Tripoli promet de résister contre toute mission étrangère à Misrata. Le coût de l’intervention en Libye a atteint 608 millions de dollars, selon le Pentagone.
La rébellion libyenne a rejeté lundi à Benghazi (est) le cessez-le-feu proposé par l'Union africaine (UA), expliquant qu'elle refuserait toute médiation ne prévoyant pas un départ immédiat de Mouammar Kadhafi.
"L'initiative qui a été présentée aujourd'hui est dépassée. Le peuple réclame le départ de Mouammar Kadhafi et de ses fils", a déclaré le chef du Conseil national de transition (CNT), Moustapha Abdeljalil, lors d'une conférence de presse après une rencontre avec les médiateurs africains.
"Toute initiative ne tenant pas compte de cette demande n'est pas digne de considération", a-t-il insisté.
La "feuille de route" de l’UA prévoyait la cessation immédiate des hostilités, un acheminement de l'aide humanitaire et le lancement d'un dialogue en vue d'une transition, mais pas le départ immédiat du colonel au pouvoir depuis plus de 40 ans et confronté depuis mi-février à une rébellion.
Accueillis à Benghazi par des milliers de personnes scandant "Va-t'en Kadhafi", les présidents africains sont repartis dans l’après-midi de lundi pour Alger, où ils sont arrivés dans la soirée.
Seif al-Islam: parler du départ de Kadhafi est ridicule
Seif al-Islam, fils de Mouammar Kadhafi, a prévenu que "parler du départ" de son père était "vraiment ridicule" même s'il a concédé que le pays avait
besoin de "sang neuf", lors d'une interview accordée ce week-end à la télévision française BFMTV et diffusée lundi.
L'Otan ne joue pas suffisamment son rôle, selon la France
Le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, a affirmé mardi que l'Otan ne jouait "pas suffisamment" son rôle en Libye pour neutraliser les armes lourdes des forces de Mouammar Kadhafi et protéger les populations civiles.
Interrogé pour savoir si ce n'était pas le cas aujourd'hui, il a répondu: "Pas suffisamment". "Et nous le dirons aujourd'hui à Luxembourg" lors d'une réunion ministérielle de l'Union européenne "et jeudi et vendredi devant le Conseil de l'Atlantique Nord à Berlin", qui réunira aussi les ministres des Affaires étrangères des pays membres, a ajouté Alain Juppé.
Dans ce contexte, le chef d'état-major de l'armée de l'air française, le général Jean-Paul Palomeros, a dit s'attendre à "des opérations de longue durée".
Le coût de l'intervention en Libye atteint 608 millions de dollars
La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a réaffirmé lundi que Kadhafi devait partir. Selon un responsable du Pentagone, l'intervention militaire en Libye a déjà coûté plus de 608 millions de dollars à l'armée américaine.
Cette estimation couvre la période allant du début des frappes aériennes internationales dans le pays, le 19 mars, jusqu'au 4 avril, a précisé à des journalistes un responsable du Pentagone sous couvert de l'anonymat.
Tripoli promet de résister contre toute mission étrangère à Misrata
Sur le terrain, les rebelles ont repris lundi la ville d'Ajdabiya (est), noeud de communications à 160 km au sud de Benghazi, au terme de violents combats qui ont fait au moins depuis samedi une cinquantaine de morts, principalement des membres des forces gouvernementales tués par des frappes de l'Otan.
Dimanche, les hôpitaux de Benghazi avaient annoncé avoir reçu douze morts, dont au moins neuf
rebelles, victimes des combats à Ajdabiya.
L'Otan, qui avait qualifié dimanche de "désespérée" la situation des civils à Ajdabiya et à Misrata, bastion rebelle dans l'ouest bombardé depuis des semaines par les pro-Kadhafi, a annoncé maintenir la pression après avoir détruit depuis samedi 49 chars, 9 véhicules de transport blindés, trois batteries antiaériennes et quatre grands dépôts de munitions, essentiellement
autour de ces deux villes.
Selon l'Alliance, les pro-Kadhafi continuent de masser des chars et des blindés autour et dans Misrata. Tôt dimanche matin, ils ont bombardé la ville pendant plus de 30 minutes.
Alors que la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a assuré vendredi que l'UE était "disposée à agir" par tous les moyens, "y compris militaires", pour soutenir les 300.000 habitants de Misrata sur le plan humanitaire, Tripoli a menacé lundi de repousser par les armes une aide à Misrata.
"Toute approche des territoires libyens sous couvert de mission humanitaire (fera) face à une résistance violente inattendue du peuple armé", a annoncé le ministère libyen des Affaires étrangères, précisant qu'il n'accepterait d'aide que des Croix et Croissant rouges.
"Le million de Libyens qui ont pris des armes depuis le début de l'agression colonialiste croisée sur la Libye est prêt à défendre Misrata", a ajouté le ministère.
La Libye risque de devenir "une nouvelle Somalie
L'ancien chef de la diplomatie libyenne Moussa Koussa, réfugié en Grande-Bretagne, a prévenu lundi à la BBC que la Libye pourrait devenir "une nouvelle Somalie" si le conflit se prolongeait, soulignant que "l'unité de la Libye est essentielle à toute solution et à tout règlement" du conflit.