Le président du Courant du futur, Fouad Siniora, semble lui-même former le cabinet de Salam
Ces deux derniers jours, le Premier ministre désigné, Tammam Salam, s’est employé à rectifier les erreurs qu’il a commises la semaine dernière, la plus grave étant la formule du gouvernement de technocrates de 14 membres qu’il a proposée au président Michel Sleiman. Il a dépêché des médiateurs qui ont fait des va et vient auprès de personnalités influentes du 8-Mars pour démentir cette information, assurant qu’il n’avait fait qu’évoquer, avec le chef de l’Etat, les contours du futur gouvernement.
Cependant, dans les couloirs du Palais de Baabda, les détails de la visite de Salam sont maintenant connus. Lorsqu’il a soumis au président Sleiman sa formule des «14», ce dernier lui a demandé s’il s’était concerté au sujet des noms des ministres avec les parties politiques qui composent le gouvernement. Le Premier ministre désigné à répondu par la négative. «En avez-vous parlé au moins avec mon allié Walid Joumblatt», a ajouté M. Sleiman. M. Salam a soulevé les épaules pour dire non. Le chef de l’Etat lui a alors conseillé d’attendre.
Le président est ensuite entré en contact avec M. Joumblatt qui lui a envoyé le ministre Waël Abou Faour. Quand ce dernier a lu les noms des membres du gouvernement de Salam, il a dit: «C’est un projet de guerre civile».
M. Sleiman est alors entré en contact avec le Premier ministre désigné pour l’informer qu’il ne signerait pas le décret de formation de son gouvernement car la formule pourrait provoquer une discorde dans le pays. «Vous avez besoin de temps que vous devez dépenser dans les contacts avec toutes les forces politiques pour réussir à former un gouvernement viable», lui a-t-il conseillé.
Après les réponses de Sleiman et la position de Joumblatt, M. Salam a décidé de consacrer la journée de samedi à la réflexion. Un conseil lui est parvenu de faire appel au président de la Chambre, Nabih Berry, et ce contact a permis de tenir une première réunion entre M. Salam et des représentants du 8-Mars. Des milieux informés parlent de zéro résultat après ces contacts, d’autres évoquent «un peu plus que zéro». Mais le seul fait que M. Salam se soit laissé convaincre de la nécessité de prendre le chemin de la concertation pour former son gouvernement contribue à détendre le climat, après qu’il eut décidé de ne parler à personne, au sein du 8-Mars et du 14-Mars, à l’exception du président du Courant du futur, Fouad Siniora, qui semble lui-même former le cabinet de Salam. D’ailleurs, certains lui ont conseillé de parler directement à Saad Hariri et non pas à son représentant au Liban.
Nasser Charara, journaliste libanais proche du 8-Mars
Source : AlAkhbar-Médiarama+