23-11-2024 07:34 AM Jerusalem Timing

Prisonnier X : les baffes du recrutement du Mossad

Prisonnier X : les baffes du recrutement du Mossad

"Le document évoque une récente enquête du Mossad, interne et très confidentielle, ayant pour but de savoir comment les services de renseignement israéliens ont pour la première fois échoué en matière de diagnostic des recrus"

 

Dans son prochain numéro de Vendredi, le quotidien israélien Yediot Ahronot compte révéler le volume des répercussions de l’affaire du prisonnier X sur le Mossad qui a transparu  à travers les enquêtes qui ont suivi le suicide de l’agent du Mossad australien  Ben Ziyeger, a rapporté le quotidien libanais asSafir.

Le reportage a été rédigé par le spécialiste des questions sécuritaires du Yediot Ahronot, Ron Bergman. Ce dernier a déjà participé à la rédaction des enquêtes, dont une partie a été publiée  exclusivement par le quotidien allemand Der Spiegel, où les raisons de l'arrestation de Ben Ziyeger et les circonstances de son suicide ont été révélés au grand public.

Selon un résumé publié par le quotidien Mercredi,  « l’enquête de Ron Bergman se penche sur les résultats de l’enquête judiciaire qui remettent en question les aptitudes du Mossad dans le recrutement en général et non concernant l’affaire de Ziyeger exclusivement».

« Le document évoque une récente enquête du Mossad, interne et très confidentielle, ayant pour but de savoir comment les services de renseignement israéliens ont pour la première fois échou6 en matière de diagnostic des recrus ce qui a en soi constitue l’une des questions les plus embarrassantes dans l’histoire du renseignement israélien » écrit le journal.

L’enquête de  Yediot  ouvre le dossier de la  question du recrutement du  Mossad depuis l’envoi de Ben Ziyeger d’un fax au département de recrutement du Ministère de la Défense dans lequel il demande de se joindre aux rangs du Mossad, en passant par les quelques tests et  exercices qu’il a remplis, jusqu’aux sentiments de  frustration et d'amertume qui l’ont poussé  à s'impliquer dans une affaire qui a tourné en sa défaveur ».

Dans son rapport, « Bergman a réalisé une série d’entretiens avec un certain nombre d'officiers du renseignement, qui ont révélé pour la première fois les défauts de cette affaire qui s'est terminée par une véritable tragédie: l'homme du Mossad  qui est détenu en Israël sous le pseudonyme "d’idiot" s’est suicidé et les dégâts sur la sécurité sont difficiles à estimer compte tenu de leur ampleur ».

L'enquête indique que « le fax  des ressources humaines du ministère de la Défense imprimé en Février 2003 concerne le CV  d'un homme, un immigrant, avocat, issu d'une famille israélienne et qui avait toujours rêvé d'immigrer en Israël. Cet homme a servi dans l'armée israélienne dans une unité  au Liban où il a été  blessé pendant son service militaire. Sa demande a été transférée à l'appareil du Mossad et après un examen préliminaire, il est apparu que l’homme réunit les conditions favorables pour son recrutement. D'autant plus que Ziyeger a  passé  des tests psychologiques et de sécurité avec succès ».

Mais « le Mossad admet à haute voix que Ziyeger n’avait pas les qualités suffisantes pour servir au sein du Mossad,  par conséquent on ne peut que conclure  que les opérations de recrutement et d’entraînement ont échoué lamentablement dans son diagnostic, de même pour les tests de formation au sein du renseignement ».

Dans les récentes enquêtes, des voix se sont fait entendre  remettant en question les qualités de Ziyeger  à travailler pour le Mossad, comme par exemple, le témoignage de deux émissaires du kibboutz , Mishmar Haamq représentant  le mouvement Hashomer Hatzaïr à Melbourne dans les années 90.  Or, après l’eclatement de l'affaire dans les médias, les deux émissaires ont déclaré dans une interview au magazine «Kibboutz Gazit», qu'ils ont fait la connaissance avec Ziyeger et l’ont apprécié, mais ils ont constaté son instabilité surtout qu’il voyageait sans cesse entre  Israël et l’ Australie.

Par ailleurs, les collègues de Ben dans le cabinet du bureau de Herzog Fox-Neeman ont affirmé l’avoir entendu  répéter à plusieurs reprises qu’il allait travailler pour le Mossad. Or, de telles déclarations témoignent d’un manque de mérite à travailler dans les renseignements où la confidentialité représente la première qualité à avoir. Alors comment expliquer que Ziyger a réussi à passer  toutes les étapes de classification, sans que les feux rouges ne se soient allumées ??

L'enquête de Der Spiegel a souligné qu’après un an de travail au siège du Mossad, Ziyeger est retourné en Australie où il s’est inscrit à l’université  sous le nom de Ben Allen. A la fin de l'année universitaire, le Mossad a reçu des informations selon lesquelles des parties ennemies ont repéré un  homme du Mossad qui étudie à l'Université de Monash et qu’il était une cible potentielle.

La dernière enquête a montré que Ziyeger était la cause de cette fuite d’informations parce qu’il se vantait beaucoup devant différentes personnes qu’il était un homme du Mossad.

 Bref, "Ziyeger le déprimé, parlait beaucoup de lui, il a dit des choses vraies le concernant comme quoi il travaillait pour le Mossad contre l’Iran, mais aussi il a dit des choses fausses comme quoi il a été envoyé en mission en Iran et dans d'autres pays ennemies au Moyen-Orient", écrit Bergmann.

Une chose est sûre: l’affaire du détenu X ou de l’agent du Mossad « qui s’est suicidé » a  embarrassé le Mossad, mais les questions qui se posent : pourquoi cette affaire continue à faire couler beaucoup d’encre ? Pourquoi autant d’acharnement de la part du Mossad et des médias à faire des enquêtes et tirer des conclusions les plus contradictoires les unes des autres ? Pourquoi persister à dire que l’agent du Mossad était déprimé ? Et même si les qualités de recrutement du Mossad sont remises en question, « cet aveu » d’échec ne serait-il pas de la  poussière jetée dans les yeux pour cacher un plus grand scandale (et lequel) surtout que le Mossad affirme que cette enquête est secrète !?