27-11-2024 04:23 AM Jerusalem Timing

Dar el-Fatwa: le Mufti nomme un nouveau conseil chérié au grand dam du 14 Mars

Dar el-Fatwa: le Mufti nomme un nouveau conseil chérié au grand dam du 14 Mars

La bataille bat son plein au sein de la plus haute instance religieuse sunnite entre les sunnites du bloc du 14 mars et le mufti de la république.

Dar el-Fatwa, la plus instance religieuse sunnite, a réussi  sous la direction du  mufti de la République, cheikh Mohammad Rachid Kabbani, à tenir  des élections pour nommer un nouveau Conseil chérié au grand dam des sunnites du bloc du 14 Mars  qui contestent ce scrutin.

En effet,  cheikh Mohammad Rachid Kabbani, a convoqué  le corps électoral de Dar el-Fatwa pour l’élection d’un nouveau Conseil supérieur chérié..

"Les élections au sein du Conseil supérieur chérié pour les postes-clés ont eu lieu sur la base des dispositions de la loi de 1955. Les membres ont été élus par acclamation à Beyrouth et dans les différentes circonscriptions libanaises", a indiqué le mufti.

Et de souligner :« ces élections sont légitimes à 100 % ».

Cheikh Kabbani a rappelé, en dépit des différends politiques à Dar el-Fatwa avec  les sunnites du bloc du 14 Mars , que "le mandat du Conseil chérié a expiré depuis trois ans et le problème de la prolongation s'est étendu sur 4 ans".

« Il n’y aura plus de conflit au sein du Conseil », a-t-il assuré, précisant que « les candidats de Beyrouth, Saïda, Hasbaya, Akkar et du Mont-Liban ont été élus d’office ».

«Les élections sont toujours en cours dans la Békaa et à Tripoli », a-t-il ajouté.

Vendredi, le dignitaire sunnite avait critiqué l’avis du Conseil d’État, affirmant qu’il revient au mufti de la République d’appeler à la tenue de ces élections « conformément aux dispositions du décret 181955 ».

Cheikh Kabbani a également démenti vouloir renouveler son mandat, affirmant qu’il ne compte pas rester à son poste « une minute de plus ». « Ces accusations visent à tromper l’opinion publique », a-t-il ajouté.

Le Conseil d’État reproche au mufti d’avoir procédé à des nominations de son propre chef, au fil des années, dans l’intention d’obtenir une majorité qui serait en faveur de son maintien à vie dans ses fonctions une fois élu un nouveau Conseil supérieur chérié qui lui serait favorable.

À l’issue des élections, qui ont suscité un tollé parmi certaines figures sunnites, notamment certains  anciens Premiers ministres et plusieurs membres de l’actuel Conseil, le mufti a affirmé qu’il « tend sa main à tout le monde », car, a-t-il dit, de « sérieux dangers menacent le Liban et la région, le Liban surtout ».

Et d’insister : « Nous ne sommes contre personne. Nous ne sommes pas partisans (...) et nous ne faisons la compétition à personne. Ce sont les autres qui se considèrent comme des concurrents », a-t-il dit. Puis, revenant sur ce qu’il considère être des élections « légales », il a déclaré : « C’est d’ici que naît la légalité de Dar el-Fatwa. »

Prié de dire si les raisons de ce conflit sont politiques, il a répondu positivement, soulignant que personnellement, il n’a pas de considérations politiques.

«Toutefois, certains voient les choses sous l’angle de leurs intérêts et selon leurs desiderata », a-t-il ajouté, saluant la présence aux élections de l’ancien chef de gouvernement Sélim Hoss.

Commentant l’avis émis par le Conseil d’État, il a affirmé qu’il « n’est tenu d’écouter personne », rappelant que ce sont ses opposants qui sont attachés à l’avis de cette instance. « Le Conseil d’État n’a fait qu’émettre un avis, mais il n’a pas encore pris sa décision (...). D’ailleurs, ses décisions ne s’appliquent pas à nous. Nous sommes en faveur de la loi. Mais la loi émane d’ici, de chez nous », a-t-il conclu.

Les associations beyrouthines ont déclaré que ces élections « sont bel et bien légales et constitutionnelles. Elles constituent un pas important en direction de la levée de la mainmise politique sur les institutions religieuses, notamment Dar el-Fatwa. Il s’agit là d’une véritable défaite pour les forces laïques qui cherchent à étendre leur hégémonie sur Dar el-Fatwa afin de changer son identité et son rôle au sein de la société musulmane en l’acheminant vers des horizons inconnus », précise le communiqué qui accuse l’ancien chef de gouvernement Fouad Siniora de conduire ce mouvement.