Un procureur turc a requis la prison à vie contre ces officiers, qui ont refusé de comparaître devant le tribunal turc.
Les militants pro-palestiniens qui ont porté plainte en Turquie contre Israël pour l'assaut meurtrier contre le navire-amiral d'une flottille humanitaire à destination de Gaza en 2010 ont affirmé lundi qu'ils maintenaient leurs poursuites, malgré les récentes excuses présumées présentées par l’entité sioniste.
"Nous ne discuterons pas d'éventuels dommages et intérêts ni ne renoncerons au procès tant que le blocus de Gaza ne sera pas levé", a déclaré lors d'une conférence de presse Musa Cogas, un des militants qui avait embarqué à bord du Mavi Marmara.
A l'initiative du président américain Barack Obama, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dit avoir présenté il y a quinze jours à la Turquie les excuses de son « pays » pour l'assaut contre ce navire, qui s'était soldé par la mort de neuf militants turcs.
Des discussions sur le versement de dommages et intérêts aux familles des victimes turques devraient débuter jeudi.
"Ces excuses ont une signification diplomatique mais ne changent rien pour nous (...) mais il est important d'entendre Israël confesser ses crimes", a jugé lundi Ahmet Varol, éditorialiste du quotidien islamique Akit, qui se trouvait à bord du navire pris d'assaut par les troupes israéliennes.
"La flottille avait appareillé pour que l'embargo qui frappe Gaza et son blocus soient levés, nous n'en sommes clairement pas encore là", a ajouté Varol.
Saisi sur plainte des victimes de l'assaut, un tribunal d'Istanbul a ouvert en novembre dernier un procès contre quatre ex-responsables de l'armée israélienne.
Un procureur turc a requis la prison à vie contre ces officiers, qui ont refusé de comparaître devant le tribunal turc, l'ex-chef d'état-major de l'armée israélienne Gabi Ashkenazi, les ex-chefs de la marine et de l'aviation, Eliezer Alfred Marom et Avishai Levi, et l'ex-chef des services secrets Amos Yadlin.
L'acte d'accusation reproche aux soldats israéliens d'avoir fait un usage disproportionné de la force contre les militants turcs. En septembre 2011, le rapport Palmer de l'ONU avait jugé "excessive" leur intervention, mais avait considéré comme « légal » le blocus imposé par Israël à la bande de Gaza.
Cette procédure a été dénoncée comme un "procès spectacle" par Israël. Les autorités turques ont laissé entendre que l'éventuelle indemnisation des victimes pourrait entraîner la levée des poursuites judiciaires mais les militants pro-palestiniens l'ont exclu jusqu'à ce que "la justice soit rendue".
Interrogé par l'AFP, un des avocats des familles des victimes, Ugur Yildirim, a précisé que le versement de dommages et intérêts n'entraînerait pas la levée des poursuites pénales engagées contre les responsables israéliens.
"Mais il y a environ 40 dossiers distincts d'indemnisation qui pourraient être soldés par une telle compensation", a-t-il indiqué.
Selon Yildirim, les victimes du Mavi Marmara réclament une enveloppe d'environ 10 millions de livres turques (près de 4,5 millions d'euros) de dommages et intérêts.
Les deux prochaines audiences du procès ont été fixées les 20 et 21 mai prochains. Près de 500 témoins, dont une cinquantaine d'étrangers, ont demandé à déposer devant le tribunal d'Istanbul.