M. Khpalwak n'avait connaissance que de 8 assaillants.
L'attaque a débuté mercredi matin.
"Cinq assaillants sont arrivés vers 8H00 (03H30 GMT) au tribunal de la province dans deux voitures ressemblant à celles de l'armée. L'un des véhicules a explosé à la porte du bâtiment. Trois hommes sont entrés", avait raconté plus tôt dans la journée Agha Noor Kentos, chef de la police de Farah.
"Deux des assaillants ont été tués dans un échange de tirs avec les forces de sécurité. L'un d'eux résiste encore", avait alors poursuivi M. Kentos.
Les talibans ont d'abord justifié l'attentat sur leur site "Voice of Jihad" (la voix du jihad) en expliquant que "deux martyrs" avaient péri dans l'attaque contre "des bâtiments publics", dont "un département sécuritaire".
Puis leur porte-parole Yusuf Ahmadi a changé de version, affirmant dans un communiqué que ses hommes avaient mené l'offensive avant le "procès injuste" de "plusieurs prisonniers dont des moudjahidines" (combattants talibans) par les "autorités provinciales fantoches".
Les assaillants étaient divisés en "deux groupes", a-t-il narré. Dans un premier temps, "un héros s'est fait exploser dans une Ford Ranger (un 4X4 fourni par les Etats-Unis aux forces afghanes et strictement utilisé par ces dernières) remplie d'explosifs", a raconté le porte-parole taliban.
"Puis une attaque violente a été menée par un grand groupe de moudjahidines armés de grenades et de fusils, et portant des ceintures d'explosifs". Ils ont tué "35 personnes : juges, procureurs, soldats et policiers" et en ont blessé
"65 autres", a expliqué Yusuf Ahmadi selon qui "treize prisonniers ont pu s'échapper".
Malgré onze années de présence de la coalition de l'Otan, qui les a chassés du pouvoir, les talibans n'ont toujours pas été vaincus. Ils poursuivent leur guérilla contre les forces internationales et afghanes, principalement dans le sud et l'est du pays.
Farah est une province généralement calme, où la dernière attaque d'envergure avait eu lieu l'an dernier, quand des hommes déguisés en policiers afghans et portant des gilets d'explosifs avaient fait irruption dans un bâtiment gouvernemental et tué 7 personnes.
Les forces afghanes sont désormais les cibles prioritaires des rebelles, qui cherchent à discréditer Kaboul et à décourager d'éventuelles vocations.
Quelque 3.000 policiers et soldats afghans ont été tués entre mars 2012 et mars 2013, quasiment autant que de militaires de l'Otan ayant péri en Afghanistan depuis la fin 2001.
Mais les civils continuent à payer un lourd tribu à la guerre ravageant leur pays depuis plus de trois décennies. En six ans, quelque 15.000 d'entre eux sont morts du fait du conflit, dont environ 2.800 en 2012, d'après l'ONU.