une source rabbinique interprète ses plagiats au motif tout simple qu’il a "insuffisamment forgé sa propre pensée, ses emprunts traduisent une faiblesse".
Le Grand rabbin de France, Gilles Bernheim, qui a écarté toute démission après avoir reconnu des plagiats et menti sur un diplôme d'agrégé de philosophie jamais obtenu, est jeudi au centre d'un conseil exceptionnel du Consistoire israélite qui a la capacité statutaire de le démettre de son poste.
Quelque 25 présidents de communautés représentant les provinces consistoriales, selon l'avocat Elie Korchia, vice-président du Consistoire de Paris, se réuniront à partir de midi à Paris pour débattre de l'affaire qui depuis huit jours défraye la chronique en France ainsi qu'en Israël.
Démissionner sur une "initiative personnelle relèverait d'une désertion", a déclaré mardi soir après un long silence le Grand rabbin sur Radio Shalom.
Gilles Bernheim, 60 ans, élu au grand rabbinat de France en 2008, avait ajouté être "solide" et dénoncé "les menaces" qui "ont pour finalité d'exercer une forme de violence et de casser la personne".
Les statuts du Consistoire permettent de démettre un Grand rabbin, même si cette possibilité n'a jamais été utilisée.
Certaines sources, au sein du Consistoire, espéraient mercredi ne pas avoir à s'en servir, s'en remettant à une décision personnelle du Grand rabbin.
Illustration du malaise engendré par son argumentaire, son porte-parole, le rabbin Moché Lewin, a annoncé mercredi à l'AFP sa décision de mettre un terme immédiat à ses fonctions.
Après les avoir niés, Gilles Bernheim a reconnu plusieurs plagiats, qu'il a qualifiés d'"emprunts", dans ses ouvrages "Quarante méditations juives" (2011), édité chez Stock, "Le souci des autres au fondement de la loi juive" (2002) et dans son essai contre le mariage pour tous, intitulé "Mariage homosexuel, homoparentalité, et adoption: ce que l'on oublie souvent de dire".
En décembre, Benoît XVI avait cité ce dernier essai. En 2008, Gilles Bernheim avait également publié "Le Rabbin et le cardinal", également chez Stock, avec le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon.
Une communauté divisée sur le sort du rabbin
Dans son acte de contrition mardi, le Grand rabbin a aussi avoué n'avoir pas obtenu l'agrégation de philosophie, contrairement à ce qui est indiqué sur plusieurs notices biographiques, notamment celle du Who's Who, expliquant avoir "laissé dire" ce mensonge à la suite d'un "événement tragique" dans sa vie.
Il n'a toutefois pas précisé quel évènement avait pu le conduire à un tel mensonge.
Forte de 600.000 personnes, soit la plus grande d'Europe, la communauté juive française se montre très partagée depuis plusieurs semaines sur l'avenir du Grand rabbin, comme en témoignent les échanges sur les réseaux sociaux.
Certains plaident pour un soutien inconditionnel tandis que d'autres appellent à sa démission.
A en croire le quotidien Libération, deux personnalités de poids de cette communauté, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Richard Prasquier, et le président du Consistoire central, Joël Mergui, n'auraient pas honoré mardi une invitation de Gilles Bernheim à entendre ses explications.
Selon une source rabbinique qui souhaite garder l'anonymat, Gilles Bernheim, jusqu'ici réputé pour ses hauteurs de vue et ses positions éthiques et philosophiques, "a insuffisamment forgé sa propre pensée, ses emprunts traduisent une faiblesse".
"En outre, on s'aperçoit qu'on le connaît très mal", ajoute cette source. "Il est en fait totalement imprévisible. Nul ne sait ce qu'il va faire".