Et le front al-Nosra s’impose de plus en plus au nord de la Syrie: une milice de l’ASL éliminée
La milice « Bataillon des Mouhajirines » (les Immigrés, en allusion aux Premier musulmans qui ont immigré avec le prophète Mohammad –s- de la Mecque a la Médine) comptant des miliciens jihadistes du Balkan ne lésine pas sur les objectifs de son combat en Syrie : Après la chute du régime nassirien (alaouite), c’est un régime islamiste qui y sera établi, et le jihad se poursuivra pour convertir les Syriens non sunnites à l'Islam.
« Nous ne leur dirons que ce que le prophète Mohammad, que la prière de Dieu soit sur lui a dit. "j’ai été ordonné de combattre les gens jusqu’à ce qu’ils disent Il n’est de Dieu que Dieu et Mohammad est le prophète de Dieu, ou comme il a dit "je suis venu vous égorger", la relation entre eux et nous, se limite au fait qu’ils doivent entrer dans la religion de Dieu sinon l’épée nous séparera », a a assuré l’un de ses dirigeants, présenté sous le surnom d’Abou Hamza al-Mouhajir, ( autre que celui tué en Irak en 2012) dans un entretien pour un site d’Al-Qaïda, l’Agence d’Information AlHaq ( AIH).
Sachant que l’attribution de ces citations au prophète de l’Islam est contestée par de nombreuses écoles islamiques qui refusent le principe de contrainte à la foi, en se basant sur les versets coraniques suivants : (Point de contrainte en religion) (et si Dieu avait voulu, tous les humains seraient croyants. Voudrais-tu les contraindre à l’être).
Jusqu'à la fin des temps
Plus encore, selon lui « le jihad se poursuivra jusqu’au jour de l’Insurrection, l’évolution des évènements dans le pays du Levant apporteront des imprévus, la terre du Levant a été accordée par Dieu au prophète Mohammad (s) et les anges y étalent leurs ailes dessus. ce n’a rien à voir avec l’expérience en Afghanistan, en Bosnie, ou en Tchétchénie, la terre du Levant est celle où le prophète Issa ( Jésus) va descendre, et c’est là où sortira le Dajjal, c’est la terre des épopées, c’est la terre de la résurrection, le prophète a cité plus de 50 hadiths sur elle », poursuit-il.
Interrogé sur le rôle que sa milice assumera après la chute éventuelle du régime syrien, il a répondu dans la même logique: « c’est le même rôle que nous assumons aujourd’hui, celui de réinstaurer la religion, avec un Coran qui guide, et une épée qui soutient ». Cette milice s'est fait remarquer par les massacres perpétrés contre des civils appartenant aux minorités musulmanes et chrétiennes.
Pour l’heure actuelle, le groupusule qui est particulièrement actif à Lattaquié et dans la montagne des Turcomans s’est unie aux autres groupuscules qui partagent avec elle les mêmes visions, dont le front al-Nosra, Ahrar esh-Sham, ainsi que les bataillons tchétchènes. Elles ont fondé ensemble un Conseil Choura des moudjahidines de la montagne des Turcomans, ainsi qu’une cellule d’action militaire dans la montagne des Kurdes et tentent de faire de même sur le littoral.
Elles tentent aussi de former dans cette région des tribunaux de législation islamique mais manque énormément de prédicateurs et de juges.
L’hégémonie d’al-Nosra s’impose au nord
Justement dans la province d’Alep, le conflit entre les miliciens a finalement été tranché en faveur des jihadistes d’Al-Qaïda. Avec l’accord tacite du commandement de l’Armée syrienne libre qui laisse faire la milice jihadiste pour se débarrasser de ses milices indociles.
Selon Arabi-Press et plusieurs sites syriens, le front al-Nosra et Ahrar esh-Sham sont parvenus à éliminer la milice d’al-Farouk dans les villes de Manbaj et d'Al-bab, et d’arrêter son leader surnommé al-Prince.
Les combats qui avaient éclaté maintes fois ont repris mardi dernier, lorsque le front al-Nosra a capturé Abou Khaldoune, un de ses membres. Des RPG et des antiaériens ont été utilisés, faisant 7 morts.
Par la suite, des appels à la mobilisation ont été lancés dans les régions, alors que deux miliciens des Ahrar esh-Sham ont été kidnappés, puis relâchés avant d’être exécutés. Dans la ville de Manbaj, trois personnes ont été tuées dans le chaos qui s’en est suivi, dont un enfant. Après une heure d’accalmie, les renforts du front al-Nosra étaient arrivés, et la nouvelle de l’arrestation du commandant de la milice al-Farouk, al-Prince et de son assistant Hassan Aouni, après les avoir blessés, s’est propagée.
Un communiqué a été publié par le tribunal de la législation (instance a caractère judiciaire établi par al-Nosra) de Manbaj dans lequel il a signalé que les criminels, (sans préciser leur identité), seront jugés, assurant qu’il n’existe aucun conflit entre les bataillons et l’ASL, omettant toute allusion au front al-Nosra.
Le jour même, un communiqué a été distribué dans la ville signalant que la fortune d’al-Prince s’élève à trois cent millions de livres syriennes, dont 50 millions qu’il avait extorqués au propriétaire d’une caserne à Tel Abiad en échange de la libération de son fils. 50 miliciens d’al-Farouk ont été arrêtés, dans une campagne de perquisitions menée par le front al-Nosra à Manbaj.
Ce jeudi une manifestation a été organisée devant le bureau du tribunal de législation pour protester contre ces arrestations.
Dans un entretien pour Arabi-Press, contrairement à son commandement, un dirigeant sur place de l’ASL, Ahmad Al-Manbaji n’a pas caché son mécontentement et ses craintes : « nous sommes face à une nouvelle vague de liquidations internes effectuées par le front al-Nosra, dans le but de s’accaparer le pouvoir et la force militaire, sachant qu’elle ne fait confiance qu’é elle-même, car elle son propre agenda qui s’inscrit dans le cadre de celui d’Al-Qaïda, qui ne peut que vivre dans le chaos , les destructions et la mort », a-t-il confié.
Il est vrai que ces mesure interviennent après les combats qui ont eu lieu mercredi également dans la province d’Alep, a proximité de Noubbal et Zahra (deux localités chiites assiégées) au cours desquels un autre chef de milice, Ahmad al-Afash a été blessé et emmené en Turquie. Sans oublier, la tentative d’assassinat du chef de l’ASL, Riad Al-Assaad qui a été amputé de la jambe.
Combats fratricides pour l’or noir
Des combats inter milices ont aussi lieu dans la région de Deir Ezzor, riche en pétrole et sur fond de pillage de pétrole. Selon des images vidéos amateurs diffusées sur la Toile, le village Moussarrab a été le théâtre d’une confrontation entre des miliciens du front al-Nosra venus en catimini en camion-citerne pour dérober du pétrole et les tribus du village.
Selon la télévision Al-Mayadine, il y a eu 4 tués, tous d’al-Nosra, dont leur chef militaire de nationalité saoudienne qui s’appelle Kassoura.
Depuis, les miliciens d’al-Nosra ont été contraints à quitter le village, mais ils se préparent à y retourner, avec des renforts. Une nouvelle vague de confrontation devraient avoir lieu prochainement.
la semaine passée, trois puits de pétrole avaient été incendiés par les miliciens.
Des tirs pour des voitures
C’est aussi sur fond de pillage que deux miliciens se sont tirés dessus dans le quartier cheikh Maksoud à l’est d’Alep, investi par les miliciens depuis la semaine passée.
Un des habitants du quartier, cité par Arabi-Press, a dit a voir été témoin d'un échange de tirs entre deux miliciens jihadiste, qui se disputaient une voiture, chacaun d'eux prétendant avoir avoir été le premier à prononcer le « takbir » sur le véhicule d’un habitant, prise comme butin.
Un autre habitant a pour sa part relaté pour le site avoir payé la somme de 100.000 livres syriennes, pour restituer sa voiture, l’objet d’un « takbir » qui est le signe de sa confiscation par les miliciens. Ces derniers s’estiment en droit de s’accaparer tous les biens des quartiers qu’ils investissement. Et ce n’est qu’après avoir perdu leurs biens que les personnes lésées ont le droit de porter plainte auprès de l’émir pour les restituer. Ce qui n’est toujours le cas.
Raqqa : torturé par le tribunal de législation
Dans la ville de Raqqa, prise par les miliciens depuis le début du mois de mars dernier, il est de plus en plus questions des exactions du tribunal de législation imposé aux habitants pour régler ses litiges.
Suspecté d’avoir violé une jeune fille, un jeune homme a été torturé et battu violemment, avant que la victime ne déclare son innocence. Dans une vidéo, le jeune raconte avoir subi les sévices avant que l’interrogatoire de la fille ne soit achevée. Selon le site Syria Truth,, site de l’opposition syrienne, hostile aussi bien au régime syrien qu’à l’insurrection, c’est la preuve que l’ordre imposé par les insurgés n’a rien à envier à celui qui régissait dans le passé.