Les chrétiens mélangent les cartes. Pas de candidatures sur la base de la loi de 1960.
Des sources bien informées ont rapporté que le président de la République, Michel Sleiman, a été choqué par les résultats de la réunion interchrétienne de Bkerké, mercredi soir, surtout qu’il n’avait pas été tenu au courant des résolutions qui y seraient prises, appelant au boycott de tout scrutin qui serait organisé sur la base de la loi de 1960.
M. Sleiman a été d’autant plus surpris qu’il est allé jusqu’au bout dans la bataille visant à imposer la loi de 1960.
Le président sera encore plus coincé lorsque, conformément aux décisions de la réunion de Bkerké, les partis chrétiens examineront avec lui les procédures pour suspendre le processus de dépôt des candidatures.
Les chrétiens mélangent les cartes
Les principaux partis chrétiens (Courant patriotique libre, Forces libanaises, Courant des Marada et Kataëb) ont donné le coup de grâce à la loi 1960 en annonçant leur refus de participer à des élections législatives qui seraient organisées sur la base de cette législation.
Réunis sous l’égide du patriarche maronite Béchara Raï, les partis chrétiens ont décide de ne présenter aucun candidature et ont appelé le ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, invité en soirée au siège patriarcal, à trouver un moyen pour suspendre le processus de dépôt des candidatures.
Affirmant que légalement il ne pouvait pas bloquer ce processus, M. Charbel a déclaré, jeudi, qu’il est impossible d’«organiser des élections s’il n’y a pas de consensus».
Il a ajouté que seuls 16 candidats ont présenté leur dossier au ministère de l’Intérieur, à cinq jours de la fin du délai, le 10 avril. Le ministre a indiqué qu’il adressera sous peu une lettre au président de la République Michel Sleiman, au Premier ministre démissionnaire Najib Mikati et au président de la Chambre Nabih Berry pour leur annoncer le report des élections législatives prévues en juin.
Ouvrant la voie à un projet de loi électorale consensuel, les représentants des partis chrétiens ont suspendu leur soutien au projet orthodoxe (chaque communauté élit ses propres députés), qui bénéficiait de leur soutien mais qui est rejeté par le Courant du futur et le Parti socialiste progressiste.
La réunion de Berké a appelé à l’élaboration d’une nouvelle loi juste et équitable qui jouirait du soutien de toutes les parties libanaises dans un délai raisonnable, quitte à reporter les élections pour une période limitée, pour des «raisons techniques».
Le communiqué publié à l’issue de la réunion indique que «la loi de 1960 consacre l’injustice à l’encontre des chrétiens, ce qui a déjà été rejeté par la majorité des composantes libanaises».
Des sources politiques citées par la presse libanaise indiquent que les partis chrétiens se seraient engagés à convaincre leurs alliés respectifs de ne pas présenter de candidats sur base de la loi de 1960. Le Hezbollah avait déjà annoncé qu’il ne participerait pas aux élections si le général Michel refusait d’y prendre part.
Sur le plan gouvernemental, le 8-Mars et le CPL ont intensifié leurs contacts pour tenter d’unifier leur position.
Une réunion a eu lieu hier à Aïn el-Tiné autour du président Nabih Berry, en présence du leader des Marada Sleiman Frangié, du ministre de l’Énergie Gebran Bassil, du député du Tachnag ainsi que du secrétaire général de ce parti, MM. Hagop Pakradounian et Hovig Mékhitarian, du conseiller de Hassan Nasrallah, Hussein Khalil, et du ministre de la Santé Ali Hassan Khalil. M. Bassil a qualifié de «positive» l’ambiance de la réunion.
Entre-temps, le 14-Mars a annoncé le nom de son candidat à la tête du nouveau gouvernement, qui sera probablement le député de Beyrouth, Tammam Salam.
Le député Samir Jisr a indiqué que le candidat «sera capable de superviser les élections législatives et est considérée comme étant neutre». Il a souligné qu’il est «possible de s’entendre avec le 8-Mars sur une même personnalité neutre».
Al Akhbar+ Mediarama